Rome, milieu des années septante. Alors que les Brigades Rouges sèment la terreur, Freddo, le Libanais, et Dandy, amis de longue date, ambitionnent de devenir les maîtres de la ville. Alliés à la Mafia, soutenus par divers politiques véreux, ils connaîtront gloire et déchéance.
Si le film renvoie à Martin Scorsese pour la mise en scène ou à Sergio Leone pour la construction dramaturgique de l’ensemble, c’est surtout aux gialli bien connus du cinéma transalpin que le film doit son aspiration profonde. Romanzo criminale révèle une force brute et obscure directement héritée de la période trouble dans laquelle il se déroule : la mise scène impeccable assimile parfaitement l’histoire de gangsters dans le contexte politique chaotique des « Années de Plomb ». Ainsi les méfaits des protagonistes trouvent-ils un écho retentissant dans la réalité historique (l’attentat de la gare de Bologne, l’enlèvement d’Aldo Moro…). Les parcours respectifs de chacun des personnages s’enchaînent et se croisent sans heurt au gré d’un montage ciselé et dynamique. Mention également aux interprètes, campant chacun leur personnage avec beaucoup de justesse et d'à propos, permettant ainsi au film de gagner en crédibilité et en intensité.
Romanzo criminale s’avère au final une œuvre âpre et palpitante qui rappelle, si besoin en est, que le cinéma italien peut encore enthousiasmer un large public sans perdre en qualité.

Michael Avenia