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Focus

ProPulse classique 2020

ProPulse 2020

musique classique, jeunes artistes, Fédération Wallonie- Bruxelles, ProPulse

publié le par Nathalie Ronvaux

Le Festival ProPulse, limité cette année à la musique classique, a proposé six concerts et deux ateliers. Compte rendu de cette journée de découvertes.

Sommaire

Six artistes et ensembles, deux ateliers et matchmaking, une séance de rencontres entre artistes et organisateurs, tel fut le programme de cette nouvelle édition.

Duo Eidos

La flûtiste Géraldine Clément et Thomas Waelbroeck au clavecin et au piano sont partenaires en musique depuis plus de dix ans. Pour l'occasion, ils ont élaboré un programme de musique française fondé sur les contrastes : de timbres, de textures, de styles et de sonorités. En alternant la musique baroque et celle du XXème siècle, instruments anciens et modernes, ils offrent ainsi une palette de couleurs et d’écritures qui à la fois se confrontent et se marient. De Michel Blavet, compositeur du XVIIIème siècle, ils interprètent la sonate La d’Hérouville, que le claveciniste clôture par une dissonance inattendue pour nous transporter au XXème siècle. La flûte – moderne cette fois – entame alors les trilles du Merle noir d’Olivier Messiaen. Par une nouvelle transition, les musiciens reviennent à Blavet, avant Ravel et son contemporain Pierre Sancan.

Le duo fait montre d’un grand souci d’équilibre et d’une belle maîtrise technique. De la flûte en bois s’élèvent des sonorités feutrées s’unissant naturellement au timbre du clavecin, tandis que la flûte traversière moderne, en métal, offre des sons cristallins, plus brillants, que renforcent les notes amples du piano à queue. Éloquent !

Élodie Vigneron et Nono Battesti

Le public est plongé dans l’obscurité, avec sur scène une table de bistrot, deux chaises, des tasses. Au fond, un écran projette des images de passants. Une grosse horloge de gare complète le tableau.

Dans ce décor fusent des phrases et des bruitages qui évoquent l’écoulement du temps, tandis que le danseur Nono Battesti, issu du monde hip-hop, suggère par de larges mouvements la course du temps et notre inexorable finitude.

La pianiste Élodie Vignon a élaboré son spectacle « Entre temps » en partant du programme de son deuxième album en solo, consacré à Henri Dutilleux et Claude Ledoux, deux compositeurs français contemporains. Elle nous a offert le prélude de D’ombre et de silence et un extrait de la Sonate pour piano de Dutilleux, complété par la Deuxième Ballade de Liszt. Ces partitions exigeantes bénéficient de la virtuosité, du doigté tant vigoureux que sensible de leur interprète. Nous sommes happés par la musique, par sa force et ses nuances. Ce fut notre coup de cœur. Une pianiste à suivre, assurément !

SphƎre Trio

Max Charue, Julien Mairesse et Thomas Delplancq sont les trois fondateurs de l’ensemble AkroPercu, une compagnie belge qui organise des spectacles en jouant des percussions avec tout ce qui leur tombe sous la main. Avec humour, SphƎre Trio garde le même esprit et nous entraîne dans un ébouriffant déchaînement d’énergie. On reste ébahi par l’agilité gestuelle et corporelle dans Ceci n’est pas une balle de la Compagnie Kahlua ou Good Morning de Max Charue – dans l’esprit du Typewriter mimé par Jerry Lewis – ainsi que devant la diversité de sonorités que peut offrir une bicyclette sous les coups d’une pompe à vélo (AkroPercu). Musique de tables de Thierry De Mey, est d’une grande inventivité mais aussi un spectacle esthétique. L’ensemble termine sa prestation avec deux pièces pour marimba (Stubernic de Mark Ford et Luminus de la Cie AkroPercu), alliant brillance et virtuosité. Ce spectacle qui mêle rythme, musique, lumière et jeu théâtral a clairement emporté l’adhésion du public de ProPulse.

Duo Ypsilon

Dans leur déclaration d’intention, Charles Michiels aux clarinettes et Simon Diricq aux saxophones invoquent le dieu grec Marsyas, qui, selon la tradition pythagoricienne, aurait inventé dans un même élan la musique et l’aulos (ancêtre de nos clarinettes et saxophones). L’audition présentée au festival ProPulse fait écho à la sortie de leur disque « Pulsions ». Les musiciens ont disposé sur scène une dizaine d’instruments (clarinettes et saxophones) de toutes les tailles et tessitures dont ils vont se servir au fil du spectacle. Partant des instruments les plus aigus avec VO2 Max de Simon Diricq, ils parcourent les différents ambitus jusqu’au plus grave avec la charmeuse composition Black de Marc Mellits, où se conjuguent les timbres de la clarinette basse avec ceux du saxophone baryton.

Cette combinaison inhabituelle nous a réservé une excellente surprise et nous a permis d’appréhender toute la richesse sonore dont ces instruments sont dotés.

Ensemble Ontano

L’Ensemble Ontano a remporté le premier prix du concours « Premières scènes » du Festival Musiq3 en 2018 en interprétant le Quintette à cordes de Schubert. « Ontano », traduction italienne d’Aulne, évoque là aussi l’attachement des musiciens à ce compositeur.

