Mondorama

menu

Une multitude de traditions : polyphonies vocales et instrumentales


L’Ethiopie est peuplée d’une mosaïque d’ethnies différentes, parlant une centaine de langues, et dispersées sur un territoire immense et montagneux souvent difficile d’accès. Il en découle une diversité musicale très riche mais également très complexe.
Musiciennes de l’ethnie Hamar, une photo de Rod Waddington (en creative commons, via flickr)

L’Ethiopie est peuplée d’une mosaïque d’ethnies différentes, parlant une centaine de langues, et dispersées sur un territoire immense et montagneux souvent difficile d’accès. Il en découle une diversité musicale très riche mais également très complexe. Comme dans de nombreux autres pays, certaines traditions disparaissent, d’autres sont interdites, notamment par les missionnaires évangélistes, et certaines enfin évoluent au contact de la modernité.


Le nord et le centre du pays sont dominés par une musique qui est interprétée par des artistes professionnels, et qui est souvent plus urbaine, concentrée autour de la capitale Addis-Abeba. Cette région est peuplée par les Amaharas qui ont créé une tradition accompagnée d’instruments comme la lyre krar, la vièle masenqo ou la flûte washint. Ces musiques ont été influencées par l’urbanisation et seront abordées dans un autre chapitre.


Une caractéristique que l’on retrouve chez beaucoup de peuples du sud éthiopien est l’attrait pour la polyphonie, qu’elle soit vocale ou instrumentale. Il serait impossible de détailler toutes les facettes de ces traditions extrêmement variées mais on peut citer la musique des Dorzé, vivant dans le sud-ouest du pays. Leurs chants polyphoniques accompagnent les tâches de la vie quotidienne et sont interprétés lors des travaux agraires et des réjouissances. Ils présentent des similarités avec ceux des Pygmées, avec l’utilisation de yodels. Toujours dans le sud-ouest, vivent les Ari, peuple d’agriculteurs sédentaires. Ceux-ci utilisent toutes les possibilités de la voix dans diverses cérémonies liées au cycle agraire et à la vie quotidienne. Les polyphonies des Aderi, ethnie vivant dans le sud-est, présentent quant à elles des similarités avec celles des chœurs albanais et bulgares, notamment dans leur virtuosité et l’utilisation de divers intervalles particuliers (seconde, tierce majeure ou mineure, quarte et quinte).


Parallèlement à ces polyphonies vocales existent des traditions similaires instrumentales : il y a par exemple chez les Gidole et les Maale des ensemble de flûtes très simples, jouées en hoquet, chaque musicien ne produisant qu’une seule note. Chez les Maale, mais aussi chez les Maji, ces morceaux se passent même parfois des instruments : les participants jouent différents airs en sifflant. 


Les Tigré, vivant à l’extrême nord du pays, poussent l’exploitation du corps à l’extrême : ce n’est pas uniquement la voix qui est utilisée mais aussi différentes parties de l’être humain. Jean Jenkins, ethnomusicologue qui a beaucoup enregistré dans la région durant les années 1960, présente par exemple un « chant d’aisselles » réalisé en comprimant l’air entre l’aisselle et la main. (ASDS)


À PointCulture

Nous utilisons des cookies pour améliorer l’expérience utilisateur et analyser le trafic sur notre site web. En cliquant sur “Accepter tous les cookies“, vous consentez à l’utilisation de cookies sur notre site web.