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Playlist

Latin Jazz (1942 - )

latin jazz recadré

publié le par Bertrand Backeland

Le latin jazz (expression anglaise) est le nom donné à la musique qui combine des rythmes latino-américains (d’origine africaine, rappelons-le, en bonne partie) avec des harmonies et structures de morceaux jazz des États-Unis. Le terme, inventé par le trompettiste Jerry Gonzalez dans les années 1960, désigne cette musique qui prend racine début des années 40. Deux courants principaux se distinguent : d'une part (et dans un premier temps) l'influence de la musique des caraïbes, cuba en tête (avec la salsa, le merengue, le mambo, le songo et le cha-cha-cha), et d'autre part (et dans un second temps) l'influence de la musique sud américaine brésil en tête (avec la bossa nova et la samba). D'une manière générale le latin jazz sera une musique enjouée, festive et dansante, reposant sur des rythmes spécifiques et propres aux courants susmentionnés, exécutés sur des tambours sur fût (congas et bongos principalement), repris par la section rythmique de l'orchestre jazz, le tout avec colorations de petites percussions à main, claves, maracas et shakers entre autres. Cette base rythmique constituera l'appui de l'orchestration voyant les sections de cuivres, trompettes en particulier, jouer de manière appuyée "en surpression" avec beaucoup de vigueur. Le principal initiateur sera le trompettiste Dizzy Gillespie, et son cubop, contraction de "cuban" et "bebop".

Sommaire

Tanga (1942-43)

Musiciens et musicologues s'accordent à dire que le morceau Tanga, enregistré en 1942-43 par Machito (and his Afro-Cubans), est la première pièce de ce qu'on identifiera plus tard (dans les années 60) sous la bannière "latin jazz". Composé par Mario Bauza, il s'agit au départ d'une "descarga" littéralement une "décharge" en espagnol ou autrement dit une jam session improvisée, où des solos jazz (saxophones et trompettes) prennent corps sur une rythmique enfiévrée.


La MAMBOMANIA (1949-1959)

La sortie en décembre 1949 d'un 78 tours du compositeur/chef d'orchestre cubano-mexicain Perez Prado (face A "Qué Rico El Mambo" face B "Mambo n°5") va déclencher, par ses rythmiques enfiévrées congas-bongos-shakers et riffs aux cuivres endiablés, la mambomania aux USA. C'est durant cette période d'après guerre et suivant cet effet de mode que les rythmes latins vont s'infiltrer de manière marquante dans la musique populaire aux USA (orchestres jazz, R&B, rock'n'roll, soul naissante etc). Des orchestres se revendiqueront totalement de cette mouvance à l'exotisme dansant tandis qu'on retrouvera chez d'autres simplement certains éléments à l'arrière-plan comme le battement rythmique de shakers.


Le Cubop du trompettiste Dizzy GILLESPIE

Le cubop est la contraction des termes "cuban" et "bebop". Ce style, aussi dénommé Afro-Cuban Jazz, fera la synthèse de la vélocité et de la technicité des solos du bebop avec la fougue et le côté dansant des rytmiques afro-cubaines. Dizzy GILLESPIE, grand initiateur du bebop, sera aussi le grand architecte du cubop, modèle pour des générations de musiciens à venir.

Dizzy Gillespie et le percussionniste Chano Pozo enregistrent les incontournables "Cubana Be, Cubana Bop" (écrit par George Russell), "Tin Tin Deo" et "Manteca", devenu des standards du jazz.


Afrodisia (1955)

En 1955 le trompettiste Kenny Dorham signe un album remarqué sur l'influent label Blue Note. Le titre "Afro-Cuban" annonce la couleur métissée des arrangements orchestraux et consolide la place de ce style au sein du jazz.


