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Critique

SAKHALIN ROCK

publié le

Personnage atypique dans le paysage musical japonais contemporain, Oki se singularise par son mélange osé de traditions et de modernité, comme le prouve cet étrange album…

 

Personnage atypique dans le paysage musical japonais contemporain, Oki se singularise par son mélange osé de traditions et de modernité, comme le prouve cet étrange album…

Voici une quinzaine d’années que le musicien Kano Oki contribue activement à mettre en exergue la culture aïnoue, dont les différentes formes d’expression – langage oral, danse, musique – sont en voie de disparition depuis qu’elles furent officiellement bannies par le gouvernement japonais en 1799. Le but était alors de diluer la population aïnoue au sein de la société japonaise dans un effort d’homogénéisation du pays qui, hélas, ne fut pas vain.

Cette culture, pourtant, est tout à fait fascinante de part ses origines hybrides, à cheval entre Russie et Japon. D’ailleurs, l’île qui donne son nom à cet album, Sakhaline, fut longtemps japonaise avant d’être rattachée à l’URSS en 1945, et l’on retrouve dans la musique aïnoue des éléments communs à certaines pratiques artistiques sibériennes, tels que le chant diphonique (ou chant de gorge) qui consiste à produire simultanément plusieurs sons à la fois.

2Ce melting pot culturel fait des traditions aïnoues un terrain d’études passionnant, dont Oki est probablement le meilleur ambassadeur. Né d’une mère japonaise et d’un père aïnou, il ne prend pourtant conscience de ses racines qu’à l’âge de 24 ans, avant de devenir musicien. Le hasard voudra qu’il joue du tonkori, cet instrument traditionnel à cordes qu’il apprendra à l’oreille et qui scellera son destin musical.

Depuis, Oki explore l’histoire de ses ancêtres, faisant de chacun de ses albums et de ses (nombreuses) collaborations une pierre supplémentaire à l’édifice d’un renouveau aïnou.

Revival aïnou

Pour le deuxième album studio de son Oki Dub Ainu Band, le musicien japonais s’est à nouveau bien entouré pour un résultat on ne peut plus surprenant: le tonkiri cher à Oki côtoie les ambiances dub et electronica du producteur Naoyuki Uchida, les rythmiques chaloupées du batteur Takashi Numazawa, la nonchalance ska du claviériste Emerson Kitamura et le pandeiro du persussionniste brésilien Marcos Suzano.

Passée la surprise de la première impression, on se retrouve à dodeliner de la tête et du popotin sur ce pot-pourri d’instruments d’hier et d’aujourd’hui, à chanter en yaourt sur des titres imprononçables et à se sentir heureux, tout simplement, qu’une certaine éducation musicale n’aille pas forcément de paire avec un ennui profond.

Débarrassé de tout académisme, Oki milite pour la reconnaissance de son peuple avec la plus redoutable des armes : la musique populaire. Ainsi, quand il lui arrive de se produire dans les écoles, plutôt que de discourir pendant des heures d’histoire et de géopolitique, le musicien invite les enfants à apprendre les danses traditionnelles aïnoues. Une façon à la fois ludique et intelligente de sensibiliser les plus jeunes aux diversités culturelles de leur propre pays.

Catherine Thieron

 

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