Personnage clé de la scène électro allemande au travers de son label Monika Enterprise, Gudrun Gut affiche une biographie impeccable, commençant avec sa participation aux débuts d'Einstürzende Neubauten, suivie par la formation de Malaria!, pour arriver aujourd'hui à animer régulièrement sur Radio Eins un programme intitulé Oceanclub Radio, dont la programmation éclectique fait la part belle à l'électronique. Étonnamment, " I Put a Record On " est son premier vrai disque solo, si l'on excepte son album de collaborations " Members of the Ocean Club ", où elle recevait ses amis, de Myra Davies à Anita Lane, pour quelques morceaux en duo. Bien qu'il puise ses influences dans le rock et la techno, cet album possède une touche ambient, tout en retenue et en réserve, mid-tempo à l'excès, qui en fait une continuation logique de son travail radiophonique plus qu'un assaut frontal des clubs ou des charts. La musique est une techno minimaliste et flâneuse, faisant la part belle aux loops et aux samples, mais avec économie. Chaque pièce est ciselée à partir d'un ou deux sons, rarement plus, deux ou trois gouttes de tango en ouverture du disque, quelques notes de blues par-ci par là.

Outre une reprise de smog " Rock Bottom Riser " (qui serait née durant une pause détente chez Monika lorsque Gudrun et son associée Uta Heller se sont mise à fredonner ce morceau, avant de décider de l'enregistrer), chacun des morceaux cite ses sources d'inspirations (Buenos Aires, New Order, Dabrye, le Blues...) et est dédié à un ami. Car s'il s'agit d'un album solo, Gudrun Gut n'en a pas pour autant tenu ses amis à distance: on retrouve à ses côtés Thomas Fehlmann, son collègue d'Oceanclub, Manon P. Duursma, ex Malaria! et ex-Matador, Uta Heller, Matt Elliott ainsi que Pipilotti Rist qui signe la vidéo " Celle " qui accompagne l'album. Imprégné à la fois de sérénité et de sensualité, nimbé d'un calme Olympien, ce nouveau/premier disque confirme un talent sobre et réservé, qui s'impose à pas feutrés. (bd)