Formé au Conservatoire royal de Bruxelles, il se compose de cinq instrumentistes issus du Québec, de France et de Belgique (Julie Rivest et Esther Singier (ici remplacée par Jeroen Vernimmen) : violons ; Charles Lucchinacci : alto ; Eugénie Lalonde et Camille Ledocq : violoncelle).

Le programme, s’il semble de prime abord hétérogène, est pourtant cohérent : sous le titre «Contretemps », le concert explore les mutations des danses populaires au sein de mouvements d’œuvres classiques. La valse, la polka, la sarabande… A tour de rôle, les musiciens relatent l’histoire de chacune d’elles avant son exécution. L’ensemble, à géométrie variable, passe du quintette au duo, au trio ou au quatuor. Leur jeu plein de chaleur a rendu justice à ces pièces de Boccherini, Beethoven, Chostakovitch et Britten, et nous a éclairés sur les liens indéfectibles entre ces mouvements d’œuvres et leur origine populaire.

Cassandre Marfin

Cette jeune pianiste, sortie du Conservatoire de Bruxelles où elle a travaillé avec Eliane Reyes et Dominique Cornil, est tombée sous le charme de la musique d’Olivier Messiaen. Détentrice d’un deuxième prix au Concours Honda qui consacre chaque année trois étudiants issus des écoles supérieures de musique en Belgique, Cassandre Marfin approfondit depuis lors le répertoire du compositeur français. En parallèle, elle joue de la musique de chambre et a formé avec Adèle Legrand le Duo Galatea, pour jouer en concert mais aussi pour raconter des histoires aux enfants dont voici le teaser :

Pour le festival ProPulse et dans l'idée d'illustrer les deux mamelles qui ont guidé l’inspiration de Messiaen tout au long de sa vie – la foi et la nature –, elle a interprété deux extraits des Vingt regards sur l’enfant Jésus, et L’Alouette Lulu, tirée de son deuxième catalogue d’oiseaux. Son concert, accompagné par les commentaires écrits de Messiaen projetés sur écran et si pertinemment intitulé « Entre plumes et lumières », fut un délicieux moment de méditation.

Ateliers

Pendant la séance de rencontre entre les musiciens et les programmateurs "Matchmaking", deux ateliers sur les expériences de médiation créées en fédération Wallonie-Bruxelles étaient dispensés.

"L'orchestre d'un jour" ou la musique ouverte à tous - Baudouin de Jaer

Le compositeur, et chef d'orchestre Baudouin de Jaer revient sur la genèse de ce projet. Au fil de ses années d'enseignant, il a été incité à se pencher sur la question de la frontière entre musiciens et non-musiciens et a exploré le potentiel musicien de personnes qui ne l'étaient pas, du moins de manière formelle. L'orchestre d'un jour est né de ce constat et rassemble, le temps d'une journée, des gens d'horizons divers, qui, le plus souvent, n'ont jamais fait de musique et arrivent avec un instrument, un fouet de cuisine, un outil électrique, une feuille de papier... tout ce qui permet de produire du son.

« C’est un espace dans lequel tout le monde est le bienvenu pour faire de la musique » — Baudouin de Jaer

Baudouin de Jaer a également mis au point une leçon de solfège accélérée qui démontre ses talents extraordinaires de pédagogue : en quatre minutes, nous avons compris les clefs, les notes, les silences, les accents... Si simple qu'on se demande pourquoi cette méthode n'a pas été adoptée dans chaque académie !

Vint ensuite la pratique ! Une dizaine d'entre nous ont été mis à contribution pour former un petit orchestre avec feuilles de papier bruissant, gong, cône de circulation et percussions, sous la direction du conférencier. Ce fut une fascinante démonstration de créativité à la portée de tous, pour un mode d’expression peut-être pas si hermétique qu’on le dit généralement.

"Un autre Don Juan" et "L'opéra, d'un mot à l'autre"

C'est au tour de Valérie Urbain, chargée de communication pour l'Opéra Royal de Wallonie, de nous faire part de deux activités éducatives organisées par la maison d'opéra liégeoise.

Un autre Don Juan est le troisième épisode d’un projet pédagogique destiné à initier les jeunes à l’opéra par un exercice d’appropriation et de recréation autour de Don Giovanni de Mozart. Les candidats, de tous milieux, de tous niveaux, avec ou sans préalable artistique, ont été sélectionnés sur base de leur âge (entre 14 et 25 ans). Ils devaient aussi avoir assisté à une représentation complète de l’opéra. Sous contrat, ils se sont engagés à travailler pendant dix-huit mois, un dimanche sur deux, les jours fériés et une partie de leurs vacances : découvrir l’opéra, réécrire un nouveau livret, se frotter aux métiers liés à l’art lyrique, inventer des chorégraphies et des costumes, assurer la promotion et l’édition d’un livre… Un challenge qui porte déjà ses fruits puisque de nombreux participants ont continué à assister à des représentations d’opéras.

L'Opéra, d'un mot à l'autre s'adresse à un public de primo-arrivants et consiste en une visite guidée de l'ORW, présentée comme une leçon de vocabulaire en français. Une aide culturelle à l'accueil des migrants en collaboration avec Article 27.

ProPulse

Nathalie Ronvaux