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Musiques de cour d’Okinawa – chants classiques et drames dansés


Uzagaku - Musique de cour d’Okinawa, une photo de wikitaro (wikicommons)
Okinawa a pendant longtemps été le siège d’une cour royale, où s’est développée une tradition musicale de chants et de drames dansés ainsi qu’un instrument propre à l’archipel, le sanshin.

A 500 kilomètres au sud des îles principales du Japon se trouve l’archipel Nansei, aussi nommé Ryukyu, s’étendant jusqu’à Taïwan dans la mer de Chine orientale, des îles Amami (qui historiquement faisaient partie des Ryukyu mais pas géographiquement) aux îles Yaeyama, en passant par les îles Okinawa et Miyako. Elles ont été un royaume indépendant de 1429 à 1879 et étant au cœur des relations commerciales entre la Chine et le Japon, elles étaient ouvertes aux influences culturelles des deux régions, ainsi que de l’aire Pacifique. Le Japon a annexé le royaume dès 1609 mais c’est à partir de la fin du 19e siècle qu’il a augmenté son emprise, imposant sa culture et sa langue (on y parlait l’okinawaïen ou uchinaguchi, une langue locale qui se décline en divers dialectes selon les îles et qui est encore pratiquée à côté du japonais). Cependant, ces îles ont gardé des traditions propres qui sont nées du brassage culturel avec la Chine, le Japon, la Corée, les Philippines, la Malaisie, l’Indonésie…, avec une musique de cour spécifique et des chansons populaires uniques.


C’est sur l’île d’Okinawa que se trouvait le centre du pouvoir royal, au château de Shuri. Une culture de cour s’y est lentement formée, avec un répertoire de danses, de chants et de drames musicaux. Ces derniers, nommés kumi-odori, étaient interprétés dans le passé lors des réceptions organisées pour les délégués de l’empereur de Chine. Ils peuvent être comparés au nô et au kabuki. Un chanteur raconte les états d’âme des personnages et décrivent les paysages. Les danses sont très sophistiquées, avec des mouvements mesurés et contrôlés, rendant les spectacles très intenses et introspectifs. Les danses et les drames musicaux sont accompagnées d’une musique particulière, très différente des traditions populaires (minyo). Elle est jouée sur divers instruments comme la flûte fue, la cithare koto et les tambours taiko mais aussi sur l’instrument emblématique des îles Ryukyu : le sanshin.


Ce luth à trois cordes pincées à l’aide d’un plectre dérive du sanxian chinois et est arrivé à Okinawa par l’intermédiaire d’immigrants du Fujian. Sa caisse de résonance est recouverte de peau de serpent. Sur les îles principales du Japon, il se transformera et deviendra le shamisen, plus grand et au sonorités plus sèches. Dès le 17e siècle se développe un répertoire spécifique à la cour royale d’Okinawa et divers musiciens composent et collectent des chants. Ceux-ci suivent une certaine mélodie mais le sanshin ne la suit pas vraiment. Il l’anticipe plutôt, créant une architecture pour celle-ci. Ce chant est en général très lent et très aigu, avec de nombreuses ornementations vocales et tonales. Les textes parlent d’amour, du travail, des fêtes, de la mer, de la nature. Avec la dissolution du royaume en 1879, l’instrument quitte la cour et commence à être joué par le peuple qui lui insufflera des rythmes plus rapides. (ASDS)


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