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Portrait

Pete Seeger

Pete Seeger

Pete Seeger (1919 - 2014)

publié le

Pete Seeger, un artiste folk remarquable

Pete Seeger a toujours été un artisan de la chanson traditionnelle et de sa réutilisation sur tous les fronts. Seeger est un monument trop souvent oublié chez nous, monument de simplicité, de musicalité, d’humanité en chansons. Monument de l’engagement aussi. Il s’est battu, le bougre, pour toutes les bonnes causes, avec son banjo, sa guitare et des centaines de chansons venant de l’histoire, de ses amis ou de lui-même. Il est passé par toutes les causes qui ont tenté de faire évoluer une Amérique esclavagiste, raciste, libérale, anti-communiste, impérialiste, faussement puritaine et lamentablement fondée sur l’exploitation des uns par les autres et sur une pollution sans vergogne. Il fut menacé, poursuivi, fiché sur la liste noire du McCartysme. Il existe, aux États-Unis, des centaines de documents sur Pete Seeger, ceux du FBI étant particulièrement édifiants. Il était alors considéré comme un dangereux activiste, certains concerts étant annulés par les autorités pour leur connotation politique. Il fut attaqué physiquement par des hordes d’anti-communistes qui tentèrent de l’empêcher de rejoindre Paul Robeson pour un concert. C’était en 1949, la presse disait de Robeson qu’il était violemment et ouvertement pro-Russe. Ces chanteurs luttèrent contre le fascisme, contre le Ku Klux Klan, contre la ségrégation raciale, contre la pauvreté, contre la guerre au Vietnam, contre l’uniformisation des goûts, contre la violence, contre la société capitaliste…

Pete Seeger est né en 1919 dans une famille d’intellectuels pour qui la musique était essentielle. Son père, Charles Seeger, était un chercheur folkloriste, sa mère était professeur de violon. Il apprit rapidement à chanter puis à jouer banjo et guitare. Mais c’est en 1935 qu’il aura le coup de foudre pour la musique traditionnelle de son pays. Après avoir participé à un festival en Caroline du Nord, il décide de se consacrer à cette musique et d’entamer des recherches sur les traditions et leurs origines. Alan Lomax l’aide en ce sens parce que Pete se rend à la Library of Congress pour étudier les archives et collectages. La ballade américaine et son histoire n’ont plus de secret pour lui; il en interprète des dizaines à sa façon, développant son jeu de banjo ou de douze cordes avec beaucoup de talent. Soucieux de maintenir cette tradition de chanson dans un contexte social, il comprend très vite que la ballade est un concept évolutif, jamais figé; et qu’il en est de même pour les airs traditionnels. Cet immense répertoire devient alors la source de ses propres compositions et arrangements destinés à s’inscrire dans les combats qu’il désire mener. Il compose des chansons de lutte, des chansons d’espoir, des chansons pour faire découvrir ce répertoire aux enfants. Il va également chercher au-delà des frontières pour interpréter d’autres traditions et rendre hommage à d’autres peuples, qu’ils soient Africains ou Sud-Américains. Mbube et Guantanamera deviennent des hits internationaux grâce à lui, mais également des hits de combat dont les droits d’auteurs sont renvoyés aux compositeurs. Il lui arrivait de dire sur scène « voici une vieille chanson traditionnelle que nous avons composée la semaine passée ». Il voulait prolonger ce côté vivant de la chanson véhiculée de génération en génération et donc toujours susceptible d’être remise au goût du jour.

Pete Seeger

Il créa les Almanac Singers avec Woody Guthrie, Lee Hayes et Millard Lampell. Ils chantèrent la lutte ouvrière, les syndicats, les injustices sociales. Le groupe chantait à la demande pour les organisations syndicales, se rendant à même le terrain. En 1949, à la dissolution des Almanac Singers, Seeger et Hayes créent les Weavers avec Fred Hellermann et Ronnie Gilbert. Erik Darling les rejoindra plus tard. Le groupe tourne énormément avec un répertoire de ballades et de blues anciens, de chansons engagées et d’emprunts respectueux aux traditions du monde. C’est parfois un succès énorme comme leur version du Irene Goodnight de Leadbelly vendue à plus d’un million d’exemplaires. Mais Seeger garde la tête froide. Il a une attitude exemplaire en matière de droits d’auteurs, ne touchant que ceux sur ses propres compositions. Et encore. Il en reverse souvent une part importante à des associations antiségrégationnistes. Et lorsqu’il écrit une méthode pour apprendre le banjo, il considère ne devoir toucher aucun droit puisque le banjo et sa tradition appartiennent à tout le monde.

On ne compte pas ses disques, ses contributions à d’autres œuvres, ses écrits, ses participations actives à des revues comme Sing Out, ses prises de position... On ne compte pas non plus le nombre d’artistes qu’il a fait découvrir au monde entier, pas plus que le nombre d’artistes qui lui ont rendu hommage. Tous les folk singers américains l’ont salué un jour ou l’autre, de Dylan et Joan Baez, à Arlo Guthrie ou Don MacLean. Sans oublier son demi-frère Mike Seeger, grand musicien et chanteur spécialiste de la musique old time, ni sa sœur Peggy Seeger qui fut l’épouse de Ewan MacColl, chanteur écossais engagé avec qui elle passa sa vie à chanter ballades et autres chansons que n’a jamais reniées Pete lui-même. Aujourd’hui, Peggy continue et le banjo sonne en ses mains comme en celles de ses deux frères.

Le label Smithsonian Folkways a consacré une large partie de son catalogue à l’œuvre de Pete Seeger. Beaucoup de disques ont revu le jour sous la forme de compacts. D’autres existent encore dans les collections de la Médiathèque dans leur version LP.

Un conseil pour commencer :

Sur ce disque, vous découvrirez des chansons de lutte et d’espoir, des chansons qui revendiquent, qui dénoncent, qui poussent à la vie. Des chansons que quelques chanteurs yéyé crétins ont parfois stupidement traduites en français ! Achetez ce disque, c’est un des grands de ces deux derniers siècles.

Et pour en savoir plus, explorez sans hésiter, prenez des risques, découvrez, écoutez attentivement. Ces chansons ne sont pas de vulgaires produits de consommation.

Et retournez vers les collections de la Médiathèque pour découvrir le chanteur et ses amis en DVD sur :

Ou sur



Ou pour écouter les hommages qui lui furent rendus sur trois CD :

(A lire : Jacques Vassal. Folksong. Une histoire de la musique populaire aux États-Unis. Albin Michel et Etienne Bours, Pete Seeger, un siècle en chansons, Editions Le Bord de l'Eau)

Etienne Bours, 2007

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