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Critique

FUTURE CHAOS

publié le

SEXUALITÉ ORALE

 

 

SEXUALITÉ ORALE

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Les dernières semaines de l'années 2008 nous ont apporté deux albums qui font particulièrement chaud au cœur, et ailleurs.
Animales et ouvertement sexuelles chez Arabian Prince, subtiles et sensuelles chez Bomb The Bass, les sonorités électroniques servent d'écrin aux ambiances moites de l'un comme de l'autre.

Anthologie toute relative, « Innovative Life » revient sur cinq ans de carrière d’un pionnier oublié du hip hop. Rappeur et producteur, Mik Lezan alias Arabian Prince ne s’est jamais vraiment remis de son départ de Niggers With Attitude (N.W.A.) dont il était pourtant l’un des membres fondateurs. Devenu dispensable à l’arrivée du charismatique Ice Cube en 1988, il préféra poursuivre sa route en solo, signant de nombreuses productions pour les autres et une petite poignée d’albums en solitaire.

L’année dernière, le label Stones Throw lui a enfin rendu l’hommage qu’il mérite en regroupant quelques un de ses titres les plus marquants, tous projets confondus. La compilation « Innovative Life » offre un portrait global, bien que très incomplet, du bonhomme et des débuts de la scène hip hop West Coast. De la légende electro-rap The Egyptian Lover à N.W.A. en passant par World Class Wreckin Cru, Arabian Prince a participé à différentes formations avec, toujours, cette sexualité quasi-animale qui a fait les beaux jours du gansta rap.

Là où Arabian Prince y va à la truelle, épuisant tous les clichés du gangsta rap à grands coups de «fuck» et de «bitch», Tim Simenon alias Bomb The Bass s'est associé à quelques uns des meilleurs partis (pris) de ce début de millénaire: avec l'aide vocale de Paul Conboy (également co-auteur et co-producteur de ce quatrième album), Fujiya & Miyagi, Toob, Mark Lanegan et Jon Spencer, le producteur-musicien poursuit son petit bonhomme de chemin, entamé discrètement au milieu des années 80. Entre temps, il aura produit de nombreux courts et longs formats pour des artistes aussi recommandables que Neneh Cherry («Raw Like Sushi»), Depeche Mode (« Ultra ») ou Gavin Friday (« Shag Tobacco », son chef-d'œuvre absolu).

À l'écoute de « Future Chaos », on est en droit de se demander si le sex-appeal de Dave Gahan et de l'ancien Virgin Prunes serait à l'origine de ces atmosphères à la fois torrides et glaciales, dont le charme peut rappeler celui des boîtes de strip-tease haut de gamme: si discrète et pourtant omniprésente, la sensualité se déploie tout au long de l'album, doucement, insidieusement, serpentant au gré des synapses de l'auditeur à la recherche du point sensible. Après de longs et bons préliminaires à mi-chemin entre Depeche Mode et Radiohead, Mark Lanegan enfonce le clou de sa voix grave et rauque avec «Black River», tandis que Jon Spencer se réserve le mot de la fin avec le seul titre franchement dansant de l'album, « Fuzzbox ».

Véritable songwriting electro, « Future Chaos » accompagnera tant les trajets en voiture que les chastes et moins chastes repas entre amis (et plus si affinités). De mémoire de mélomane, aucun album ne m'avait fait cet effet depuis «Dirty Dancing» de Swayzack. C'était en 2002. Comme quoi, la patience est une vertu !

Catherine Thieron

 

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