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Tokyo au cinéma

Tokyo Ga - Wim Wenders
La ville de Tokyo est un décor de cinéma, il était naturel que les réalisateurs se passionnent pour son gigantisme comme pour ses minuscules recoins. Ville adorée ou détestée, dont on rêve ou qu’on fuit, Tokyo est autant au centre de récits intimes que de fresques épiques.

Sommaire

Voyage à Tokyo (Yasujiro Ozu, 1953)

À la vague promesse touristique portée par un titre qui, à la vérité, tend vers un registre bien plus sombre, Ozu répond par une leçon de choses, leçon en apparence légère, autant que, sous le couvert d’un quotidien aimable, empreinte d’amertume et de regrets. Le voyage dont il est fait mention est celui d’un vieux couple résidant en province et désireux de revoir leurs enfants répartis entre Osaka et Tokyo. Les retrouvailles, loin des effusions escomptées, mettent à jour un climat de contrainte et de ressentiment peu propice à l’amour filial. Tandis que les parents se voient poliment poussés vers la sortie, Tokyo, dans un même mouvement de relégation, n’apparaît d’abord que de loin, à hauteur du confinement que les protagonistes s’imposent. Lorsque la ville enfin se dévoile, ce n’est que de façon fugitive, à la faveur de quelques sorties aussi intenses qu’elliptiques. Ce qui ressort de cette représentation en éclipses, succession de cadres sublimes d’où se découpent, à l’avant-plan, les noires silhouettes des voyageurs, c’est l’impossibilité d’habiter la ville (les enfants vivent en banlieue), l’impossibilité d’en jouir, avec en contrepoint, la force d’attraction et de destruction que la ville exerce sur le noyau familial, la société.  [CDP]



Tokyo-Ga (Wim Wenders, 1985)

[Les films d'Ozu] racontent toujours -, avec des moyens réduits au minimum, les mêmes histoires simples, des mêmes gens de la même ville: Tokyo — Wim Wenders, Tokyo-Ga


Café Lumière (Hou Hsiao Hsien, 2003)

Après un long séjour à Taïwan, Yoko revient à Tokyo. Elle doit annoncer à son père qu'elle est enceinte et désire garder l'enfant. Dans un même temps, elle rencontre Hajime, un bouquiniste avec qui elle arpente les rues de la ville à la recherches d'informations sur le compositeur taïwanais Jiang Ewn-Ye qui a vécu au Japon. Tout comme dans les films de Yasujiro Ozu auquel le réalisateur taïwanais Hou Hsiao Hsien rend hommage, les trains sont omniprésents. Yoko et Hajime se rencontrent dans les gares; Hajime enregistre les sons ambiants des wagons qui passent. L'histoire dont le déroulement est infinitésimal n'est qu'un prétexte pour monter les rues de la métropole et surtout les voies de chemin de fer qui s'entrecroisent, qui se superposent, qui traversent la ville. Les trains qui passent créent un mouvement qui rythme le film.  [ASDS]


Godzilla
(Ishiro Honda, 1954)

En 1954 naît le film qui lancera la vague du Kaiju Eiga, le « cinéma de monstres » et fera le succès de la société Toho: Godzilla. Premier d'une saga comprenant près d'une trentaine de volets, le film d’Ishirô Honda se distingue par un mélange d’aventure, de frissons et surtout une thématique très importante pour les Japonais de cet après-guerre : la radioactivité. Ce sont en effet des essais nucléaires qui ont réveillé le dinosaure millénaire qui terrorise les habitants de l’île Odo. Ce monstre mutant va rapidement se diriger vers Tokyo et y semer la panique et la destruction. La ville a beau être très clairement figurée par une maquette géante que piétine un cascadeur dans un déguisement de caoutchouc, cela n’enlève rien à la terreur que le film va provoquer chez le spectateur japonais. Pour sa sortie aux États-Unis, le film devra par contre atténuer son propos anti-nucléaire et engager un héros américain.  [BD]


House of Bamboo (Samuel Fuller, 1955)

