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Critique

UN MONDE ABSENT

publié le

La petite ville de Puerto Aysén en Patagonie végète dans un environnement magnifique. Quel avenir pour ses habitants menacés par l’implantation d’industries dévoreuses d’espace et de

La petite ville de Puerto Aysén en Patagonie végète dans un environnement magnifique. Quel avenir pour ses habitants menacés par l’implantation d’industries dévoreuses d’espace et de
qualité de vie?
Un monde absent commence sur un rappel de la première civilisation indigène implantée en ces lieux il y a deux cents ans, et qui a complètement disparu avec l’arrivée des colons. Établissez le parallèle avec ce qui suit! Une multinationale veut construire une usine d’aluminium dans une baie aux eaux pures, poissonneuses, port de pêche des autochtones. Interrogés, ils se plaignent de leur isolement dans une région bien sûr riche en beautés naturelles, mais qui ne leur offre que peu de possibilités de se réaliser, de sortir du marasme des habitudes. Beaucoup boivent, se bagarrent, les jeunes forment des bandes qui s’affrontent en règlements de compte parfois sanglants que la police exploite à son profit. Un groupe de parents ayant chacun perdu un enfant, tué dans des circonstances troubles, s’est constitué en association pour demander enquêtes sérieuses et punition des coupables. En vain, semble-il. La plupart des gens de la région travaillent à la ferme d’élevage des saumons et à l’usine de conditionnement du poisson. Les jeunes hommes et les femmes qui y sont employés se plaignent des salaires de misère, du traitement brutal auquel ils sont parfois soumis et des conditions de travail. Le désespoir économique les pousse à accepter n’importe quoi: emplois pénibles, instables, mal rémunérés, peu motivants, frustrants. Quelques-uns s’essaient à la musique, la danse, lisent, font de la radio mais le constat reste sombre. Les ados, délaissés par des parents qui picolent et se battent, trouvent un certain réconfort au sein des bandes qui leur servent de familles. Partir, partir, partir, vers un ailleurs fantasmé, là où l’herbe est plus verte, où coule le lait et le miel, où des fruits délicieux s’offrent à être cueillis… C’est la part de rêve qui permet de survivre, ici ou ailleurs. Construit sur une mosaïque de faits tirés du quotidien, le film, présentés par ses protagonistes, sans effets de manche, avec une grande simplicité de moyens, pousse à nous interroger sur notre propre réalité socioéconomique où les délocalisations à outrance commencent à laisser des cicatrices vides de tissu social, où les multinationales, ivres de plus-values immédiates profitant à une minorité de possédants et d’actionnaires, prétendent libérer le monde du sous-développement alors que dans leurs sillages s’érigent les barricades d’une future révolution.

PC

 

 

 

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