Troisième album déjà pour Cécile Schott, alias Colleen, qui clarifie une méprise. Classée un peu rapidement à ses débuts dans l'électronica, Colleen prouve définitivement avec cet album qu'il n'en est rien et n'en a jamais rien été. Fini sur cet album l'usage des samples, des effets, des delays, etc., il serait plutôt question ici d'une nouvelle musique acoustique, voire d'une nouvelle forme de classicisme. Peut-être faut-il d'ailleurs renoncer tout de suite à classifier cette musique et l'appeler dorénavant " la musique de Colleen ". Musicienne touche-à-tout et multi-instrumentiste insatiable, Cécile Schott rêvait depuis quelque temps d'ajouter à sa collection une viole de gambe, instrument ancien et rare qu'elle avait jusqu'ici remplacé par un violoncelle. C'est à présent chose faite avec une viole faite sur mesure par un artisan, François Danger, luthier à Rouen. Munie de ce précieux objet tout neuf, Colleen nous propose ici un album faisant référence à la musique baroque et à des figures comme Marin Marais, inspiration reconnue depuis la vision du film Tous les matins du monde, qui l'avait lancée à la recherche de la viole idéale. D'autres éléments sont ajoutés pour confirmer davantage l'aspect " musique d'époque " du disque, comme la présence sur une composition d'une épinette, sorte de clavecin, ou simplement le jeu qu'elle applique à sa guitare classique, que l'on dirait transféré d'une partition pour viole. Mais là où tous ces éléments pourraient laisser présager un album sombre et rigoriste, Colleen parvient à nous proposer neuf plages légères, quasi impressionnistes, où l'on sent l'envie de se perdre dans le son et d'écouter jusqu'au bout la résonance de chaque note. Chaque accord, chaque arpège est découpé, allongé afin de pouvoir distinguer la moindre attaque de corde, la plus infime réverbération de l'instrument dans l'espace. Les ondes silencieuses est véritablement un album contemplatif plutôt qu'introspectif, tout à la joie de se fondre dans l'écoute, dans la beauté du son. BD

"C'est désormais vers des instruments classiques appartenant à l'âge baroque, en l'occurrence la viole de gambe et ponctuellement, l'épinette (sans oublier quelques instruments acoustiques), que son goût et sa recherche formelle tendent. Certes, il s'agit moins, dans cette exploration conduite à partir d'une viole construite spécialement pour elle, de ressortir les ors et les fastes baroques que d'imprimer une inspiration plutôt janséniste à ces pièces austères, dont les notes se détachent hors de tout élan, dans une sorte d'à-plat caractéristique : minimaliste, répétitif, avançant par élargissement progressif, le mouvement musical a effectivement tout de la vibration amplifiée des ondes sur une mer tranquille. La lenteur et l'espace de propagation sont les conditions mêmes de l'écoute." www.popnews.com