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Critique

BUSY, CURIOUS THIRSTY

publié le

Après le succès critique de 68 Million Shades, et leur réputation de talent à suivre acquise en produisant (et coécrivant) le « Walking Wounded » de Everything But The Girl, Spring Heel Jack revient avec un album qui répond, sans y répondre, […]

Ce nouvel album, Busy Curious Thirsty, est à la fois plus direct (les rythmes sont bien plus rapides et bien plus mis en avant qu’auparavant) et toutefois encore plus éloigné des standards du genre. Tout en persévérant dans l’utilisation des breakbeats et des percussions de la jungle, le groupe explore plus avant ses autres sources d’influences, poursuivant leurs clins d’œil au rock, à la musique classique et au jazz. Tout en accentuant sur la plupart des morceaux les éléments prédominants définissant la jungle, les rythmiques cassées, ultra-rapides, et les lourdes basses ronflantes, ils se permettent sur plusieurs morceaux de longues envolées lyriques dépourvues de la moindre percussions (le néoclassicisme de « Galapagos 3 » ou l’ambient-jazz de « Bells 2 ») et terminent le disque sur un morceau hybride, « The Wrong Guide », qui préfigure leur carrière future. Conçu autour d’une série de roulements de batteries, dont on ne sait s’ils sont joués ou tirés de disques, le morceau fait le lien entre les boucles de la jungle et les solos de percussions du jazz. Si le morceau (et le reste de l’album d’ailleurs) montre l’influence du swing, des grands orchestres et des musiques de films de Bernard Herrmann ou Carl Stalling, le duo s’intéressera plus par la suite au jazz moderne, entamant en 2001 une série de collaborations avec des musiciens de jazz de pointe comme Matthew Shipp, William Parker, John Surman, John Tchicai, Evan Parker ou Han Bennink. Ces rencontres, publiées dans la « Blues Series » du label Thirsty Ears, coordonnée par Matthew Shipp, les voient confronter leurs méthodes de production électronique à la tradition d’improvisation de la musique spontanée. La réunion de ces deux pratiques si différentes les verra chercher à modifier leurs techniques et leur matériel afin de pouvoir jouer aussi librement que les instrumentistes. Mais pour l’heure, en 1997, cet album donne la mesure de leur degré d’ouverture et de leur soif de nouvelles sonorités. À l’opposé des tendances réductionnistes de la drum’n bass de l’époque, ils multiplient les emprunts et les références à tous les genres sans distinction (mais pas sans discernement), produisant un kaléidoscope complexe de timbres et de couleurs. Et là où d’autres n’auraient réussi qu’à produire une insipide macédoine, trop riche et trop variée, ils parviennent à produire un album hautement cohérent. Toujours en porte-à-faux avec la critique chez eux en Angleterre, le disque leur vaudra toutefois une reconnaissance plus unanime aux États-Unis qui les accueillera à bras ouverts.

Benoit Deuxant

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