"Je ne fais pas partie des artistes dont on peut passer la musique lors d'un dîner." Ainsi s'exprime Damien Saez, et on ne saurait lui donner tort. Surtout à l'écoute de "J'accuse", qui emprunte son titre au fameux pamphlet d'Émile Zola, et dont la sortie a été précédée d'un parfum de controverse, notamment à cause de sa pochette représentant une femme nue dans un caddie de supermarché. Le propos est clair dès les premiers titres : Damien en a toujours gros sur la patate et a l'intention de tout déballer sans prendre de gants, en citant même d'emblée les références de Bérurier Noir et des Clash. En fait, c'est surtout à Noir Désir que l'on pense, pour ce timbre et cette diction proches de Bertrand Cantat, sur fond de rock convulsif. Mais après tout, les comparaisons systématiques avec Noir Désir ont désormais tendance à vouloir ôter toute légitimité aux groupes de rock qui cherchent à dire quelque chose d'un peu plus évolué que "I love you"... Et les fans de Luke ou Saez se moquent bien des ressemblances avec Noir Dèz' puisque, de toute façon, le groupe de Cantat n'est probablement pas près de revenir sur le devant de la scène. On ne perd donc rien à apprécier ses héritiers. Néanmoins, si l'on est plutôt heureux de voir qu'un artiste ayant une certaine renommée se permet de cracher des textes d'une telle virulence, et reprendre ainsi le flambeau des auteurs de L'Homme Pressé, on est par contre un peu gêné qu'il n'ait pas jugé bon d'enrober un peu mieux ses paroles revendicatives. Car,même si certaines compositions font mouche, le côté très verbeux a souvent tendance à alourdir les chansons. Saez a tellement de choses à dire, tellement de gens à accuser, qu'il en oublie parfois qu'il fait avant tout du rock et que,pour atteindre parfaitement son but, il lui faudrait aussi viser une efficacité immédiate, une mélodicité plus évidente. (www.allomusic.com)