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Critique

MUSIQUE BRUT COLLECTION - THE INSECT MUSICIANS - NECROPOLIS,

publié le

Le Centre de prêt de Liège et les Ateliers d'art et d'essais de

 

Le Centre de prêt de Liège et les Ateliers d'art et d'essais de L'An Vert (rue Mathieu Polain, 4 à 4020 Liège) entretiennent une collaboration consistant, entre autres, à mettre en valeur les collections de la Médiathèque en regard de la programmation de concerts et de films réalisée au sein de cette asbl. Dans ce cadre, nous proposons de lever le voile sur un bon album oublié.
Il s'agit pour l'occasion d'œuvres d'un prolifique compositeur de musiques de film ( The Crow, Human Nature, The Craft, Out of Time… ), musicien néo-zélandais, parcourant l'Europe et les É tats-Unis, fondateur en 1978 du groupe de performance musicale SPK.
La musique de cet album a été proposée au ciné-club de L'An Vert, en introduction à la projection -   en présence du réalisateur - du documentaire de Benoît Dervaux : La Devinière (expérience positive et inédite en psychothérapie dans une maison « encadrée » de la région de Charleroi où depuis 1976 des enfants « fous » rejetés de toute autre institution vivent librement leur folie).
Les six dernières plages du CD sont des interprétations par Graeme Revell de compositions de l'artiste suisse Adolf Wölfli, enfermé plus de vingt ans en cellule psychiatrique fin du XIX e siècle. Extrêmement prolifique (dessin, collage, poésie sonore, composition musicale), Wölfli retranscrit les visions et hallucinations qui s'imposent à lui. Ses œuvres révèlent un processus créatif riche, coloré, mouvementé, visionnaire et demeuré partiellement mystérieux pour l'interprète, l'auditeur ou le spectateur. Selon Roland Barthes, Wölfli crée une mythologie individuelle dont le sens dépasse les aspects intelligibles ou irrationnels et tend parfois à la « vérité métaphysique ». Pour s'en convaincre, il suffit de se laisser imprégner par la musique et de jeter un œil sur les illustrations du livret accompagnant le disque.
Les dix premières compositions du CD sont de Graeme Revell lui-même et reposent sur une tradition japonaise et chinoise consistant à mettre en cage et en scène des insectes musiciens, à l'origine pour stimuler l'inspiration poétique à la cour de l'Empereur. La musique d'une trentaine d'insectes différents (Europe, Australie, Indonésie, Afrique, Amérique) s'intègre de toutes les façons (naturelle, samplée, digitalisée, métamorphosée…) aux compositions élégantes électroniques et instrumentales de ce musicien particulièrement original. Le livret est une mine de renseignements à propos de tous les moyens techniques utilisés tant par les insectes afin de communiquer, que par Graeme Revell pour les rendre audibles et établir un parallèle entre leur musique et celle d'instruments ethniques de la même région géographique. Revell opère et révèle tous les secrets de son analyse microscopique des sons, leur organisation, leur rythme et souligne un lien entre la syntaxe musicale des insectes et celle des peuples.
(Pierre-Charles Offergeld, Liège)

 

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