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Critique

Pita – Get Out

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musique électronique, disque, Peter Rehberg, Mego

publié le par Benoit Deuxant

Bien avant que le terme glitch ne devienne un cliché désignant tout et n’importe quoi, Peter Rehberg, cofondateur du label, tentait d’imposer une nouvelle esthétique, basée sur l’erreur, le dysfonctionnement, le bruit.

Poussant les procédés informatiques jusqu’à la faille, le fameux glitch intraduisible, il allait apporter de nouveaux sons et de nouvelles pistes de travail à une génération entière. De la même manière que la distorsion avait transformé le rock, ou que la dissonance avait progressivement modifié la musique classique, l’erreur informatique allait devenir une nouvelle source d’inspiration pour les musiques innovatrices. À l’âge où le tout-informatique commençait à s’imposer au monde, baser une musique sur l’erreur, le plantage, était une forme de sabotage, et une approche critique. Avant que les sons du glitch n’infiltrent presque tous les genres musicaux, et que le genre ne se sclérose en clicks’n cuts, simple organisation rythmique de glitches, créer et utiliser ces sons dérangés était une joyeuse manière de célébrer la machine devenue folle, de saluer la faille dans le mécanisme, et de détourner la réputation de sérieux de l’informatique vers la bizarrerie, le caprice, la déraison, d’en saborder définitivement la supposée perfection.
Get Out est son second album. Composé pendant toute une période (entre 1996 et 1999) passée en tournée, il a été entièrement réalisé sur la route, sur le laptop que Rehberg utilisait pour ses concerts, et qui se transformait le soir en studio portable, installé chez des amis, dans l’avion ou dans une chambre d’hôtel. Le laptop est ici l’instrument principal, et les sons produits sont radicalement numériques, mais l’informatique n’est pas utilisée pour polir les contours de la musique, pour rationaliser la composition et la recadrer, mais pour participer au désordre. Rehberg déclarera construire ses albums « à partir de cassettes DAT hors d’usage, d’erreurs personnelles et de faillite totale de la machine », et continuera de promouvoir l’association de l’humain et de la technologie dans l’erreur créatrice.

Benoit Deuxant

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