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Critique

SHARA

publié le

Des jumeaux, Shun et Kei, jouent dans la blancheur de l'été. Par le labyrinthe des ruelles d'un quartier du vieux Nara, Japon, les garçons courent... un disparaît. C'est le jour de Jizo,

Des jumeaux, Shun et Kei, jouent dans la blancheur de l'été. Par le labyrinthe des ruelles d'un quartier du vieux Nara, Japon, les garçons courent... un disparaît. C'est le jour de Jizo,
Bodhisattva des enfants, leur guide dans la mort vers la pureté. Intérieur baigné d'une chaude atmosphère : Shun peint un tableau dont l'avers invisible suppose des non-dits lourds de mystères. Éblouissement. Le son des cloches au loin... Écriture d'une histoire mise en forme par l'œil d'un dieu-caméra. Dans un environnement villageois, se développent des relations harmonieuses entre les habitants, pour la plupart des artisans. Cinq années passent. Le père de Shun organise un défilé pour la fête de Basara. Une averse bienvenue s'abat sur le cortège, fondant en une entité complice acteurs et spectateurs. Un enfant disparu, un amour adolescent tout neuf; la mère de Shun accouche sur un futon, soutenue par son époux, entourée de ses voisines et de son fils. Comme le souffle créateur doit s'insinuer dans la vie à naître, les femmes forment un cœur de halètements sonores autour de la parturiente. Un bébé est né, le portrait de Kei révélé, sa cérémonie funèbre accomplie. Tout devient noir, fondu au noir, comme l'encre préparée selon les recettes ancestrales, passé-présent. L'esprit libéré monte vers le zénith, la lumière, par-dessus les ruelles étroites, les maisons de bois, le végétal, vers un monde de quiétude.
Images surexposées, surfaces claires et sombres qui construisent l'espace du ciel à la terre, du sol aux abîmes, de la longueur à la largeur, de l'immobile au mouvant, de l'érigé au couché, par les points cardinaux et les éléments... Une bulle univers. Les passages entre les bobines du film sont des battements de paupières d'un dieu voyeur. Éventail, instrument de libération, vol vers le pays des immortels; chat blanc, grille noire, torii rouge : portique vers la vie, le divin. Nonchalance dans la manière de filmer qui installe des symboles signifiants pas toujours accessibles à un public occidental. L'ambiance sonore révèle une aura de mystère cerclant les lieux. Impression d'être ailleurs, dans un univers parallèle proche, lieu de kamis fantasques, magie qui conduit à la vérité originelle. Cloches d'une cérémonie shinto, chant des cigales d'ombre et de lumière, yin-yang, cris de la rue, costumes et visages éblouis le temps d'une danse, bonheur d'être libre. Voir ou revoir Le voyage de Chihiro ( , ) dont l'ambiance et les thèmes semblent parfois proches de Shara .


Pierre Coppée

 

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