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Portrait

Olivier Messiaen

Olivier Messiaen

publié le

Il y a cent ans naissait Olivier Messiaen, compositeur capable de transgresser des règles sans en figer de nouvelles, intellectuellement sensible à la nature envisagée pour elle-même et non comme projection de soi, un homme, aussi, d’une profonde […]

Il y a cent ans naissait Olivier Messiaen, compositeur capable de transgresser des règles sans en figer de nouvelles, intellectuellement sensible à la nature envisagée pour elle-même et non comme projection de soi, un homme, aussi, d’une profonde cohérence spirituelle, enthousiaste, habité par la joie, l’émerveillement, l’inspiration.

Il importe de comprendre que, malgré un parcours artistique conventionnel (conservatoire, organiste, professeur), Messiaen n’a jamais considéré la musique comme un univers hermétique, hors du monde. Au contraire. Associant volontiers les couleurs aux sons, il construit ses œuvres telles des vitraux, cherchant à contredire le déroulement du temps par une utopie sonore fondée sur la simultanéité d’éléments successifs. Fascinante source d’inspiration, la nature est envisagée à l’état brut, observée à l’œil – et à l’oreille – nus, hors des déterminations conceptuelles, telle qu’elle se donne à priori, fluctuante, irréductible à la pensée. Il développe ainsi une gamme personnelle de sons et d’accords, par la transcription du chant des oiseaux. Des marches matinales et solitaires, d’innombrables heures d’écoute peu à peu façonnent des oiseaux idéals, pareils aux Nymphéas de Monet, peintures sonores uniques d’une collection de moments. Il y a, chez Messiaen, une foncière indifférence aux formes établies, une façon de les gravir comme les marches d’un escalier, sans s’y arrêter, encore moins s’y fixer. Cette évolution artistique constante rend ses innovations presque contingentes ; ainsi, son mode de valeurs et d’intensités, (chaque note prend un caractère propre, radicalisation de la sérialisation de Schoenberg), représente à peine un moment dans sa création, qu’il choisit de ne pas poursuivre, laissant le champ libre à ces célèbres élèves : Stockhausen, Boulez, Xenakis…

L’œuvre de Messiaen répond à un mouvement perpétuel, une soif d’altérité qui se marque également dans l’instrumentation. Ce sont des orchestres improbables tel celui de l’opéra Saint-François d’Assise, comprenant cent dix-neuf instrumentistes. Ses compositions introduisent une multiplicité d’instruments anciens, modernes (ondes Martenot) et ethniques (gamelan balinais). Même soif de diversité au niveau des influences musicales, puisées dans les rythmes du monde entier, hindous, sud-américains, japonais… Evitant le spectaculaire, ces lignes divergentes constituent la vaste assise d’une pensée complexe, nietszchéenne dans sa forme mais, dans le fond, fervente profession de foi. Mieux encore que le chant des oiseaux, Messiaen parvient à retranscrire celui de l’Etre, ses contrastes et ses disparités, violence et sensualité, tonitruance et accalmies.

Les manifestations organisées autour de cet anniversaire sont évidemment nombreuses. A Bruxelles, 100% Messiaen donne l’occasion, en l’espace de trois jours, d’entendre l’intégrale de l’œuvre pour orgue, instrument envisagé dans son vaste potentiel sonore, poussé aux extrêmes, sur des registres multiples, variations de rythmes, de techniques, de couleurs. La Nativité du Seigneur correspond à ce qu’il a écrit de plus achevé pour cet instrument, peut-être celui dont il se sentait le plus proche, par sa richesse intrinsèque, son caractère déjà multiple. Outre ce festival, les concerts mettant Messiaen à l’honneur se poursuivent toute l’année, en Belgique et dans le monde entier. On recommandera particulièrement Le Quatuor de la Fin des Temps, joué en de nombreuses salles, œuvre écrite en captivité pendant la guerre. Mais surtout, pour redécouvrir l’œuvre dans son élément, c’est dans les Alpes françaises qu’il faut se rendre. Chaque année, au mois de juillet, dans le Dauphiné, au pied de la Meije, le festival Messiaen restitue à cette œuvre merveilleuse son paysage originaire.
CDP

Festival 100 % Messiaen, Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule du 07 au 09 mars 2008, Messiaen 2008

 

Parcours découverte proposé par la médiathèque.

 

Liens internet :
www.100p100messiaen.be
www.messiaen2008.com
www.festival-messiaen.com