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Focus

3 questions à la Fondation Bolly-Charlier

Fondation Bolly-Charlier - Oeuvre Luc Navet
Dans le paysage culturel de la ville de Huy, la Fondation Bolly-Charlier se distingue par une approche peu conventionnelle de la création plastique. Luc Navet, Président de la fondation, répond à nos questions en marquant un engagement politique fort et une conception de l’art bien affirmée.

En tant qu’organisme de soutien aux artistes en Fédération Wallonie-Bruxelles, la Fondation Bolly-Charlier organise des expositions d’art plastique ainsi qu’un Prix tous les trois ans. Elle offre aux artistes plus de visibilité et les informe sur un réseau d’acteurs diversifié, en veillant particulièrement à ce qu’ils soient mis au courant des multiples aides existantes.

Dans quelques mois, la Fondation Bolly-Charlier fêtera ses quarante ans d’existence et rouvrira son espace d’exposition actuellement en rénovation. En attendant, les activités se poursuivent et c’est également, pour la fondation, l’occasion de réaffirmer son orientation.


 (...) l’art est une forme qui autorise toutes les révolutions. — Luc Navet


- PointCulture : Quelle place occupe la création plastique à Huy ? Quel est le rôle de la Fondation Bolly-Charlier dans le paysage culturel hutois et quelles sont les évolutions qu’elle a connues en presque quarante ans d’existence ?

- Luc Navet : La fondation est soutenue par la ville de Huy et le centre culturel. Il y a quelques sculptures historiques de grande valeur à Huy comme la statue de Joseph Lebeau et de Zénobe Gramme ainsi qu’une magnifique sépulture de Pierre Lhermite, l’organisateur d’une des premières croisades. Il y a également deux sculptures appartenant à la collection de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’une d’André Willequet et l’autre d’Albin Coutois.  Et puis beaucoup d’œuvres plus récentes. Mais il y en a trop et souvent très mal placées, le résultat d’une politique d’achat pas ou peu réfléchie. Actuellement, le centre culturel et la fondation mènent une collaboration en matière d’art plastique. Il y a également une galerie privée CAD.

La fondation opte pour des artistes qui exposent en Belgique ou à l’étranger. La notoriété n’est pourtant pas le critère dominant, la pertinence du travail importe plus. À l’origine la fondation rayonnait au plan local, voir régional, mais très vite avec le Prix Bolly Charlier des artistes reconnus au plan national ont exposé dans la galerie. La programmation aujourd’hui est en rupture avec les conventions répandues dans le public et certaines expositions ont même dérangé récemment. Il faut considérer que la ville est majoritairement conservatrice en matière d’art.  

- Pouvez-vous nous en dire plus sur votre programmation ? Elle s’appuie sur des critères de sélection privilégiant « les artistes possédant dans leurs travaux des qualités formelles, où les questions philosophiques, anthropologiques et sociétales sont perceptibles ». Cependant, n’est-ce tout simplement pas le propre de la création plastique et du travail de l’artiste que d’explorer et d’interroger ces différents enjeux ?

- Cela devrait-être le cas, l’art sans une conception esthétique est vite voué à une fonction décorative. La fondation va plus loin que le paradigme habituel de l’art et tente de montrer des œuvres qui résonnent dans un pays qui est gouverné en partie par des membres d’un parti qui ne cache pas sa sympathie avec l’extrême droite.

Il est peut-être salutaire que le monde artistique se réveille, sinon il se pourrait qu’à un moment la situation politique ne devienne clairement nauséeuse. Dès lors, aujourd’hui en tant qu’artiste, la prise de position sur les questions comme : l’immigration, l’exclusion sociale, l’ultra libéralisme est une nécessité.

Fondation Bolly-Charlier

Œuvre d'Alexia Creusen

- À quelques mois de la réouverture de la Galerie Juvénal, comment la Fondation Bolly-Charlier se projette-t-elle dans l’avenir ? Aujourd’hui et dans le contexte hutois, quels sont les défis/enjeux de cet espace d’exposition et d’échanges ?

- Nous avons acquis la reconnaissance dans le milieu artistique, le défi est de faire venir davantage le public hutois. Nous avons beaucoup de projets dont certains peuvent parler à tout un chacun. Un exemple, c’est de faire une exposition qui montre le parcours de « la Meuse » de Givet à Maastricht. Je pense que nous allons mieux intégrer le territoire local à l’avenir. La difficulté de notre époque est notamment que nous sommes abreuvés par la mondialisation, donc retrouver un ancrage de proximité est important.

Pour l’inauguration, nous avons décidé d’exposer des œuvres de Jenny Bolly qui a fait don de son patrimoine à la ville de Huy et qui a fondé la galerie. En plus de sa présence symbolique nous allons faire un vaste programme de performance artistique ; ainsi nous allons associer l’histoire de la galerie et la création actuelle. Cette création actuelle avec l’art de la performance est cohérente avec ce que nous cherchons, à savoir échapper aux travers d’un art instrument du système capitaliste. L’artiste est, par essence, en rupture avec son époque. Ce n’est pas un choix mais le fondement de la création artistique. Il y a aussi une recherche de spiritualité, ce qui est une autre forme de résistance dans une économie qui spécule sur tout, même sur la beauté. Il y a une forme de trivialité qu’il faut dénoncer et l’art est une forme qui autorise toutes les révolutions.

 

Questions et mise en page : Alicia Hernandez-Dispaux
photo de bannière : œuvre de Luc Navet 

Site web : http://fondationbollycharlier.be/


La Fondation Bolly-Charlier propose en ce moment :
Corps étrangers
une exposition collective à la Maison médicale de Huy pour les patients et le corps médical de celle-ci.

Maison médicale Cap santé
52 Quai de Compiègne
4500 Huy


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