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Critique

DOUBT

publié le

Doutes, retenue et discrétion

 

 

 

Doutes, retenue et discrétion

Dix-neuf courtes pièces quasi liturgiques par le compositeur fétiche de David Cronenberg…

Pour l’adaptation cinématographique de sa pièce Doubt (prix Pulitzer 2005), le metteur en scène et dramaturge John Patrick Shanley a rassemblé un casting de haut vol: outre Meryl Streep et Philip Seymour Hoffman, le compositeur Howard Shore s’est associé au projet avec une bande originale sobre, classique et néanmoins bigrement efficace.

C’est que depuis ses débuts en tant que chef d’orchestre à l’émission «Saturday Night Live» en 1975, le compositeur canadien s’est fait un joli nom dans le septième art. Sa collaboration la plus marquante est sans doute celle avec son compatriote David Cronenberg. Leur association vieille de trente ans donna naissance à de nombreux classiques du cinéma fantastique, dans lesquels Howard Shore sut épouser les images du cinéaste avec retenue et discrétion. Avec très peu de moyens, les deux hommes parvinrent pourtant à marquer durablement leur époque: les cinéphiles se souviendront entre autres de Naked Lunch et de Crash, où le compositeur laisse libre cours à ses influences jazz et rock, bouclant ainsi une boucle puisqu’il commença sa carrière de musicien professionnel en tant que saxophoniste au sein du groupe Lighthouse, big band « swing rock » qui parvint mine de rien à remplir Carnegie Hall en 1972.

Après ses débuts auprès de Cronenberg, Howard Shore fut rapidement demandé par les grands studios et réalisateurs. Ainsi, il composa les musiques originales pour Le Silence des Agneaux (1991) et Philadelphia (1993) de Jonathan Demme, Ed Wood de Tim Burton (1994), Seven (1995) et The Game (1997) de David Fincher, mais aussi et surtout de la trilogie du Seigneur des Anneaux (2001, 2002 et 2003) qui lui fit remporter trois Oscars (meilleure musique originale pour La Communauté de l’Anneau en 2002, ainsi que meilleure musique originale et meilleure chanson originale pour Le retour du Roi en 2004).

Avec Doubt, il s’éloigne des orchestrations grandiloquentes pour signer une partition tout en pudeur, à l’image du film. Celui-ci se penche sur une école du Bronx qui, en 1964, vient d’accepter son premier élève afro-américain. Sœur Aloysius Beauvier (Meryl Streep) soupçonne Père Flynn, prêtre charismatique (Philip Seymour Hoffman), de s’intéresser d’un peu trop près à son jeune élève…

Jouant davantage sur la finesse de l’interprétation et la psychologie des personnages, le réalisateur John Patrick Shanley ne tombe pas dans le piège du sensationnalisme. Cette retenue est largement soulignée par les compositions de Howard Shore qui préfère lui aussi l’introspection aux grandes effusions. Ses dix-neuf courts titres quasi liturgiques s’écoutent avec plaisir, prouvant une fois de plus sa grande souplesse. Capable de passer du jazz le plus « free » aux pièces les plus classiques, Howard Shore continue, avec chaque nouvelle composition, d’étonner ses auditeurs.

Catherine Thieron

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