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Critique

BEAUX GOSSES (LES)

publié le

Comédie-surprise de l’été 2009, Les beaux gosses de Riad Sattouf suit Hervé (Vincent Lacoste) et Camel (Anthony Sonigo), deux ados au physique un peu ingrat qui n’ont que les filles en tête, dérèglement hormonal oblige.

 

Comédie-surprise de l’été 2009, Les beaux gosses de Riad Sattouf suit Hervé (Vincent Lacoste) et Camel (Anthony Sonigo), deux ados au physique un peu ingrat qui n’ont que les filles en tête, dérèglement hormonal oblige.

Hervé vit avec une mère envahissante et indiscrète (Noémie Lvovsky) dans une cité H.L.M. de Rennes. Pas vraiment le meilleur plan pour draguer les minettes! Et pourtant, ça ne l’empêchera pas de se lier d’amitié avec Aurore (Alice Tremolières), avec qui il prend le bus tous les jours.

 

Loin d’être potache, le premier film de l’auteur de BD est léger et intelligent et prolonge en quelque sorte ses travaux entamés avec La vie secrète des jeunes, comic strips publiés dans Charlie Hebdo depuis 2004, et surtout Retour au collège, bande dessinée croquant avec humour le quotidien d’un établissement scolaire des plus huppés.

Si Les beaux gosses ne sont pas des gosses de riches, ils ne sont pas non plus des caricatures, même si l’illustrateur-cinéaste s’amuse à multiplier les clichés, comme la pétasse BCBG, l’altermondialiste en herbe ou la punkette timide. Néanmoins, Riad Sattouf s’attache à une justesse de ton extrêmement rare au cinéma français, faisant preuve d’une réelle empathie pour ses personnages. On voit qu’il n’a pas oublié sa propre adolescence, avec tous les doutes, pulsions et émotions que cela comporte: ici, les jeunes parlent et se comportent comme des jeunes, et non comme des ados qui auraient appris par cœur les discours de scénaristes adultes cherchant à faire teenager. Comme dans ses bandes dessinées, l’auteur ne s’encombre pas de langue de bois et fait adopter à ses personnages un langage que la société bien pensante trouvera cru, mais qui n’est autre que celui de la vie réelle, tout comme les situations auxquelles nos anti-héros ont à faire face.

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Il faut ici tirer son chapeau à la productrice Anne-Dominique Toussaint qui a permis à Riad Sattouf de réaliser son film en toute liberté et s’est peu souciée du qu’en-dira-t-on. L’auteur quant à lui a su tirer profit de moyens financiers modestes, réussissant au passage à convaincre Emmanuelle Devos, Irène Jacob et Valeria Golino de faire de brèves apparitions dans son film. Ces grandes comédiennes acceptent cependant de s’éclipser derrière la fraîcheur des acteurs amateurs dénichés par Riad Sattouf qui s’offre même le luxe de rendre hommage au cosmonaute Jean-Pierre Haigneré en lui confiant le rôle d’un professeur.

Il est également bon de souligner que l’auteur a signé lui-même la bande originale en compagnie de Flairs. Au final, electro-rock sautillant, faux spots radio et dialogues du film cohabitent avec quelques chansons rap et rock, des «vraies», mais aussi des pastiches de tubes pour ados. L’usage de vieilles machines analogiques contrebalance le propos, résolument moderne, ajoutant à ce film qui ne manquait déjà pas de charme une touche ludique et audacieuse.

À l’écoute de cette bande originale, on pense a d’autres productions françaises récentes, comme la musique du film Steak, où Quentin Dupieux alias M.Oizo s’était entouré de Sébastien Tellier et SebastiAn pour un disco-chic dansant et décalé, ou celle, plus sombre, de Para One pour Naissance des Pieuvres de Céline Sciamma.

Ici, les ambiances passent du coq à l’âne sans aucune transition et forment malgré tout un ensemble homogène aussi original que réussi.

Catherine Thieron

 

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Qui de Hervé ou de Camel sortira le premier avec une fille ?  Faut dire que le sujet les terrifie comme les obsède, ces deux gaillards plongés dans une vie qui s'étend de l'école à leur chambre, où ils baladent leurs corps disgracieux, leurs pulls difformes et leur lucidité effrayante.

Chronique sans concession de l'adolescence d'aujourd'hui, les Beaux gosses est à la fois juste, drôle et paniquant. Riad Sattouf, fin greffier du quotidien dans sa désopilante Vie secrète des jeunes (l'Association, 2 tomes) et explorateur scolaire dans Retour au collège(Hachette Littératures), n'a rien perdu de sa pertinence en écrivant et réalisant son premier long métrage. Il expose sans détour l'état de la jeunesse : vacheries continuelles, sentiments naissants, sexualité envahissante, humiliations, révoltes malhabiles, professeurs désespérés, rapport conflictuel aux parents, ... et accompagne le tout  d'une musique électro à la fois punchy et mélancolique. La saveur est dans les dialogues, qui oscillent entre trivialité réjouissante et érudition précoce, et dans le jeu d'acteurs, impressionnant de désinvolture chez ces jeunes débutants. Tout l'inconfort et la gloire de l'adolescence résumés en 84 minutes.

C'est « chanmé » et vrai, une sorte d'Entre les murs version trash. 

 

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