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Critique

LIGHTER (THE)

publié le

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Elle chante seule tout près du micro avec une guitare acoustique qui est véritablement sa seconde voix, sa deuxième peau. Un instrument chaud, simple et profond sur lequel la chanteuse peut compter, car cette guitare, bien que dépouillée, ramenée à quelques accords, est de celles qui fidèlement expriment le cœur et le tempérament de l’artiste. Elle l’a au corps comme l’aurait un bluesman. Elle la déglingue parfois comme un Lou Reed, « Lit ». Elle use de rares effets, un peu de reverb sur l’avant-blues « stovepipe »…  Les cordes et le bois sont ici des matériaux nobles, humains et malléables solidement liés à l’entière Joanne Robertson. Et c’est aussi au preneur de son, musicien du groupe The Flying Lizards , David Cunningham, que l’on doit d’avoir su capter cet amalgame spontané, cet instant de grâce, de tendresse, de fébrilité, d’espérance et de blues.   

Chansons à cœur ouvert, certes, une fois de plus. Et dans la profusion ces dernières années des chanteuses néo-folk talentueuses, de Cat Power à Scout Niblett, il est difficile de se démarquer.

Je pense sincèrement que Joanne Robertson y parvient, allumant chez les personnes réceptives, cette flamme intérieure que réclament au jour le jour nos chairs malmenées. Cependant comme dans ses propres peintures à l’huile que l’on peut visiter sur le net, la forme simplifiée, inachevée dissimule une profondeur qui apparaît progressivement. La naïveté n’est qu’apparente et si l’intuition guide Joanne Robertson dans ses différents modes d’expression, c’est parfois vers les petits psychodrames de la vie qu’elle nous emmène.    

Plus que la guitare, malgré tout, c’est évidemment la voix, le ton et les chansons qui sont déterminants pour briller au dessus de la mêlée. Elle n’est pas la première sans doute à jouer de cet abandon velvetien, de cette aptitude à voir à travers les pierres et les fleurs comme la chanteuse Nico, mais ces références ne doivent pas nous masquer l’essentiel, elle n’en reste pas à ses modèles, elle est franche, elle laisse sortir sa propre nature et aligne une douzaine de chansons dont je n’arrive plus, à force de les réécouter, à en rejeter une moins authentique. Une petite difficulté : les textes de forme poétique assez libre, non transcrits dans cette édition minimaliste du label Textile, mériteraient pour mieux nous atteindre, une retranscription. Dans une autre vie, Joanne Robertson a écrit des contes pour enfants, notamment « Sea Witches » paru en 1992.

Oublions les comparaisons, je ne sais si Joanne Robertson, londonienne née à Manchester en 1979, sera capable de poursuivre sur cette voie, mais l’album qu’elle nous sert n’est pas près de s’éteindre.

Pierre-Charles Offergeld

 

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