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Critique

SYKLUBB FRA HAELVETE

publié le

Maja Ratkje est une compositrice norvégienne et improvisatrice de la

Maja Ratkje est une compositrice norvégienne et improvisatrice de la voix. Une investigatrice des limites vocales. Comment tout peut basculer quand la voix pète les plombs et libère les strates obscures et anarchistes du langage, s'éclate sensuellement dans le ‘déconstructivisme' de la langue et en estimant que le chant se situe là exactement, que ça chante là et pas ailleurs, procédant en général aussi avec l'intervention d'électronique. Dans ce duo avec Hild Sofie Tafjord, le chant n'est pas très présent. Des bribes de ritournelles, de câlineries, de petites formules diminutives pour nommer les objets affectifs, par exemple, en boucle, en déraillement. Il y a comme un souci premier de planter un décor domestique, de garder des repères faciles, peut-être en liaison ironique avec le rôle domestique de la femme, comment elle est censée constituer l'âme du foyer, créer une ambiance, une atmosphère, un attachement à la maison. Puis ça se met à valser. Mais on garde souvent un fil, une ligne de tangage féminin, une fréquence trouble de danse du ventre electrotrash. Les particules sont mixées proches d'un déhanchement ‘lessiveur', d'une rotation de bassin souple, de plus en plus raide, agressive, et puis heurtée. Du genre qui éjecte et ne supporte plus rien sur soi, aucun contact. Le moindre bruit ménager, comme ressorts de matelas, charnières qui grincent, par le biais des mutations soniques, se muent en gueulantes d'entreprises de démolition. Les fluides abrasifs crachent des confettis sonores acides, à forte pression ludique (on ne va pas jusqu'au bout de l'atomisation, des formes, des mouvements, dessins, des motifs, des anecdotes restent perceptibles, floues, tremblantes, insaisissables). De partielles féeries, frises tremblées de petits bruitages « nature ». Eaux dormantes, eaux corporelles. Démons qui en jaillissent. Chromos d'idylles lacérés progressivement. La tendance est noise femelle. On peut parler, par voie de noise virale, ‘d'elfriedjelinekisation' de la place de la femme dans les musiques actuelles.

( Pierre Hemptinne, Charleroi )

 

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