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Critique

MARCHES OF THE NEW WORLD

publié le

Le monotone en musique comme le monochrome en peinture est une des choses les plus dures à faire admettre au public. Le réductionnisme et le minimalisme sont parmi les choix artistiques qui attirent le plus les quolibets de snobisme, […]

Le monotone en musique comme le monochrome en peinture est une des choses les plus dures à faire admettre au public. Le réductionnisme et le minimalisme sont parmi les choix artistiques qui attirent le plus les quolibets de snobisme, d'intellectualisme et autres sottes remarques. C'est pourtant également, une fois la musique débarrassée de l'obsession des notes, le meilleur moyen de mettre l'accent sur autre choses, d'autres critères tout aussi musicaux, comme le grain, les textures, les matières, toutes choses qui ne s'écrivent pas sur une partition, mais qui sont devenues des ingrédients parmi les plus important des musiques actuelles, du hiphop au field-recording. Tirant son inspiration de la mythique scène minimaliste américaine du Theatre of Eternal Music, et de figures comme Tony Conrad ou Terry Riley, le portugais David Maranha développe, en solo, ou au sein de son groupe Osso Essotico, une musique instrumentale principalement à base de cordes (il est violoniste), d'orgue Hammond, et d'autres instruments permettant de tirer en longueur des sons (en apparence) statiques. Entouré ici d'un ensemble composé de João Milagre (basse), António Forte (drums) , Helena Espvall (violoncelle, également membre de the Espers) et Tiago Miranda (percussion, membre de the Loosers), il reproduit une trajectoire qui va du drone le plus immobiliste à un final flamboyant rappelant (et ce n'est sans doute pas par hasard) les moments les plus majestueux du Velvet Underground. Et de prouver comme sur son exceptionnel album " circumscita " (sorti en 2000 sur le label suisse Namskeio) le potentiel terriblement émotionnel de sa musique, en dépit de ses constructions linéaires et répétitives, toutes en longueur, en faux plat. On en vient à être surpris, et un peu désorienté, lorsque la dernière pièce du disque, "Infinite March", se termine pourtant. On s'aperçoit alors qu'on s'était confortablement installé dans une sensation troublante d'éternité, ni totalement immobile, ni ostensiblement mouvementée, et on se précipite pour la renouveler.


Benoit Deuxant

 

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