Stan KENTON Cuban Fire ! (1956)

Le compositeur Stan Kenton surfera dès 1947 sur la vague latino-cubaine avec un arrangement du célèbre morceau Peanut Vendor. Mais c'est son album Cuban Fire ! (1956) qui retiendra toute l'attention du public de l'époque (et des historiens actuels). A l'époque l'orchestre de Kenton est à son apogée. Les arrangements sont grandiloquents, une sorte de "surenchère orchestrale" qui répond à un état d'esprit de surpassement. Et cela aura un impacte assez fort sur les orchestres de l'époque.


Afro Blue (1959)

Afro Blue est une composition de Mongo Santamaria au moment où celui-ci joue dans le sextet de Cal Tjader en 1959. La particularité de ce morceau réside dans sa métrique, première du genre dans le jazz à combiner un polyrythme africain de mesure 3:2 (ou hémiole, à savoir l'insertion d'une structure rythmique ternaire dans une structure rythmique binaire). C'est John Coltrane qui popularisera ce morceau l'incluant dans son répertoire à partir de 1963.


Girl From Ipanema (1963-64)

Jusqu'à présent la playlist s'est focalisée sur l'influence de cuba dans le jazz. Ce n'est seulement qu'à partir du milieu des années 60 que le brésil entre sur la scène jazz. Le guitariste brésilien Joao Gilberto propose alors un style novateur, la bossa nova. Un seul titre suffira à propulser ce style au niveau planétaire : Girl From Ipanema.

Ipanema est le berceau de la bossa nova inventée par Joao Gilberto. Ipanema c'est le nom du quartier (riche) de Rio De Janeiro, c'est aussi le nom de la plage qui le borde. C'est de cette plage dont il est question, dans la chanson Garota de Ipanema (La fille d'Ipanema) créée par Antonio Carlos Jobim et Vinicius de Moraes, tous deux résidents d'Ipanema. C'est le chanteur Pery Ribeiro qui l'interprète et la publie pour la première fois en 1963. Mais c'est la version de 1964, avec Astrud Gilberto à la voix et Stan Getz au saxophone, que l'histoire retient. Véritable tube planétaire (Grammy Awards en 1965) ce morceau propulse à lui seul le style au niveau mondial.


IRAKERE, révolution cubaine

Après la révolution castriste, De par sa connotation yankee (américaine) le jazz n'est plus encouragée par le nouveau régime. Les musiciens ne peuvent plus quitter l'île durant la période la plus dure de la guerre froide. Cependant, et dans ce contexte, le pianiste Chucho Valdès est autorisé à maintenir un combo. En 1973, il baptise sa formation Irakere, ce qui signifie forêt dense en langue yoruba. Le saxophoniste Paquito D'Rivera en sera un membre important. Ce dernier quittera le pays (et du coup la formation) début des années 80, fuyant le régime trop sévère.

Afin d'éviter les foudres du régime, le groupe doit ruser pour ne pas être estampillé "jazz". Il se situera entre l'afrobeat de Fela Kuti, les rythmes de la musique cubaine et le free jazz. Le groupe influencera des générations de musiciens à venir.

Chékere-son est un morceau basé sur la composition bebop Billie's Bounce (1945) de Charlie Parker. Chaque phrase du morceau original peut être retrouvée mais tout est subtilement camouflé afin de brouiller les pistes. Une manière nouvelle de revisiter le cubop de Gillespie, s'inspirant des jam-sessions free jazz et du jazz fusion naissant.


Le tournant des années 80

Durant les années 80 le Latin Jazz prend une tournure très "crossover", un mélange d'arrangements appuyés de sons synthétiques et de basses électriques. Le style rencontre alors un vif succès et sera utilisé dans de multiples contextes, la plupart du temps véhiculant une image stéréotypée d'exotisme fun et festif, occultant au passage ses origines.


Marc RIBOT y Los Cubanos Postizos


BUENA VISTA SOCIAL CLUB


Playlist réalisée par Bertrand Backeland (conseiller jazz PointCulture).

Image de la bannière : détail de la pochette de l'album The New Continent de Dizzy Gillespie