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Critique

MOTÖRIZER

publié le

Alain Bolle

 

 

Sous quel angle aborder le nouvel album de Motörhead ?

Les différences par rapport aux précédents sont quasi inexistantes tout comme elles le sont plus que probablement pas par rapport aux suivants. Je m’abstiens donc.

Pour autant je ne me tairai point. Attitude paradoxale n’est-ce pas ?

Tous les morceaux de Motörhead sont calqués à quelques rares exceptions près sur un seul canevas. Metal/punk ne comptant jamais plus de trois accords, basse Rickenbacker offrant une distorsion telle une guitare, guitare  passant d’un boogie woogie 50’s à des formes de blues tantôt rapides ou lentes (plus rarement), batterie binaire et martelante.

Motörhead c’est le groupe d’un seul morceau pourrait-on dire. Morceau toujours reconnaissable dans la seconde. Une véritable marque de fabrique pour un groupe en roue libre. Des albums qui seraient autant de prétextes à l’entame d’incessantes tournées. Le leitmotiv on le retrouve dans les textes qui invariablement parlent d’alcool, de baise, de bagarres, de positions anti-religieuses, de bagnoles.

Textes basiques qui ne forceront jamais l’entrée de Lemmy (leader/bassiste) dans les habits verdâtres de l’académisme..

Des écrits à la sulfateuse, tragédie hurlée, aucune déclaration angélique.

Le plus souvent c’est pour étaler ce qui pourrait être communément considéré comme étant un multitude d’excès. La vie sauvage de rockers vivant d’expédients et arborant jour et nuit la rock and roll attitude dont les  éléments principaux seraient la drogue et le sexe.

Contrairement à bien d’autres groupes Motörhead ne travaille pas la subversion dans une logique entrepreneuriale même s’il lui arrive de fournir du matériau à la presse people.

Pour autant qu’il s’agisse de subversion ou de pseudo subversion inutile de dire que ce serait grâce au soutien d’institutions culturelles ou relevant d’un empire multinational même si Sony durant quelques années aura édité ce groupe avant de le virer.

La force des propos de Motörhead c’est le plus souvent une question de décibels.

J’ai eu le bonheur de les voir quatre/cinq fois sur scène au cours de ces quinze dernières années.

Comble de malchance jamais je n’ai estimé que le volume était assez élevé. De plus en plus des organisateurs étranglent les sonos en faisant usage de compresseurs de manière à ne pas dépasser un seuil de décibels proscrits par la loi. Quand ce ne sont pas de vifs conseils prodigués aux spectateurs/auditeurs les enjoignant d’enfoncer des protections cotonneuses dans les conduits auriculaires

Si mes souvenirs d’ancien headbanger sont bons il existe une loi portant le nom d’un sénateur appelé Karel Poma promulguée fin des années 7O empêchant tout dépassement des 11O décibels dans les salles de spectacle. Ce triste sire qui était un aristo (baron) naquit en 1920 et occupa les fonctions de secrétaire d’Etat, fut aussi ministre de la culture du gouvernement flamand.

Ce politique avait réussi à cristalliser une haine conséquente à son encontre.

Cette loi fut heureusement peu appliquée tant nous craignions la mort annoncée du hard rock et du heavy metal dans la rubrique nécrologique de la presse musicale.

Cependant AC/DC en ont fait les frais et je me souviens d’un concert interrompu par des forces de l’ordre équipées d’instruments de mesure du son. 

Du haut de nos 18 ans nous appelions ces engins mortels des « décibellomètres»..

Le léger acouphène  dont je souffre depuis le 21 avril 2OO6 ce n’est pas à Motörhead que je le dois mais bien aux  Melvins. THANK YOU. J. Une légère nuisance faisant penser aux sons produits par la musicienne japonaise Sachiko M et son instrument le sine wave. Une légère haute fréquence permanente.

Le silence n’est-il pas un linceul noir ?

Mais bon je m’égare et m’éloigne du sujet qui m’a été commandé même si le nombre de caractères est atteint.