Avec ce remake en Cinémascope d’un film noir de 1948, Samuel Fuller réalise le premier film hollywoodien tourné au Japon depuis la Seconde Guerre mondiale et délocalise géographiquement – et culturellement – une histoire d’infiltration croisée entre la pègre et les forces de l’ordre. Entre scènes d’action et accents quasi-mélodramatiques (attirance trouble entre deux hommes ; relation interraciale entre une (fausse) « kimono girl » et un (faux) caïd américain… ), on peut décrypter le Japon de Fuller comme une imbrication d’éléments exotiques, immédiatement reconnaissables comme japonais par le public américain de l’époque (temples, statues géantes de Bouddha, kimonos, masques, théâtre dansé traditionnel, etc. ), et d’aspects quasi dépourvus de toute « couleur locale » – ces derniers étant, paradoxalement, les plus liés à un certain ancrage quasi-documentaire dans le « vrai Tokyo » du milieu des années cinquante. Le Tokyo de Fuller est aussi celui des bas-fonds, des ruelles secondaires, des arrière-cours et des escaliers de service. Pour culminer dans la chasse à l’homme finale – au milieu d’un parc d’attraction aérien qui, depuis le toit d’un immeuble de bureaux, domine toute la ville – qui a de quoi rendre définitivement jaloux deux générations de cinéastes maniéristes de Hong-Kong et des États-Unis !  [PhD]

- article plus long sur le film:




Le Vagabond de Tokyo (Seijun Suzuki, 1966)

Partant du cinéma de genre comme prétexte, Seijun Suzuki développe une œuvre pop, à la plastique époustouflante, contrastant noirceur stylisée et éclats de couleurs fluorescentes. Variante ultra-formelle sur le thème du yakusa repenti, construit à la manière d’un western, le film transcende son sujet par une approche hyperboliquement abstraite et sophistiquée. Chaque scène est un tableau audacieux au cadre géométrique expérimental et au chromatisme immodéré. Le fil rouge du récit tient en une balade : « Le Vagabond de Tokyo », que chante ou sifflote le héros entre deux fusillades. Le film part de Tokyo pour y revenir après une errance à travers le pays, et montre la ville dans toute sa modernité d’après-guerre, ses immeubles, ses néons, ses clubs. Les plans extérieurs sont d’un réalisme brutal et minimaliste, tandis que les scènes tournées en studio revendiquent bruyamment leur artificialité.  [BD]


Dodes’kaden (Akira Kurosawa, 1970)

Dans un des nombreux bidonvilles qui entouraient Tokyo détruit par les bombardements américains, Rokuchan, un jeune garçon, rêve qu’il conduit un tramway. Il parcourt les décombres bordés de constructions de fortune en scandant le bruit du tram : « dodes’kaden, dodes’kaden ». Premier long métrage en couleur de Kurosawa, c’est un film aussi téméraire pour les thèmes qu’il aborde, la misère, la folie, l’inceste, que pour ses audaces formelles. Le cinéaste expose une galerie de portraits des habitants, souvent peu flatteurs (ivrognes, brutes, infidèles), parfois attendrissants dans leurs rêves ou dans leur résilience face au dénuement et à l’adversité.  [BD]


Satori Stress (Jean-Noël Gobron, 1983)

Parti rejoindre Akiko, une jolie Japonaise rencontrée à Bruxelles, Jean-Noël Gobron découvre sa ville, Tokyo, et décide d’y tourner un film par ses propres moyens. Elle à la prise de son, lui à la prise de vues, captent une ville (exotique pour lui), ses nuits chaudes, son théâtre kabuki, ses danses nostalgiques de rockers et de takenokozoku, ses milliers de cadres cravatés, ses geishas, ses mariages à l’occidentale, ses quartiers campagnards… Ce film pourrait passer pour un simple documentaire sur la vie quotidienne à Tokyo si le commentaire – en décalage délibéré par rapport à l'image – n’infirmait d’emblée cette impression, remettant en question toute l’objectivité du document filmé. Le texte, acéré, a été écrit par un ami resté à Bruxelles, Benoît Boelens, qui, à travers les lettres et les informations qu’il recevait du cinéaste, tentait de dessiner un scénario, d’établir des structures. De cette collaboration résulte un film fragile, parfois hésitant, qui oscille entre documentaire et journal filmé. La vision est ici inséparable du vécu du jeune réalisateur qui pose sur sa compagne, un peuple et une culture un regard amoureux.  [MR]

