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Critique

FI DE L'EAU

publié le

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En 2002 sortait Ouvarosa, premier CD du trio La Bergère composé de Sylvie Berger au chant, Julien Biget à la guitare et Emmanuel Pariselle à l’accordéon diatonique. Un album de « chanson française » qui fut très apprécié, mais presque uniquement dans le milieu traditionnel où, jusque là, évoluait Sylvie Berger dans des groupes comme Roulez Fillettes, La Compagnie du Beau Temps menés, pour la plupart, par la diva française des chants a cappella, Évelyne Girardon. De plus, la direction artistique de l’album avait été confiée à Gabriel Yacoub, ex-leader du groupe mythique Malicorne, qui mène depuis le début des années 80 une brillante carrière solo. Toutes ces références ainsi que le choix de l’instrumentation n’ont pas dû faciliter l’ouverture des portes de la sphère chanson. Dommage ! Car un pas énorme avait été fait par Sylvie qui laissait tomber le voile traditionnel et surprenait en interprétant, avec fraîcheur et délicatesse, de sa voix claire et légèrement acide, douze joyaux composés pour moitié par Yacoub lui-même.
Pour le nouvel opus, Fi de l’eau, la même équipe s’est adjoint les services d’amis de toujours : Gilles Chabenat (vielle à roue), Yannick Hardouin (basse), Frédéric Paris (clarinette et harmonium), Willy Soulette (cornemuse)… Gabriel Yacoub offre avec le surréaliste Fi de l’eau et La dame ira les ramasser, deux belles ballades dans la lignée d’Ouvarosa ainsi que cinq autres textes à la poésie de plus en plus personnelle et raffinée. Parmi ceux-ci, retenons Saint-Jean (mis en musique par Sylvie, inspirée) qui joue avec brio la carte de la chanson traditionnelle. Les paroles aux images déroutantes et subtilement loufoques ainsi que les arrangements dignes du meilleur de Malicorne en font un des deux sommets de l’album, l’autre étant Le prix des roses. Sorti des fonds de tiroir du regretté Roland Topor, ce texte lucide et détaché a ici trouvé sa voix. Et ce grain si particulier qu’a Sylvie s’épanouit au milieu des notes mystérieuses d’Estelle Amsellem et d’Alain Bruel qui, lui, nous donne la chair de poule en entrelaçant accordéon chromatique et accordina. Ceci dit, chacun des quatorze morceaux de l’album mérite toute notre attention. Mentions particulières tout de même pour le claudiquant La saison des fruits rouges (Yacoub/Hardouin) et pour Quand je serai grande, une bouffée de tendresse caustique écrite par Pariselle, frère d’inspiration de Pierre Perret. Il faut aussi citer la reprise a cappella de ce bijou de Dick Annegarn qu’est La Limonade et, enfin, cet Amant de Nantes (seul morceau traditionnel), salé comme l’eau de mer et beau comme l’amer, qui referme logiquement Fi de l’eau.
Comme si de rien n’était, La Bergère a franchi l’étape cruciale du deuxième album sans décevoir, en gagnant même en maturité. Le secret réside sans doute dans le fait que le groupe fait partie de ces artistes libres qui prennent le temps de nous donner le meilleur d’eux-mêmes.

Discographie sélective :

- La Bergère : Ouvarosa, ELF, 2002 - MP6252
- La Compagnie du Beau Temps : Le grand festin, Auvidis, 1990 - MP6820
- Roulez Fillettes : Amours que j’ai, Auvidis, 1990 - MP9280
- Roulez Fillettes : Depuis des lunes, Beau Temps, 1998 - MP9281
- Anthologie de la chanson française. La tradition (15 CD), EPM, 1994 - NX2105
- Éric Montbel : Le jardin des mystères, Nocturne, 2001 - MP8745
- Chants d’Auvergne à voix nue, AMTA, 2002 - MP0178
- Emmanuel Pariselle : La nonchalante, Le Roseau, 2005 - NP0919
- Évelyne Girardon : Répertoire : Polyphonies, monodies, polymonodies, Compagnie Beline, 2005 - MP6775
Guilaume Duthoit
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