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Critique

BASIC REPLAY

publié le

Pour les amateurs de généalogie, et ceux que fascine l’image de la musique comme virus, se diffusant d’organisme infecté en organisme infecté, le dub a toujours été une grande source d’émerveillement. Comment une musique a priori locale, sorte de hi- […]

Basic ReplayBasic Replay

Pour les amateurs de généalogie, et ceux que fascine l’image de la musique comme virus, se diffusant d’organisme infecté en organisme infecté, le dub a toujours été une grande source d’émerveillement. Comment une musique a priori locale, sorte de hi-life jamaïcain, à l’origine simple copie/plagiat de tubes américain, a t’elle pu se propager d’incarnation en incarnation pour devenir une des sources d’inspiration principales de presque toutes les musiques de ces trente dernières années ? De son rôle dans la naissance du hiphop, de son ascendant sur le punk, et plus encore sur le post-punk, à son retour en force via la techno, le triphop, le dub digital, la jungle, et aujourd’hui le dubstep, la contagion du dub n’a jamais été stoppée. Sa transmission a donné naissance à des foyers d’infections inattendus.

Créé en 1995, Basic Channel est un label dont les parutions échafaudaient un pont musical entre Detroit et la Jamaïque. Fondé à Berlin, comme il se doit, par Moritz Von Oswald et Mark Ernestus, le label allait passer par quelques mutations avant de devenir Chain Reaction, un des principaux labels de techno minimaliste, et un de ceux qui allait le plus promouvoir l’idée du dub comme technique applicable à la techno. La transmission allait se poursuivre avec la création de Burial Mix, label sur lequel sortiront les disques les plus ouvertement dub de Von Oswald et Ernestus, sous le nom de Rhythm & Sound. On y trouvera notamment leur collaboration avec le vocaliste dominicain Paul St. Hilaire (alias Tikiman)

Depuis 2004, le duo s’est associé à l’excellent label Honest Jon’s de Londres pour fonder Basic Replay, et publier, en vinyle exclusivement, des rééditions de maxis reggae et dub. Ils sortent avec ce disque, sobrement intitulé « Basic Replay », leur première anthologie, et leur premier CD. Le répertoire proposé est le même genre de petites perles que pourrait publier un label comme SoulJazz, des pièces rares pour connaisseurs, qui ont cependant tout pour également attirer un public moins averti.
Rassemblant des pièces composées entre 1974 (pour Keith Hudson et Ijahman Levi) et la fin des années quatre-vingt, et piochant dans un répertoire allant du roots reggae jamaïcain aux pièces plus récentes de dancehall reggae londonien, le disque compile des étapes importantes, quoique trop peu connues, dans la chaîne de transmission qui va mener au dubstep. Mais par delà l’intérêt historique de la démarche, c’est surtout la qualité du choix, et la valeur des morceaux qui devraient convaincre l’auditeur. Brillamment remasterisées par Von Oswald et Ernestus, les tracks choisies sont toutes des morceaux énormes, qui ont en leur temps fait le bonheur des sound-systems de par le monde. De la première plage, le bizarroïde “Call Me Rambo” d’Ackie, et ses hélicoptères en plastique, au ragga démesuré et irrésistible de Professor Grizzly (“Fight The Professor”), jusqu’à la dernière, l’intersidéral « Replay Version » de Prince Jazzbo, chaque morceau mériterait une chronique et ne laisse qu’un regret, celui de ne pas avoir collectionné chacun des maxis à leur sortie.

Benoit Deuxant

 

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