 

Alain Bolle

 

 

Âmes sensibles s’abstenir !

lemmySacré Lemmy ! Voilà 35 ans qu’il fait du bruit (beaucoup de bruit !) avec ses petits collègues, et ils ne sont pas prêts de se calmer. J’en veux pour preuve ce « Motörizer » qui décrasse les oreilles dès la première note.

Les convertis vont adorer; les détracteurs vont détester; les curieux vont découvrir: ces onze morceaux d’une durée moyennede trois minutes chrono déballent du beau, du bon, du gros son à écouter très, très fort (headbanging en option).

Depuis ses débuts, Motörhead n’a eu de cesse d’explorer les confins du rock hyper-amplifié, pédales de distorsion à l’appui, épuisant quelques sonos et créant de nombreux acouphènes au passage. C’est qu’ils en font, du bruit, rien qu’avec une guitare, une basse et une batterie. Et Lemmy qui braille comme un jeune homme (ou presque).

Avec « Motörizer », le trio continue sur sa lancée, quelque part entre heavy metal, punk rock et blues bien crasseux. Ce n’est sans doute pas un hasard si la première mouture du groupe s’appelait « Bastard »…

Mais oublions les qualificatifs, voulez-vous : Motörhead fait du Motörhead, et c’est très bien comme ça ! C’est d’ailleurs pour ça qu’on les aime… pour peu que l’on apprécie le genre. Parce que Motörhead, c’est du costaud, et c’est pas pour les mauviettes !

L’album idéal pour les réveils difficiles, les lendemains de la veille et les fins de soirées moroses.

Catherine Thieron

 

 

Un mauvais album de Motörhead reste néanmoins un bon moment de rock'n'roll ?

jdHum... Une nouvelle galette de Motörhead... Envie, curiosité, espoir, appréhension et crainte...

Belle entrée en matière avec « Runaround Man », efficace mais qui déjà après quelques secondes sonne comme tant d'autres morceaux récents de la bande du (grand-)père Lemmy.
Le parfum d'amphétamines imprégnées de Jack Daniel's est bien présent, ainsi que ce petit quelque chose de subtil (oui oui) qui continue à positionner leurs disques au-dessus de ceux de la plupart des groupes qui marchent sur leurs traces, mais quid de l'inspiration ?

Les titres suivants ne font que confirmer cette impression : oui c'est rapide et puissant, ponctué d'intermèdes plus lourds (« One Short Life », limite pop (« English Rose ») ou les deux à la fois (« Heroes ») mais l'ensemble sonne tellement déjà entendu et prévisible qu'il en deviendrait presque lassant.

Surtout, la douce caresse au papier de verre gros grains - qui a donné leur charme et leur personnalité à « Overkill », « Ace Of Spades » ou encore « Another Perfect Day » - est absente de cette production aseptisée et trop lèchée. La magie n'opère plus.

Depuis le temps, on peut comprendre que Lemmy en ait plein les bottes (blanches) de jouer « Ace Of Spades » plus de 200 soirs par an mais est-il sérieux quand il clame haut et fort à propos des derniers disques de Motörhead « ils sont nettement meilleurs que ces disques dont tout le monde se souvient » et « j'attends toujours que l'on nous redécouvre » ?
Il y a dans ces affirmations comme un relent de méthode Coué...

Ca fait maintenant un gros paquet d'années qu'un nouvel album de Motörhead ne m'a plus agréablement surpris (il y a bien eu quelques plages de « Sacrifice » ou de « We Are Motörhead »...) et « Motörizer » s'inscrit dans la continuité.
Mieux vaut rererererererererereretourner les voir en concert car c'est sur scène que le trio prend toute son ampleur.

 

Constantin Papageorgiadis

 

 

Lemmy, mon beau Lemmy !

