De l'abstract hip-hop (cf. le label Anticon) revisité par des musiciens de jazz de la scène alternative et sur lequel plane par moment une ombre dubo-laswellienne (avec qui Craig Taborn a collaboré). Cette caractéristique n'étant - selon moi - fort heureusement que très légère.Le guitariste David Torn est un post Frisell façon Marc Ducret ou David Tronzo. Il affectionne par moments les " gros sons guitare " hérités du rock ; et le saxTim Bern les digressions post Coleman (lisez Ornette). Un p'tit coup d'électronique par ici, une intervention bruitiste par là et le décor est planté. Bienvenue au XXIe siècle ! Tout cela pourrait augurer d'un opportunisme malséant, d'un fastidieux ouvrage de commande dans l'air du temps. Et bien non, la sauce prend. L'album fonctionnedans la mesure où il est (presque) facile de s'y laisser prendre. On peut s'amuser à en reconnaître tous les éléments sans le confondre avec un autre. Et puis, pourquoi pas ? Louis Armstrong a bien fait un album avec les chansons de Walt Disney ! Et même si je suis plus fan de Louis, je préfère l'album de Torn. Pour le label ECM, l'album constitue également un virage. Il ne leur reste plus qu'à lâcher cette réverbe pour rentrer eux aussi dans le XXIe siècle. (MK)