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Critique

CAVALCADE

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Grand petit disque au charme délicieusement surannés, « Cavalcade » fait autant l’effet d’une douche glacée sous un soleil de plomb qu’il ne déploie aucun effort pour dissimuler son lignage, identifiable dès le premier passage de l’aiguille laser. […]

Grand petit disque au charme délicieusement surannés, « Cavalcade » fait autant l’effet d’une douche glacée sous un soleil de plomb qu’il ne déploie aucun effort pour dissimuler son lignage, identifiable dès le premier passage de l’aiguille laser. Trio masculin/féminin dont la vocaliste, Heather McEntire, aurait peut être bien quelques liens de parenté avec le très occupé batteur de Tortoise (John, producteur d’un solide paquet de plaques), Bellafea – ou la contraction en un seul de deux termes antinomiques, beau et laid en espagnol – provient de Chapel Hill. Une petite ville étudiante de Caroline du Nord qui, outre l’éclosion du label Merge qui révéla Arcade Fire, s’illustra dans les années 90 comme un foyer très actif de propagation d’une indie pop caressant la mélodie dans le sens du bruit. Superchunk ou Polvo et une cohorte d’autres insoumis mal récompensés qui s’engouffrèrent dans la brèche ouverte par Sonic Youth ou encore Unwound. De ce passé pas mort (pop et rock noise sont passés dans le dico et Last FM regorge de postulants suiveurs) demeure ce goût des chansons revêches, des dissonances à peine assouplies, des équilibres rythmiques précaires, et une logique permanente de la tension. Mais aussi, à l’instar des (ex) Slater Kinney, Pretty, Girls Make Graves et (même) Shannon Wright, une espèce d’innocence doctrinale (?) dans le traitement des émotions: sans afféterie ni calcul, sans éluder la nature fondamentalement ambivalente de celles-ci, et ouf (!) sans déperdition d’énergie aucune. Cohérent dans ses choix avec un compère de Steve Albini, Bob Weston, bassiste à ses heures dans Shellac et Mission of Burma au mix, et un label pointu, Southern Records pour toit, Bellafea n’entend pas faire vaciller le monde du rock de son socle, comme il le confesse très justement dans «Run Rabbit Run» (« …Ils ne s’intéressent pas vraiment à ce que vous êtes tant que votre disque ne se vend pas... »). Entre uppercuts sonores vicelards visant les articulations (« Depart, I Never Knew You », «Walking Distance »), caresses du bout du tranchant des ongles (poignant « Telling The Hour » et son archet inquiet), faux plat instrumental (« Geography ») et mini hits tordus (« Artic », « Bones To Pick »), Bellafea fait constamment souffler le chaud et le froid sans jamais verser d’eau tiède…

Yannick Hustache

 

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