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Critique

ACCELERATOR

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Comme son nom l’indique, Future Sound of London est un duo de Manchester. Leur premier album sous ce nom, Accelerator, fut avant tout une réussite grâce au morceau « Papua New Guinea », un énorme succès de club qui leur ouvrit paradoxalement […]

À l’époque de la sortie du disque, le duo, Garry Cobain et Brian Dougans, a déjà réalisé un certain nombre de morceaux sous une grande variété de pseudonymes (Mental Cube, Yage, Indo Tribe, etc.), la plupart des pièces de commande pour leurs projets graphiques ou des morceaux calibrés à destination des clubs. Leur musique se situe alors quelque part entre la bleep ambient de leurs concitoyens 808 State et la musique baggy typique de Manchester, avec ses breakbeats psychédéliques hérités des Happy Mondays ou des Inspiral Carpets, voire du funk blanc de A Certain Ratio. Ils évolueront progressivement dans la voie ouverte par The Orb, celle de compositions mettant de plus en plus l’accent sur les atmosphères et les climats, et sur la qualité de la production, plus que sur le potentiel dansant, immédiat, de la musique. L’album Accelerator est à mi-chemin dans cette direction. Les morceaux sont reliés par des vignettes d’ambiance, qui construisent une sorte de décor à l’album, en faisant une œuvre complète, à écouter d’une pièce ; mais la finalité des morceaux individuels, leur milieu naturel en quelque sorte, est toujours les clubs. C’est là que le groupe trouvera son plus large écho, notamment avec ce qui sera la pièce centrale de l’album, un morceau intitulé « Papua New Guinea » qui connaîtra un succès monstrueux tant dans les clubs les plus officiels que dans les rave parties. Construit autour d’une ligne de basse empruntée à Meat Beat Manifesto, et d’une boucle de la voix de Lisa Gerrard (Dead Can Dance), le morceau préfigure ce qui sera la marque de fabrique du groupe durant toute sa future carrière, une musique à la rythmique contemporaine, encore liée à la scène rave, dont il sera un des hymnes les plus classiques, et une atmosphère échevelée, planante, quasiment extatique. Tout à fait dans l’air du temps, cette nouvelle « musique cosmique » – à la fois très technologique, presque ultramoderne, d’une part, et d’autre part tribale, influencée par une vision exotique des cultures traditionnelles du monde – se traduisait par un mélange d’instrumentation électronique et d’un collage de samples hétéroclites comprenant notamment des percussions, des rythmiques et des sons environnementaux (notamment quelques séquences empruntés à un documentaire sur la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui donna son titre au morceau cité plus haut). Cet assemblage composite donnera à la musique du groupe un aspect de voyage fantastique, d’épopée étourdissante, plus proche d’un trip halluciné que d’un travelogue douillet. Dans cette même idée, le groupe se constituera une imagerie complexe qu’il mettra surtout en œuvre dans ses vidéos, choisissant d’apparaitre le moins possible en personne, mais se constituant un univers virtuel psychédélique, peuplés d’avatars intrigants (la jeune sorcière/magicienne Sheuneen Ta) et d’« objets vivants » créés en images de synthèse (le fameux « cerveau électronique »). Conquis par le succès de « Papua New Guinea », Virgin – qui cherchait à mettre un pied dans la nouvelle scène de la musique électronique – prendra le groupe sous contrat et leur accordera tous les moyens nécessaires pour expérimenter en toute tranquillité. Ce confort nouvellement acquis leur permettra d’entamer une nouvelle phase dans leur carrière, en s’éloignant de plus en plus des clubs et en affichant une attitude résolument anti-hardcore, cherchant une forme de sérieux, de « maturité », dégagée, disaient-ils, des « contraintes vulgaires de la musique de danse ».

Benoit Deuxant

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