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Critique

DAGUERRÉOTYPES

publié le

Daguerre, ce pionnier de la photographie, a donné son nom à une rue du XIVe arrondissement de Paris où la réalisatrice Agnès Varda a élu domicile. En 1975, elle réalise le portrait d'un morceau de cette rue pittoresque, plus précisément des petits […]

Daguerre, ce pionnier de la photographie, a donné son nom à une rue du XIVe arrondissement de Paris où la réalisatrice Agnès Varda a élu domicile. En 1975, elle réalise le portrait d'un morceau de cette rue pittoresque, plus précisément des petits commerçants situés à cinquante mètres de son domicile. Un spectacle de magie les réunit…

« Tout a commencé à cause du "Chardon bleu", une drôle de boutique à deux pas de chez moi, rue Daguerre. Le temps, comme il s'écoule au "Chardon bleu", m'a rendue sensible au temps du petit commerce. J'ai eu envie de traverser non pas les miroirs, mais les vitrines des boutiques de ma rue. »
Agnès Varda.

Avec un regard attentif et chaleureux, la réalisatrice filme les gestes répétés quotidiennement par le boucher, l’épicier, le coiffeur, le boulanger, le vieux couple de la mercerie-parfumerie ou encore celui de la quincaillerie qui sort chaque jour les escabeaux et autres bonbonnes de gaz dans une chorégraphie étonnante de précision. Au moyen d’un montage astucieux, la cinéaste alterne ces images avec celles de l’illusionniste exécutant des tours dans un café, réalisant une merveilleuse analogie entre ses gestes et ceux des commerçants. Les images de cette petite communauté, liée par les habitudes et l’expérience commune, prennent par moment la forme de photographies filmées, les boutiquiers posant eux-mêmes comme de vibrants daguerréotypes, figés une fois pour toutes dans les années septante.

Proposant plus qu’un album de quartier, Agnès Varda nous montre ainsi avec une grande humanité la vie paisible du Français moyen, la majorité silencieuse. En traversant les vitrines des boutiques de sa rue, elle nous livre tout à la fois un documentaire, un essai sociologique, un exercice de style mais aussi une véritable hymne à une vie commerçante qui n’existe pratiquement plus, en tout cas pas dans ces conditions artisanales si attachantes.

Note : Daguerréotypes a reçu le Prix Art et Essai 1975. Par ailleurs, le DVD contient les courts métrages L’opéra Mouffe (1958) et Le lion volatil (2003) ainsi que de nombreux compléments intéressants (60’).
CM

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