1Qu’ajouter de plus aux commentaires déjà écrits par mes confrères tant sur Motörhead que sur la figure de son inoxydable et emblématique leader, Lemmy Kilmister, seul homme (?) sur Terre à user du whisk(e)y comme d’un élixir de jeunesse. A force de lui chercher des chicots sur la tronche, on finira par le voir partout…

Ainsi, les publics qui partagent une même et dévorante passion pour le rock’n’roll (seul nom que Lemmy donne à sa musique) et les comics s’accordent à penser que le personnage de Lobo (photo) est une transposition à peine exagérée, les chicots en moins, de l’irascible bassiste chanteur dans l’univers de la BD américaine. Appartenant à une race extra terrestre pacifiste qu’il a grandement contribué à éradiquer, Lobo est une caricature de vilain, sans aucun doute le personnage le plus retord de l’Univers DC (celui de Bat Man). Surpuissant, immortel et dénué de la plus infime trace de compassion, il frappe avant de parler, tue comme il respire, et après avoir mis la pâtée à Superman, se voit refuser l’entrée de l’enfer par le Malin qui a horreur de la concurrence !

Le parallèle est facile avec le héros du jour (né en 1945!) qui rongea des années durant son frein de roadie d’Hendrix avant de se faire virer comme un malpropre d’Hawkwind (1975) pour cause d'instabilité chronique, et s’auto proclamer führer de Motörhead où, à l’instar de Mark. E. Smith de The Fall, il fait la pluie et (très rarement) le beau temps ! Ses collaborateurs (Wurzel, Philthy « Animal » Taylor, Phil Campbell) ont beau s’accrocher comme ils peuvent, c’est Lemmy qui décide de tout ! L’homme n’est d’ailleurs pas plus conciliant avec les « rockers », cette espèce post humaine un peu spéciale qui se régénère aussi promptement qu’on lui diagnostique une tumeur fatale. Personne ou presque n’échappe à son courroux mais quand l’escogriffe aime, c’est sans compter. Les donzelles métallisées de Girlschool lui doivent presque tout de leur petite carrière dans les 90's.

1De même, vu l’apparente santé de fer de ce « survivant » du « rock ‘n roll way of life » qui a enchaîné les excès (clopes, poudreuse, bolides, eau de feu) comme les étapes d’un parcours de remise en forme, on reste étonné qu’un distillateur chevronné n’aie pas eu l’idée d’un millésime spécial Lemmy ? Quelque part, ça ferait tâche dans le discours politiquement correct de modération qui règne sans partage mais c'est probablement que l'intéressé n'a que faire de bouteilles qui dorment des années au fin fond d'une cave... Il suffit de le comparer avec la rapide décrépitude de l’un de ses petit frères putatifs, Blaine Cartwright (photo) des grassouillets Nashville Pussy (du Motörhead mâtiné d’ACDC et relevé d’une pointe d’Elvis) pour mesurer la bonne entente du Sieur Kilmister avec Dame Nature. … Peut être que sa manière très christique – bien droit sur ses guibolles, le nez en l’air et les bras en croix pour pleinement pousser cette basse immense dans ses derniers retranchements - de s’égosiller dans un micro toujours placé plus haut que lui (et plus près de toi mon Dieu ?) est le signe d’un pacte passé avec des forces trop peu obscures pour être avouées… 1

Dépassé sur le front de l’agression sonore depuis des plombes par une bonne partie de ses engeances maudites (noise, hardcore, trash death metal… biffer la mention utile), Motörhead capitalise toute sa carrière sur un modèle unique de coulée continue, un hybride metal/punk (Lemmy a toujours préféré les crêtés aux heavy kids, The Damned à Iron Maiden), une mélodie exsangue joué pied au plancher mais qui, reproduite à l’identique à chaque disque voit son impact s’affaiblir dans une semblable mesure. «Motörizer» ne soulèvera pas plus d’enthousiasme que les 5 où 10 dernières plaques du groupe et on se prend à désespérer que ce grand collectionneur d’objets militaires ne réédite jamais le coup de « 1916 ». Un disque motivé par les tueries du premier conflit mondial qui se conclut sur un hymne feu de camp (du même nom) solennel et presque à nu. A fleur de tripes en jargon Kilmisterien...

Mais la petite entreprise Mothöread aime trop le ronronnement bien huilé de sa machine de guerre et repart pour une nouvelle tournée à guichets fermés devant une assistance qui n’achète plus depuis longtemps ses albums. Cherchez l'erreur...

 

Yannick Hustache

 

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