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Focus

#10wastechallenge, du selfie au changement d'habitude

10 waste challenge

nature, réseau social, photo, dechet

publié le par Frédérique Muller

Initié par un Belge, le projet lancé en février 2019 est aujourd’hui suivi partout dans le monde. Le principe est simple : consacrer au moins 10 minutes à l’environnement en collectant un maximum de déchets, poster ensuite sur Instagram une photo de vous avec votre collecte en mentionnant le hashtag #10wastechallenge.

Le projet

Le projet, conçu et porté par Lorenzo Mancini, un photographe belge originaire de la région de Tournai, est né de ses nombreux voyages et de sa sensibilité aux problèmes environnementaux. Avec #10wastechallenge, il décide « de s’attaquer à la pollution visible, c’est-à-dire aux zones polluées par les déchets ».

« Je voue un intérêt certain à l’écologie et ce, depuis quelques années déjà. Comme beaucoup, je ne peux rester insensible face à la recrudescence des zones polluées par nos déchets ne faisant exception aux terres les plus reculées du globe. Nul ne peut aujourd'hui ignorer cette problématique écologique ainsi que ses enjeux. »

Pour ce photographe, la photo est un bon moyen d’attirer et de sensibiliser. Lors de ses voyages aux quatre coins de la planète, il a pu constater de ses propres yeux le nombre toujours plus important de déchets.

« #10wastechallenge est un moyen parmi d'autres d'enrayer le processus en s'attaquant à la face émergée de l'iceberg en passant par l'élimination de la pollution « visible ».

Au départ développée en Belgique, l’initiative intéresse rapidement la France puis le monde, avec aujourd’hui des participants au Brésil, en Californie, en Afrique du Sud, en Suisse, en Pologne, en Iran ou en Thaïlande. Sur le compte Instagram, il y a des photos de déchets à la plage, en forêt, sous l’eau, etc., et le ton est parfois décalé. Il peut s’agir autant d'un selfie classique, que d’un autoportrait ou d'une nature morte plus ou moins créative.

Le retour des éco-gestes ?

Au-delà de ce challenge photographique au service de l’environnement, il y a la volonté d'installer certains automatismes et que ceux-ci se transforment, à terme, en de véritables habitudes.

« De nombreuses initiatives de ce genre voient le jour et c’est une bonne chose. Ma motivation première n’étant pas de me démarquer mais bien d’apporter ma pierre à l’édifice. Au-delà du challenge photo orienté vers l’écologie, se cache une véritable volonté d’installer chez les gens certains automatismes pour que ceux-ci se transforment, pourquoi pas, à terme, en une véritable habitude. Quand je parle de "10 minutes", j'aime préciser qu'il s'agit là d'un minimum et que davantage de temps est tout à fait envisageable. J'insiste également sur le côté répétitif de l'action. »

Sous la forme d’un « challenge », une forme de participation très populaire sur les réseaux sociaux, Lorenzo Mancini, a conjugué ici trois éléments : le domaine de la photo, ou plus précisément la pratique des « selfies » ; l’action directe dans l’environnement ; l’utilisation des réseaux sociaux. Il s’agit ainsi autant d’une campagne d’image pour soutenir une idée qu’un encouragement à passer à l‘action et à transformer ses habitudes.

Le recours aux réseaux sociaux confère un cadre particulier qui permet peut-être de décloisonner ce type d’actions en faveur de l’environnement pour l’ouvrir à des petits groupes familiaux, d’amis ou pourquoi pas de collègues, à des personnes qui s’ouvriraient ainsi, sous l’aspect « challenge », à une activité qui au minimum induira un changement de regard sur l’environnement direct et pourrait aller jusqu’au changement d’habitude.

De nombreux participants à des actions de nettoyage citoyennes racontent ainsi comment les enfants, notamment mais pas seulement, remarquent après l’action beaucoup plus systématiquement la présence des déchets, dont les mégots de cigarettes, et sont enclins à les ramasser.

« Face à l'engouement pour le #10wastechallenge, je crois que je n'en resterai pas là et d'autres actions verront le jour dans les mois à venir. »

Il existe d’autres projets proches qui incitent à des actions similaires. Les actions semblent se multiplier, comme si on assistait au retour des éco-gestes, des bonnes pratiques, très critiqués dans leur portée supposée limitée au regard de la taille des enjeux environnementaux actuels (réchauffement climatique global, risque d’effondrement de la civilisation occidentale, 6e crise de la biodiversité, etc.). Pourtant, ces actions permettent de se reconnecter à son environnement direct, de s’en sentir toujours responsables, et capables d’avoir une influence positive comme négative sur lui.

L’environnement (oikos en grec) désigne « la maison », c’est-à-dire l’ensemble des biens et des personnes attachées à un même lieu d’habitation. C’est un espace multidimensionnel. Ici, l’action de nettoyage renvoie surtout à la compréhension de l’environnement comme cadre de vie. La présence de déchets constitue tout simplement une nuisance, voire un danger, et rend le cadre de vie moins agréable. Mais l’action de nettoyage renvoie aussi aux deux autres compréhensions de l’environnement telles que définies par Lucie Sauvé (1) : l’environnement ressource et l’environnement problème. En effet, le nettoyage est combiné à une campagne d’image à vocation d’alerte sur l’impact des activités humaines, la multiplicité des photos témoignant de l’omniprésence des déchets dans le monde. Le projet contient ainsi plusieurs enjeux éducatifs.

modèles enjeux éducatifs env

« L’on retrouve, dans ce schéma, un des piliers de l’éducation contemporaine, qui est de considérer la personne à « éduquer » dans sa globalité : elle est en même temps quelqu’un qui réfléchit, qui ressent des émotions, qui éprouve des sentiments et qui a des besoins fondamentaux, comme le fait de se sentir de quelque part ; elle est aussi quelqu’un qui a besoin de se réaliser, de créer, de s’exprimer, de trouver sa place en ce monde et d’y donner du sens. Sa relation à l’environnement et au monde qui l’entoure en général est conditionnée par sa relation à lui-même et aux autres, dans des contextes qui forgeront progressivement sa sensibilité, ses capacités de raisonnement et son système de valeurs. » IEP (analyse « La prévention de l’incivilité environnementale : quels enjeux éducatifs pour le secteur socioculturel ? » disponible sur le site de l’IEP).

10 waste challenge

En Belgique

Et se livrer à cet exercice aujourd’hui en Belgique est pertinent. Pour preuve, les résultats de la campagne « Wallonie plus propre » qui s’est déroulée les 29, 30 et 31 mars derniers). Lors de ces 3 jours, 499 tonnes de déchets (soit 85.954 sacs) ont été ramassés par les 162.647 Wallons qui se sont portés volontaires. En moyenne, chaque participant a ramassé près de 3 kilos de déchets. Les 499 tonnes de déchets collectés sont composés de 40 % de PMC et 60 % de déchets divers.

https://www.walloniepluspropre.be/news/bilan-du-grand-nettoyage-de-printemps-2019-500-tonnes-de-dechets-sauvages-ramasses/

Pour participer au #10wastechallenge : https://www.instagram.com/10wastechallenge/

Ressources : (1) Lucie Sauvé « Pour une éducation à l’environnement », édition Guérin/Eska, 1994

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