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Portrait

Les Rita Mitsouko

Rita Mitsouko (Les)

publié le

« C’est la mort qui t’a assassiné »

 

« C’est la mort qui t’a assassiné »

 

Les Rita MitsoukoIl est vrai que ça paraissait « étrange » de voir Rita sans son Mitsouko depuis quelques temps sur les plateaux de télévision des chaînes françaises. Il manquait quelque chose, une moitié troquée à l’hagiographie. Pourtant sous le mystère du couple mythique non ordinaire, Catherine Ringer, belle d’effronterie, fantastiquement pleine de fantaisie, élégamment provocante, sulfureuse, s’excusait presque d’une supposée infidélité à sa moitié créatrice, manquement qu’on leur prêtait faute d’éléments probants. Est-ce que la chanson rejoignait la vie ? Est-ce que les histoires d’amour ne finiraient pas toujours mal en général ?

Avec amour, elle nous le disait fatigué son Chichin, elle ne laissait rien transparaître de la finitude, elle l’invitait même, encore à écouter les oiseaux au jardin. Son Mitsouko a été emporté comme Marcia d’un cancer, le 28 novembre 2007.

Fred Chichin né à Clichy en 1954, fils d’un immigré communiste italien, passionné de cinéma ayant crée la revue « Miroir du cinéma » dans les années de la Nouvelle Vague et d’une mère au foyer. Marionnettiste, baroudeur, « mauvais garçon à ses heures » comme le voulait peut-être l’époque, il participe dès les années 70 à plusieurs groupes underground rock ou punk. C’est en 1980 qu’il rencontre Catherine Ringer, fille d’un peintre rescapé des camps de la mort, éprise de liberté et de non conformisme. Ainsi né d’affinités électives, Rita – pour la sonorité latino-kitch qui plaît à Catherine - Mitsouko – pour le mystère en japonais qui colle un peu comme un autisme à la peau de Fred. Le « Les » viendra en cours de parcours, car le public pensait souvent que ce nom personnalisait une unique personne et non un duo.

C’est deux-là ont marqué 27 ans de chanson française singulière.

Dès leur premier album, « Restez avec moi » en 1984 où figure la chanson « Marcia baïla », hommage à la danseuse argentine Marcia Moretto morte d’un cancer, les propulse de fait sur le devant des scènes.

S’en suivra, un an après, « Andy » Oui… dit moi oui… chant fédérateur sous les boules à paillettes de nos nuits discothèques. 

Porté par leur titre phare, sort en 1986 « The No comprendo » qui reçoit un accueil chaleureux tant du public que de la profession.

Le duo de charme et de choc confirme leur atypisme, musique éclectique, métissée, glanée aux influences bowieniennes ou du Velvet Underground de Lou Reed, et look digne des cartoons les plus loufoques contrastants avec un rock français encore très jean-cuir-loubard. 

« C’est comme ça » en 1987, loin des bluettes, qu’ils nous assènent des « Histoires d’A » et « Qu’est ce que t’es belle ». Du rock déchaîné à la ballade amoureuse, en passant par la chanson à texte, tels sont les trois univers parallèles du duo.

En 1988, « Marc et Robert » et « Le Petit train » enregistré avec les Sparks sur l’album « Singing In The Shower », il y a souvent du monde qui erre, chez eux, en filigrane ! Et ce décalage fait aussi l’apanage du groupe. Les Rita surprennent parce qu’il ne sont jamais là où l’on pensait les attendre.

Ces enfants de Carné, et de toutes les guerres s’exportent avec envie d’Angleterre à Shanghai.

Les années nonante verront surgir avec un peu moins de fièvre, « Y à d‘ la haine », « Système D », « Acoustiques » pour entamer le nouveau millénaire par une rupture de ton annoncé « Cool frénésie ».

Les Rita Mitsouko semble alors avoir toucher la sagesse, un état de grâce qui ne gâche rien au plaisir avant de nous pulser à nouveau dans l’univers de « La Femme trombone » en 2002. Un univers dans lequel se glisse, avec aisance et reconnaissance, des jeunes pousses de la chanson tel Olivier Ruiz.

Jusqu’alors, le seul genre qu’ils n’avaient pas encore réellement abordé après avoir inventé une sorte de chanson française mondiale était un album de facture plus classique.

« Variety » vient combler, s’il le fallait, la lacune. 11e et dernier album enregistré en français, élaboré en anglais par Barry Reynolds, le parolier de Marianne Faithfull, est d’une légèreté auquel ils ne nous avaient presque pas habitués. Les oiseaux y chantent comme dans une chanson de Trenet mais toujours à contre- courant.

Combien imposait un tel style ? Les Rita Mitsouko ont définitivement acquis ce grain de folie et d’intelligence qui les rendront éternellement novateurs. 

(Brigitte Lebleu)

 

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