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Critique

SAUDADE DO FUTURO

publié le

Sao Polo, mégapole tentaculaire de seize millions d'habitants, surnommée le New York brésilien. Ville kaléidoscopique, pleine de lumières, de strass et de paillettes pour certains : sculpteur, animateurs de radio, homme fortuné avec villa et piscine… […]

 

Sao Polo, mégapole tentaculaire de seize millions d'habitants, surnommée le New York brésilien. Ville kaléidoscopique, pleine de lumières, de strass et de paillettes pour certains : sculpteur, animateurs de radio, homme fortuné avec villa et piscine… Pour d'autres, elle ressemble plus à un miroir brisé en mille fragments de vies éclatées, surtout pour les Nordestins qui fuient le nord-ouest du Brésil (zone semi-aride) dans l'espoir de trouver un hypothétique avenir, un futur meilleur et, pourquoi pas, un boulot dans la construction de piscines ou de villas. Mais l'espoir se transforme vite en désillusion. Si les chimères de la ville les appellent, c'est pour mieux les rejeter par la suite, les laisser sur le trottoir avec juste leurs yeux pour pleurer. La Saudade fait vite son apparition, ce sentiment de nostalgie, agréable mélange de douleur et de plaisir dû au souvenir de ce que l'on possédait auparavant. Sensation qui leur permet de ne pas sombrer dans la mélancolie la plus noire. Certains vont l'utiliser comme un moteur pour ne pas faire du surplace, pour leur permettre d'exister, de gagner de l'argent, en devenant troubadours chantant leur chagrin, le tournant à la dérision, le transformant en cantoria - dispute poétique chantée et improvisée. C'est le cas de Sonhador et Peneira (rêveur et tamis) duo de ménestrels qui s'affrontent en duel à coups de rimes et de jeux de mots, sans pitié aucune pour l'adversaire. Tous les coups bas sont permis. Pour eux ce n'est pas seulement un moyen de gagner un peu d'argent dignement, c'est aussi une façon de perpétuer leurs traditions, de garder vivante leur culture même en étant loin de chez eux.
Ce très beau et touchant documentaire mêle allégrement les parties musicales, les moments de joie et de fatalité. Il parvient à nous faire rire en nous montrant des tranches de vie, sans véritable fil conducteur. Un film vivant et bouillonnant sans misérabilisme, tout comme Sao Polo. Une véritable leçon de (sur)vie.
À noter : ce film a reçu le grand prix du public lors de la rencontre internationale de Cinéma à Paris en 2000.
(Thierry Moutoy)

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