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Critique

TROIS ENTERREMENTS

publié le

Beaucoup plus connu pour ses rôles de brute ou de traître que pour ceux, trop rares, où il fait preuve d'une grande sensibilité malgré (ou grâce à) son jeu minimaliste (« The Hunted », « The Missing »), Tommy Lee Jones, « star sur le tard », propose […]

Beaucoup plus connu pour ses rôles de brute ou de traître que pour ceux, trop rares, où il fait preuve d'une grande sensibilité malgré (ou grâce à) son jeu minimaliste (« The Hunted », « The Missing »), Tommy Lee Jones, « star sur le tard », propose un conte social à la structure éclatée, dans lequel une poignée de personnages se croise et s'affronte dans le Texas profond, le sien. Visiblement il le connaît bien, il y est né, il y vit et en donne une peinture saisissante d'humanité avec sa serveuse volage, son shérif bouseux, ses immigrés inquiets et méprisés (« C’était un bon Mexicain » !) ...
Basé sur des faits réels, l'assassinat d'un émigré clandestin par l'armée américaine en 1994, le scénario de Guillermo Arriaga Amores perros », « 21 Grams ») raconte le voyage de Pete Perkins au Mexique où il veut enterrer son meilleur ami, Melquiades Estrada, abattu par un garde-frontière. Pour lui rendre ce dernier hommage, il s'adjoint l'aide forcée du meurtrier - remarquablement interprété par Barry Pepper. Sur leur route, les trois «voyageurs» croisent différents personnages et ces rencontres illustrent la fascination mutuelle et les différences profondes qui existent entre les deux espaces situés de part et d'autre du Rio Grande. On peut constater, dès le générique, le respect que le cinéaste montre envers les différentes communautés à travers l’utilisation des deux langues : l’anglais et l’espagnol. La structure narrative non linéaire force l’attention et distille le passé au fur et à mesure que se déroule le « présent ».
Soucieux de préserver son indépendance vis à vis des studios hollywoodiens, Tommy Lee Jones a choisi Europacorp (la maison de production de Luc Besson) pour financer son film, ce qui lui permet sans doute de faire passer quelques paradoxes et quelques excès.
Bien que les fantômes d'Anthony Man, de John Huston, de Sam Peckinpah et de quelques autres grands hantent les panoramas de son «western» - appellation qu'il refuse - Tommy Lee Jones se réfère plus à la littérature qu'au cinéma. Ses inspirateurs, précise-t-il, sont Cormac MacCarthy, Flannery O'Connor, Shakespeare (!)...
Une magnifique histoire au sens de la justice, bien éloigné de la vengeance, un chemin vers la conscience de son crime par celui qui l’a commis, vers une possible rédemption, chemin de l’ami en deuil vers une possible renaissance.

JMD

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