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Critique

PAS DE BRAS, PAS DE CHOCOLAT

publié le

À force de s'entendre dire depuis quelque temps que la chanson française

À force de s'entendre dire depuis quelque temps que la chanson française manque de relief, que la relève - si relève, il y a - se fait désirer, on aurait fini par le croire. Telle la fameuse méthode, un certain déterminisme s'insinuait insidieusement par ce réducteur état de fait. Plus jamais un Brel, un Trenet, une Piaf… Bien sûr, les monstres sacrés sont difficiles à débouter du Panthéon et cette mystification en complexerait plus d'un ! Mais… à l'ombre de cette canopée, les jeunes pousses, les affranchis, enracinés dans un terreau fertile, tendent, si pas à égaler leurs pairs, tout du moins à accrocher la lumière. Différents et proches à la fois, leurs singularités impriment de larges sillons creusés à même cette glèbe fertile. Dans cette dernière décennie, Dominique A et Miossec, pour n'en citer que deux, posaient le soc et ouvraient les portes à divers laboureurs talentueux. Que les graines jetées au vent soient rock, folk, reggae, fanfare gouailleuse ou renouant avec la tradition, force est de constater que souvent les récoltes se sont montrées généreuses. De Fersen, Delerm, Cali, Ignatus, Boogaert, Bénabar… à Bondu, cette « nouvelle scène » est autant de gerbes en faisceaux multiples. De plain-pied dans la fratrie, Bertrand Betsch, après un départ quelque peu timide en 1997 avec La soupe à la grimace et une réapparition éclair pour B.B Sides - sorte de compilation hommage à ses artistes préférés - revient avec un album au titre potache Pas de bras, pas de chocolat . Variations libres et tordues d'un artiste désinhibé, dont l'écriture complexe, fluide, oscillant entre cynisme et humour noir, nous révèle son attachement à fignoler les mots. Cette décoction assurément ludique porte les focales sur une sensibilité fardée d'illusions désabusées. En glaneur à la naïveté feinte, il recycle son bagage musical gonflé de jazz, reggae, new age, folklore cajun, sample et nous livre sa richesse dans le mélange des genres afin d'enrober quelques petites vérités « vachardes » sur l'existence et son cortège de blessures et d'euphories entremêlées.

( Brigitte Lebleu, Charleroi )

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