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Critique

KALMUKIA

publié le

La première plage de l’album fera beaucoup de tort au disque, non qu’il s’agisse d’un mauvais morceau, mais parce qu’elle va entraîner les auditeurs sur une fausse piste. Avec cette ouverture wagnérienne, on pense se trouver en un territoire dominé […]

 

La première plage de l’album fera beaucoup de tort au disque, non qu’il s’agisse d’un mauvais morceau, mais parce qu’elle va entraîner les auditeurs sur une fausse piste. Avec cette ouverture wagnérienne, on pense se trouver en un territoire dominé par Sunn O))), Earth ou, et ce n’est sans doute pas innocent, par KTL, collaboration entre Stephen O’Malley et Peter Rehberg, le patron du label Mego qui publie ce disque. Une déferlante de guitare électrique, lourdingue et grésillante, noyée dans une réverbération caverneuse; un drone de stoner rock tout ce qu’il y a de plus typique, jusqu’à ce qu’on prenne conscience des détails masqués par ce leurre: les traitements électroniques subtils oscillant à l’arrière-plan et le violoncelle d’Hildur Gudnadottir se frayant peu à peu un chemin à travers le brouillard.
Angel est le nom choisi par Ilpo Vaisanen (Pan_Sonic) et Dirk Dresselhaus (alias Schneider TM) pour leur collaboration. Entamé dès 1999, sous forme de duo, le projet s’est aujourd’hui stabilisé en trio avec l’arrivée de la multi-instrumentiste Hildur Gudnadottir (alias Lost In Hildurness). Tout en conservant la noirceur originale, sa présence allait transformer le projet, de drone post-industriel vers des horizons plus lyriques. Loin d’un hybride électronique/néoclassique, leur combinaison de manipulations digitales et d’un instrument aussi marqué que le violoncelle se confond en textures et en climats à la fois abrasifs et flamboyants. Le présent album, Kalmukia, est basé sur une courte fiction écrite par Ilpo Vaisanen. Celle-ci démarre comme le Stalker de Tarkovski, pour finir comme une version cronenbergienne de Resident Evil. Il suit une progression qui va de l’incandescence du départ, de la fièvre de l’expédition, aux sombres éclairs de la débâcle. La catastrophe annoncée est inévitable, l’effroi est de mise devant l’ampleur des mutations, l’invasion se révèle impossible à juguler et la sérénité est la seule réponse face à une extinction certaine. Scénario-prétexte sur mesure, la musique suit la progression épique, entamant une plongée sans retour dans la mélancolie, échappant brièvement à l’asphyxie pour un final lumineux, presque radieux.

Benoit Deuxant

 

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