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L’Iran contemporain, hip hop et musique expérimentale


Une image du film Les Chats persans, de Bahman Ghobadi
Si le rock et le heavy metal sont officiellement interdits en Iran, il existe toutefois une scène underground qui doit lutter quotidiennement pour organiser des concerts, et contourner la censure pour publier des disques et passer en radio. C’est également le cas pour le milieu du hip hop et des musiques électroniques. Beaucoup de musiciens ont préféré s’exiler à l’étranger, mais certains tentent de poursuivre leurs activités à l’intérieur du pays.

Après la modernisation forcée du pays sous le régime du Shah, et l’occidentalisation de la musique iranienne, la révolution islamique va représenter un virage à 180° et de manière générale, un coup dur pour les musiciens de tous styles. Les artistes classiques et traditionnels ont été, au mieux, tolérés par le nouveau régime, mais les genres influencés par l’Occident, comme le rock et la pop, ont rapidement été proscrits. Même les musiciens qui avaient soutenu la lutte contre la dynastie ont été progressivement réduits au silence. La génération de Googoosh et de Kourosh Yaghmaei a ainsi disparu des projecteurs, parfois de son plein gré, par prudence, parfois contrainte et forcée par le Ministère de la Culture et de l'Orientation islamique (à partir de 1984).


Une grande vague d’immigration vers l’étranger a à cette époque emmené une population mélangeant anciens partisans de la monarchie, élites financières, mais aussi intellectuels et artistes, vers les États-Unis et particulièrement vers Los Angeles. Déjà prisée avant 1979 par les « nouveaux riches » iraniens, la ville a vu passer en quelques années la diaspora persane de quelques 500 personnes à plus de 120.000 losanjelesi. C’est dans ce Tehrangeles que s’est développé une grande partie de la musique populaire iranienne en exil. Cette pop sophistiquée, un peu clinquante, aura une certaine influence sur la musique de la mère patrie, malgré les tentatives de la république islamique de bloquer son importation.


Parmi les artistes de la diaspora, on peut citer Sussan Deyhim, partie de Téhéran pour étudier à Bruxelles, et finalement s’installer aux USA. L’installation vidéo et sonore de l’artiste iranienne Shirin Neshat, avec de la musique de Deyhim (Logic of the Birds, 2002), est particulièrement intéressante, explorant les liens entre féminité et islam fondamentaliste. Dans le monde de la fusion électronique, on peut également citer les chanteuses Azam Ali et le groupe Niyaz, qui ont enregistré des albums très mélangés, aux influences persanes mais totalement ancrés dans des sonorités contemporaines, de l’ambient à l’électronica. D’autres scènes se constitueront également en Europe, où des musiciens ont choisi de s’installer, et continuent à travailler, généralement sans plus de contact avec l’Iran. On peut ainsi parler en France du groupe Vox Populi ! dans les années 1980, et plus récemment du duo 9T Antiope, et aux Pays-Bas de la musicienne Sevdaliza. 


Pendant ce temps, en Iran, la nouvelle génération s’est lassée de la musique losanjelesi, et cherche sa propre voie, notamment dans le hip hop, même si peu d’artistes obtiennent les autorisations officielles indispensables pour pouvoir se produire en public. Le film de Bahman Ghobadi, Les Chats persans, sorti en 2009, montre bien les problèmes que posent aux musiciens la censure et le contrôle policier. On y voit les tentatives du groupe Take It Hospital pour sortir du pays, et on y croise des figures du hip hop comme Hichkas. Dans certains cas, des textes trop critiques, ou jugés « indécents » peuvent mener à des conséquences plus graves comme des arrestations et des peines de prisons, voire des menaces de mort comme la fatwah lancée contre le rappeur Sharin Najafi, entretemps exilé en Allemagne.


La scène expérimentale et électronique est également très vivante, avec notamment le travail du compositeur Ata 'Sote' Ebtekar, né à Hambourg mais travaillant à Téhéran, et une jeune génération incluant Siavash Amini, Tegh, Dipole, Idlefon et Umchunga. Une anthologie du label allemand 30M, This is Tehran, présente une sélection de cette nouvelle scène expérimentale. (BD)


 

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