Né en 1941, Jordi Savall fêtera ses septante ans cette année. C’est pour nous une belle occasion de revenir sur la carrière d’un musicien qui ne nous a jamais déçus. Son œuvre témoigne aujourd’hui d’une belle maturité et ses enregistrements ne récoltent plus que des lauriers. Jugez en : Dinastia Borja Diapason d’or en décembre 2010, le deuxième volume de Celtic Viol Diapason d’or en novembre 2010, Sapho and her time Diapason d’or en octobre 2010, Le concert spirituel au temps de Louis XV Diapason d’or en septembre 2009, El Nuevo mundo : Folias Criollas en juillet 2010, Le Royaume Oublié : la tragédie cathare en mars 2010, Haydn : Les sept dernières paroles du Christ en janvier 2010…

Fraichement diplômé du Concervatoire de musique de Barcelone, Jordi Savall découvre les manuscrits de Marin Marais  à la Bibliothèque nationale de Paris. C’est une révélation ! Il remplace son violoncelle par une viole de gambe, se lie d’amitié avec Wieland Kuijken et complète  sa formation à la Scola Cantorum de Bâle. Avec sa compagne, Montserrat Figueras, il fonde l’ensemble Hesperion XX en 1974. A cette époque, il s’occupe surtout d’explorer les rapprochements entre les cultures arabo-andalouses et sépharades; mais il marque très vite son intérêt pour les musiques d’Europe, d’Amérique latine et d’orient, transcendant toujours les notions de temps et d’espace pour donner un caractère universel à sa démarche. En 1987, il crée la Capella Reial de Catalunya et, 2 ans plus tard, Le Concert des Nations, de magnifiques ensembles qui lui permettront de donner des interprétations brillantes de la musique du siècle d’or espagnol. Le film d’Alain Corneau Tous les matins du monde le fera connaître du grand public en 1991.

A l’aube du XXIe siècle, HESPERION XX devient Hesperion XXI et il crée son propre label, Alia Vox . Depuis, il ne se contente pas de simplement nous offrir de nouveaux  enregistrements; ses disques, toujours accompagnés de livrets substantiels en plusieurs langues, sortent sous la forme de superbes coffrets construits autour d’un fil conducteur. Par exemple, dans La Route de l'Orient  : Francisco Javier 1506-1553, il nous invite à suivre un jésuite jusqu’aux portes de la Chine et du Japon; Istambul : Dimitrie Cantemir 1673-1723, couronné d’un Diapason d’or en décembre 2009, nous permet de découvrir un personnage attachant, auteur du « Livre de la Science de la Musique » écrit dans la capitale de l’Empire ottoman; dans Christophe Colomb : paradis perdus, il explore les ombres et lumières de cette période; avec Don Quichotte de la Mancha, il nous emmène sur les chemins de son pays natal et Jerusalem : la ville des deux paix, Diapason d’or en janvier 2009, met les projecteurs sur les ponts qui nous unissent.

 Toute la carrière de Jordi Savall est une quête de nos origines et de ce qui fait notre humanité dans le sens le plus généreux du terme. En 2008, l’Union Européenne l’a désigné « ambassadeur du dialogue interculturel » et l’UNESCO  vient de lui décerner, ainsi qu’à sa femme Montserrat Figueras,  le titre d’« artiste pour la paix ». Un musicien à consommer sans modération !

1. JERUSALEM  Marche guerrière  (Anonyme Ottoman)
2. LE ROYAUME OUBLIE  Ave generosa (instrumental)
3. FRANCISCO JAVIER  O gloriosa
4. DINASTIA BORGIA  Deserts d'amichs
5. CHRISTOPHORUS COLOMBUS  Strambotto  O tempo bono
6. DON QUIJOTE DE LA MANCHA  La Folia_Yo soy la locura