« Cet enregistrement présente deux Requiems autrichiens. Ces deux oeuvres sont de caractères totalement différents. Le Requiem de Johann Joseph Fux fut écrit en 1720 pour les funérailles d'Eleonora de Neubourg, veuve de l'empereur Leopold Ier. Écrit par un musicien réputé pour sa compétence théorique, il impressionne par la qualité de l'écriture polyphonique à laquelle il associe un tissu instrumental très riche comportant, outre les violons, les cornets, trombones et basson, instruments qui bénéficient aussi d'interventions concertantes. Ce Requiem a été joué à de nombreuses occasions pour des cérémonies officielles, encore en 1740 pour les funérailles de Karl VI. Par contre, celui de Johann Caspar Kerll se présente d'une façon bien plus intimiste. Comme il l'indique dans la préface de l'édition, ce requiem est écrit « pour le repos de mon âme ». Il est destiné à un ensemble de cinq voix soutenues par un quatuor de violes de gambe. D'un style plus archaïque, son intense émotion est sans aucun doute influencée par la musique de son maître romain, Giacomo Carissimi. » (site d'Outhere-music.com)

L'ensemble Vox Luminis, mené par le baryton-basse Lionel Meunier et les ensembles instrumentaux L'Achéron d'une part (Kerll), Scorpio Collectief d'autre part (Fux) se penchent sur deux messes des défunts préfigurant le Requiem de Mozart, celle de Johann Caspar Kerll (1689) et de Johann Joseph Fux (1720).

Formé à Rome chez Carissimi et Frescobaldi, Johann Caspar Kerl (1627-1693), dont on connait davantage la musique pour claviers, fut organiste à la cathédrale Saint Etienne de Vienne puis à la cour des Habsbourg. C'est dans le recueil « Missae sex, sum instrumentis concertantibus » de 1689 dédié à l'empereur Leopold Ier que figure cette messe dont les parties vocales sont accompagnées par un consort de violes et d'un continuo à l'orgue. Il en résulte un caractère plutôt sombre, recueilli et intimiste.  Né plus de 30 ans après Kerl, Johann Joseph Fux (1660-1741) a occupé également des fonctions à la cathédrale Saint-Étienne dont il devient Kapellmeister en 1715. Le solennel Kaiserrequiem de Fux a été écrit pour les funérailles de la veuve de l'empereur Léopold Ier...  La mise en oeuvre prévoit 5 solistes (deux sopranos, alto, ténor et basse) tandis que l'accompagnement instrumental mélange les cordes (violons, alto) aux vents (cornets, trombones, basson) soutenus par le continuo. Ces deux requiems offrent une vision contrastée sur la liturgie des défunts telle qu'on la pratiquait en Autriche au début du 18ème siècle.