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Critique

NYC

publié le

Quatrième empoignade sonique pour le duo intergénérationnel. D’un coté, l’électronicien anglais Kieran Hebden qui traîne des savates à donner une vraie suite à son projet principal Four Tet, et de l’autre, le vénérable batteur Steve Reid qui a tenu […]

 

Quatrième empoignade sonique pour le duo intergénérationnel. D’un coté, l’électronicien anglais Kieran Hebden qui traîne des savates à donner une vraie suite à son projet principal Four Tet, et de l’autre, le vénérable batteur Steve Reid qui a tenu les fûts pour quelques pointures du jazz (Miles, Ornette Coleman, Sun Ra, beau palmarès ! Présenté comme un évident hommage au New York où réside Reid et qui se fend d’une déclaration d’amour enflammée pour sa ville dans le livret, « NYC » a été enregistré en deux jours et tâche de restituer autant que faire se peut l’énergie et la complicité qui lient les deux hommes lors de leurs nombreuses et récentes tournées en commun. Alors qu’on pourrait s’attendre à ce que les deux pongistes sonores accentuent davantage les effets de réseaux et de gargouillement en multipliant à l’infini micro-tunnels rythmiques, structures digitales abstraites et interstices bruitistes, reproduisant par-là la complexe circulation des énergies et des flux souterrains irriguant une métropole qui ne dort jamais, c’est plutôt à un relatif «dégazage» que les deux hommes tendent. Les façons de procéder demeurent identiques, un corps percussif qui avance par mouvements ondulants de reptation semi-invisibles au sens où Reid ne conduit pas seul le rythme du morceau mais semble lui filer au train tout en balisant son tracé de ses frappes et roulements séquentiels. Au four et au moulin, c’est en Hebden qu’il faut rechercher l’origine de la partie immergée de ce «beat» fuyant et métamorphique. Mais aussi le maître d’œuvre et l’architecte inventif des «effets concrets» et autres réseaux électroniques libres ou subtilement manipulés qui s’accrochent, s’enroulent, se défont ou reviennent, s’éloignent ou créent d’autres remous tout autour ou en parallèle des lignes de force rythmiques. On y entend une foultitude d’agrégats sonores retravaillés ou de samples détournés (les emprunts guitares foisonnent) qui, sans jamais former autre chose que des croquis mélodiques aux contours incertains, ne cessent de faire revenir pour les engloutir aussitôt, de fugitifs souvenirs musicaux profondément enfouis, étranges marqueurs de ces lieux et évènements qui semblent curieusement familiers des mémoires alors qu’impitoyablement démentis par la topographie vérifiée des trajectoires personnelles. Plus encore que l’impression d’assister au duel amusé de deux larrons en foire, « NYC », avec sa patine moins surchargée et ses articulations élaguées se fait l’écho d’une ruche humaine «en coupe» qui résonnerait tout à la fois du dehors et du dedans…
Fortiche.

Yannick Hustache

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