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Critique

MOON

publié le

Duncan JONES : « Moon » (Grande-Bretagne, 2009 – 97 min.)

 

Huis clos lunaire

 

Porté à bras-le-corps par la performance magistrale de Sam Rockwell, Moon est sans conteste la meilleure surprise du cinéma de science-fiction contemporain et propulse Duncan Jones en tête des cinéastes à suivre absolument.

 

 

En préambule, permettez-moi d'affirmer que Sam Rockwell est un acteur génial. N'allez pas me contredire: il l'a prouvé au plus tard dans Confessions of a Dangerous Mind de George Clooney.

Et la science-fiction est un genre drôlement chouette ! Croyez-moi : c'est une fille qui s'endort systématiquement devant Star Wars et 2001 : l'odyssée de l'espace qui vous le dit !

Car dans la science-fiction, il y a ce sous-genre subtil dénommé « cinéma d'anticipation » qui distingue le grand-guignolesque du cinéma d'(h)auteur, et Moon fait clairement partie de la seconde catégorie!

D'entrée de jeu, le ton est donné avec un clip publicitaire de Lunar Industries, entreprise énergétique qui récolte de l'Hélium-3 sur la Lune. Sur la base lunaire de Sarang, Sam Bell (Sam Rockwell) termine son contrat de trois ans et s'apprête à retrouver sa famille. Les seuls contacts qu'il a avec la Terre se font par le biais de messages enregistrés, et en dehors de la présence de Gerty, le robot de bord auquel Kevin Spacey prête sa voix, il est entièrement seul et isolé.

À deux semaines de son retour sur Terre, il commence à avoir d'étranges d'hallucinations...

 

moon

 

 

 

Less is more

Il est difficile de parler de Moon sans trop en dévoiler. Écrit spécialement pour Sam Rockwell, avec lequel Duncan Jones souhaitait absolument tourner son premier long métrage, on peut néanmoins dire que ce huis clos tendu, claustrophobe et schizophrène est porté à bras-le-corps par l'acteur dont la (double) performance restera sans aucun doute dans les annales.

Hommage aux films de science-fiction avec lesquels Duncan Jones a grandi (Silent Running, Outland et Alien, trois films faisant eux-mêmes référence à 2001: l'odyssée de l'espace), Moon multiplie les clins d’œil sans pour autant tomber dans le cliché. Au contraire, le réalisateur a complètement digéré ses influences pour en faire quelque chose de neuf et d'éminemment personnel. Du scénario aux décors en passant par la superbe bande originale de Clint Mansell et même le générique de début (l'un des plus classieux qu'il nous ait été donné de voir ces dernières années), le film résulte d'un véritable travail d'orfèvre et n'a pourtant coûté "que" 5 millions de dollars (en comparaison, Sunshine de Danny Boyle, lui aussi considéré comme un film de science-fiction indépendant, a coûté 10 fois plus).

Reprenant à son compte l'adage « quand on n'a pas d'argent, on a des idées », l'équipe de Moon a fait preuve d'une inventivité extraordinaire : les décors réalisés avec des bouts de ficelle comprennent de nombreux objets personnels de l'équipe, des détournements de vieux appareils électroménagers et audio-visuels, ainsi que plusieurs kilos de litière pour chats pour recréer la surface lunaire, et les effets spéciaux numériques ne représentent qu'une infime partie des effets visuels. La majorité de ces derniers fut réalisée à l'ancienne, notamment avec des modèles réduits tirés par des fils de nylon.

Et le résultat est tout simplement époustouflant !

Il faut dire que Duncan Jones s'est particulièrement bien entouré, recrutant des professionnels connaissant leur travail sur le bout des ongles. Parmi eux le chef opérateur Gary Shaw (dont la petite fille, Rosie, joue la fille de Sam Bell) et le chef décorateur Gavin Rothery qui apparaissent l'un et l'autre dans le film comme doublures de Sam Rockwell !

 

 

Le bienveillant

Un autre détail qui distingue Moon de nombreux autres films de science-fiction est le fait que Duncan Jones est un réalisateur particulièrement bienveillant: outre son empathie évidente pour Sam Bell, notamment à travers le robot Gerty, le cinéaste prend réellement son public par la main sans pour autant le prendre pour plus bête qu’il n’est. Bien au contraire, l'intrigue se dénoue progressivement à travers les yeux de Sam, sans coups de théâtres spectaculaires, et plutôt que de faire tomber le spectateur de sa chaise dans la plus pure tradition Usual Suspects, les éléments se mettent en place petit à petit avec néanmoins un suspense et une tension palpables.

Comme Solaris – l'original et le remake – avant lui, Moon prouve que l'on peut être un film de science-fiction et s'adresser à des personnes dont le Q.I. est supérieur à celui d'une huître, ainsi que le firent, en littérature, des auteurs tels que J.G. Ballard ou Kurt Vonnegut.

 

Catherine Thieron

 

 

 

 

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