Satori Stress - Jean-Noel Gobron

Violent Cop (Takeshi Kitano, 1989)

Violent Cop, premier film, écrit et réalisé par Takeshi «  Beat » Kitano est une espèce de violente farce tragico-burlesque, peu vue à sa sortie. Une histoire de vengeance avec un policier énigmatique et retord (campé par Kitano lui-même) et un second vaguement crétin, entraînés malgré eux dans une sale affaire de meurtre, viol et trafic de drogue, avec un gang de yakuzas à la clé, qui va les placer en porte-à-faux de leur hiérarchie, pourrie jusqu’à la moelle. Le comique passé réalisateur travaille le cadre avec une rigueur presque monomaniaque, semble affectionner la lenteur, le travelling et le hors-champ pour mieux orchestrer de brefs moments de déchaînement paroxystique «à froid », et instille un peu partout de petites touches d’humour glacial qui contrebalancent un sentiment général d’absurdité assez prégnant. On devine dès les premières minutes du film que seul contre tous, Azuma (Kitano dans le film), personnage énigmatique et complexe, ne s’en tirera pas. Un polar très noir épuré, surprenant et singulièrement drôle !  [YH]



Jellyfish (Kiyoshi Kurosawa, 2003)

Le titre original japonais de ce film parle d’un «avenir radieux ». On ne sait s’il est promis aux humains, assez mal partis dans la première partie de l’histoire, ou aux méduses venimeuses du titre français. Kiyoshi Kurosawa place l’action de cette fable ésotérique sur l’ennui et la violence dans les quartiers décentrés de Tôkyô. Dans des paysages urbains uniformément gris, quelques personnages, deux jeunes, deux vieux et une bande d’adolescents, errent autour des canaux avec une mélancolie nihiliste. L’horreur nait ici de la banalité, de la morosité des relations, des petits boulots, de l’incompréhension entre les générations. Le malaise est à peine troublé par des apparitions fantomatiques et la seule lumière semble venir des méduses phosphorescentes aux tentacules rouges.  [BD]


Lost in Translation (Sofia Coppola, 2003)

À toute âme en quête de sens. Depuis la perspective occidentale, quel lieu pouvait mieux retranscrire le  sentiment de dépaysement et de désorientation que la ville de Tokyo ? La cité japonaise – ses couleurs, ses sons, son chaos, son absurdité, sa spiritualité – est une métaphore du paysage intérieur des protagonistes du très récompensé long-métrage de Sofia Coppola. Bob (Bill Murray), acteur quinquagénaire passé de mode, débarque à Tokyo afin de tourner une publicité pour une marque de whisky, tandis que Charlotte (Scarlett Johansson) accompagne son mari photographe lors d’un voyage professionnel. La réalisatrice a choisi l’hôtel Parc Hyatt pour planter le décor principal de son film, sans doute une manière de neutraliser le lieu et de laisser davantage de place au véritable objet du récit. Dans ce palace, la jeune Charlotte et Bob se laissent envahir par leur solitude respective, une complicité s’installe comme pour mieux apprivoiser leur isolement. Perdus dans la traduction de leur existence plus que dans la culture dont ils font l’expérience, tous deux se retrouvent sans vraiment l’avoir choisi face à eux-mêmes. Dans cette fiction, c’est moins la rencontre avec l’autre qui est relatée que la rencontre avec soi-même. C’est l’expérience du voyage en solitaire à travers lequel on apprend à devenir intime avec son être et par lequel s’opèrent d’irréversibles mais nécessaires bouleversements.  [AHD]


Adrift in Tokyo (Satoshi Miki, 2007)

