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Critique

DAMNED UNITED (THE)

publié le

Ce film aurait pu tomber dans deux catégories, n’être qu’un film sur le sport, une tentative généralement perdue d’avance de présenter de manière un tant soit peu passionnante l’effort physique (des autres) et l’espèce de stratégie qui l’organise, ou […]


Ce film aurait pu tomber dans deux catégories, n’être qu’un film sur le sport, une tentative généralement perdue d’avance de présenter de manière un tant soit peu passionnante l’effort physique (des autres) et l’espèce de stratégie qui l’organise, ou un vulgaire biopic comme seule la télévision sait en faire. Grâce à un scénario excellent tiré du livre de David Pearce, on assiste au contraire à un vrai film avec un regard pertinent sur le contenu humain insoupçonné du monde du football. Le livre est ici adapté à l’écran par Peter Morgan, à qui on doit déjà The Queen et Frost/Nixon, qui s’attaque à nouveau à un pan de l’histoire, cristallisé dans un moment clé, ici les 44 jours durant lesquels Brian Clough fut l’entraîneur du plus grand club de l’époque : Leeds United. Personnage flamboyant, ambitieux, dont le franc-parler dérange, et qui a de plus le tort d’avoir, en matière de football en tout cas, souvent raison, Clough va faire une carrière à rebond, grandeur et décadence, pour arriver enfin en 1974 à ce poste qu’il a convoité toute sa vie: entraîner, à la place du manager Don Revie, l’équipe championne du football anglais. C’est avant tout le style qui distingue les deux hommes, et leur vision du sport. Don Revie est présenté comme prêt à tous les coups bas pour mener son club à la victoire, alors que Clough y voit une forme d’art, qui commence par le choix délicat des joueurs, leur placement sur le terrain, et une stratégie faite de surprises, de mouvements inattendus. Secondé dans l’ombre par le roi du casting sportif, Peter Taylor, il va transformer tous les clubs obscurs qu’il entraînera, en candidats sérieux à la première division. Mais arrivé à son but, il va devoir composer avec une équipe encore entièrement dévouée à son précédent maître, Don Revie, et que Clough se met immédiatement à dos en leur reprochant leur style agressif et leur manque total de fair-play sur le terrain. En quelques aller-retours dans le temps, Peter Morgan nous montre l’escalade de l’animosité légendaire entre Clough et Revie, depuis le mépris avec lequel l’ancien traita le petit nouveau lors de leur première rencontre jusqu’aux violents échanges télévisés qui les opposèrent. On le voit, c’est avant tout une histoire d’hommes, d’ambition, d’égos, et si le film parle bien de sport, il se passe en majeure partie dans les coulisses, dans les vestiaires, et les conseils d’administration, des clubs. On échappe donc aux habituelles et pénibles simulations de matches, ou pire, d’entraînements, pour se concentrer sur l’essentiel: une excellente reconstitution de l’Angleterre de cette époque, et le portrait sans fard d’une personnalité forte.

(Benoit Deuxant)

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