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Critique

MARY ET MAX.

publié le

Adam ELLIOT : « Mary And Max » (Australie, 2009 – DVD : Gaumont, 2010)

 

... aux antipodes de nos latitudes un garçon nommé Adam Elliot. Un beau jour, il y a de cela une vingtaine d'années, il reçut une lettre d'un Américain atteint du syndrome d'Asperger. Et ce n'était là que le début de l'histoire...

En effet, la genèse de ce drôle de film d'animation remonte à une vingtaine d'années, quand le futur réalisateur de la banlieue de Melbourne alors âgé de dix-sept ans découvrit dans sa boîte aux lettres la missive d'un Américain à la recherche d'un correspondant. Plus de vingt ans plus tard, ils s'écrivent toujours (uniquement des lettres physiques, jamais d'e-mails), et l'Australien s'est inspiré de leur histoire pour concevoir l'un des plus beaux longs métrages d'animation pour adultes qu'il nous ait été donné de voir.

mary & max

Association de solitudes

Mary And Max, c'est l'histoire peu banale d'une petite Australienne solitaire qui pioche le nom d'un quarantenaire New Yorkais obèse au hasard de l’annuaire téléphonique. Les premiers échanges épistolaires entre Mary Dinkle et Max Horowitz marqueront le début d'une correspondance (et d'une profonde amitié) qui s'étalera sur vingt ans.

Cette amitié peu commune entre deux âmes esseulées est mise en scène avec force et poésie par Adam Elliot qui reçut en 2004 l'Oscar du meilleur court métrage d'animation pour son remarquable Harvie Krumpet, mettant déjà en place son sujet de prédilection: le droit à la différence et l'acceptation de celle-ci. Dans le cas de Mary And Max, la différence a plusieurs visages: ils doivent leur solitude à une tache de naissance sur le front pour Mary et au syndrome d'Asperger, une forme d’autisme, pour Max, mais le réalisateur va bien au delà des apparences et développe avec subtilité toutes les facettes de ses personnages au fil du récit.

Pour ce faire, il s'est entouré d'une importante équipe qui a travaillé cinq années durant à la conception du film, et le résultat est tout simplement époustouflant, tant d'un point de vue narratif que technique : entièrement animées « à l'ancienne » selon la technique du stop motion, les figurines en pâte à modeler évoluent dans des décors étonnants de justesse où planent les ombres des nombreuses influences. Ainsi, le spectateur apercevra les silhouettes de Diane Arbus et de Holly Golightly (telle qu'elle fut interprétée par Audrey Hepburn dans Diamants sur canapé), la première étant une source d'inspiration totalement assumée par Adam Elliot, bien plus, selon ses propres dires, que ses pairs du cinéma d'animation, à commencer par le studio Aardman (Wallace et Gromit). Outre la mise en valeur de « tronches », il suffit pour s'en convaincre de regarder la façon dont est cadrée chaque scène, avec ce même souci d'espace cher à la photographe américaine. De plus, Adam Elliot installe pour chacun de ses protagonistes une ambiance qui lui est propre, puisant dans toutes les nuances de bruns et de sépias pour la banlieue australienne de Mary et dans une palette de noirs, blancs et gris pour l’environnement de Max. Un souci du détail qui fait de ce film un régal pour les yeux !

Pour les oreilles, nous avons les voix de Barry Humphries à la narration (il succède ainsi à l’immense Geoffrey Rush, magnifique voix off de Harvie Krumpet), Bethany Whitmore et Toni Collette pour Mary Dinkle enfant et adulte, ainsi que du spectaculaire Philip Seymour Hoffman qui transcende les pensées – pas toujours faciles à suivre – de Max.

Déconseillé par le réalisateur aux moins de huit ans, Mary And Max aborde avec beaucoup de tact des sujets aussi délicats que l’alcoolisme, le handicap ou le suicide et, prenant à contre-pied les Disney et autres Pixar, apporte une véritable bouffée d’air frais dans le milieu souvent formaté du cinéma d’animation.

 

Catherine Thieron

 

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