Un étudiant endetté et maladroit reçoit une étrange proposition du yakusa qui vient collecter l’argent qu’il lui doit: il éponge sa dette si en échange il l’accompagne à travers la ville. Le gangster veut parcourir Tokyo de part en part, à pied. Il a décidé de se rendre à la justice mais avant cela, il veut se balader et revisiter les endroits de la ville qu’il a aimé, qui ont marqué sa vie. Sur fond d’une amitié improbable, leur périple nous fait découvrir une ville peuplée de personnalités excentriques, de créatures fantasques et de lieux inattendus. Le film est avant tout un hommage à l’art de la promenade et le trajet tortueux emprunté par le duo révèle une métropole complexe et étonnante.  [BD]


Tokyo ! (Michel Gondry, Léos Carax et Bong Joon-ho, 2008)

Ville sans centre-ville, ville-collage, multiple et infinie, Tokyo est une chimère aux multiples personnalités. C’est pourquoi les trois réalisateurs de Tokyo ! se sont quasiment abstenus de parler de la ville dans leur film. Tôkyô n’est ici qu’un paysage, prétexte urbain reliant les épisodes de ce triptyque. Si Michel Gondry, Léos Carax  et Bong Joon-ho ont choisi un thème commun c’est du côté des personnages qu’il faut le chercher. Une même aliénation, un même enfermement, traités de trois manières différentes, dans trois Tokyo différents. Deux d’entre eux sont des huis-clos et le troisième, le plus commenté à l’époque - celui de Carax - est une potacherie énorme et drôle où son alter-ego monstrueux, Denis Lavant, sème la panique, la ruine et la destruction. Sorti des égouts, il vole, il effraie, il choque, et il tue. Ses motivations sont simples: il n’aime pas les gens, et surtout pas les Japonais, qu’il trouve si laids.  [BD]

- article plus long sur le film:



Espaces intercalaires (Damien Faure, 2012)

Dans une ville où chaque mètre carré de terrain vaut une véritable fortune, le concept d’espace perdu est une aberration. Le moindre recoin est mis à profit et il n’est pas rare de trouver des locaux commerciaux ou des pièces d’habitation entre deux étages, dans des sous-sols insoupçonnés ou coincés entre deux bâtiments. Ce phénomène d’espaces intercalaires, sauvage dans un premier temps, est devenu une part importante de l’architecture de la ville. Les minuscules boutiques traditionnellement installées dans la moindre anfractuosité ont donnée naissance à une réflexion autour d’une vision différente de la cité et d’une manière d’habiter la ville autrement. Guidé par un corbeau, maître de Tokyo, le film tente d'appréhender la capitale dans sa globalité et de la parcourir dans ses plus petits interstices.  [BD]

- article plus long :



Les Délices de Tokyo (Naomi Kawase, 2015)

Dorayaki : petite pâtisserie traditionnelle japonaise qui se présente sous la forme de deux pancakes que l’on fourre généralement d’une pâte de haricots rouges confits (An). Ce met typiquement japonais Sentaro en vend tous les jours dans sa petite échoppe tokyoïte. La rencontre avec Tokue, une vieille dame de 70 ans, va bousculer sa conception de l’existence et donner un élan nouveau à son commerce.  Comme souvent dans le cinéma de Naomi Kawase, les traditions et le temps qui passe sont au cœur du film. La cinéaste nous invite ici dans un Tokyo moins urbain et trépidant que celui qu’on connait, à rebours de la modernité galopante. Cerisiers en fleur, petites douceurs sucrées et rythme éthéré sont au programme de cette tranche de vie aussi savoureuse qu’humaine. Cette leçon vaut bien un dorayaki, sans doute.   [MA]

- la recette des dorayakis :




une playlist de PointCulture
réalisée par Anne-Sophie De Sutter et Benoit Deuxant
avec l'aide de Catherine De Poortere, Alicia Hernandez-Dispaux, Marc Roesems, Michaël Avenia, Yannick Hustache et Philippe Delvosalle.

photo de bannière:
Tokyo-Ga, Wim Wenders


L'heure d'été - Tokyo - Galeries - Bruxelles-les-Bains - affiche
Jusqu'au 12 août 2017

En salle (Galeries)
et en plein air (Bruxelles-les-Bains)
L'Heure d'été - in & outdoor filmfestival - Tokyo

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