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Playlist

Médiagraphie « Sauvage ? » (chapitre 2a) : Des « sauvages » pour l'Occident

bannière "Sauvage ?" chapitre 2 - Alexandre Galand - Delphine Jacquot - Le Seuil Jeunesse.jpg
Tout au long de ces mois de juin et de juillet, PointCulture rebondit en musiques et en cinéma aux différents chapitres du livre "Sauvage ?" d'Alexandre Galand et de l'illustratrice Delphine Jacquot. Après les créatures des bois du premier volet, place aux "sauvages" des autres continents découverts par les explorateurs et colonisateurs européocentristes en Amérique du Nord, dans les "Indes", en Australie, etc. voire parfois ramenés de force en exhibitions voyeuristes, zoos humains ou expositions coloniales sur le vieux continent.

Sommaire


David Graeber & David Wengrow : Au commencement était … Une nouvelle histoire de l’humanité (livre)

David Graeber - David Wengrow - "Au commencement était..."

Les deux auteurs mettent en commun leurs domaines respectifs, l’anthropologie pour le premier et l’archéologie pour le second, pour retracer une nouvelle histoire de l’humanité. Si les deux domaines semblaient a priori peu sensibles aux modes et à la nouveauté, et peu susceptibles d’offrir des possibilités d’innovations révolutionnaires, ils démontrent à quel point la manière dont la narration de l’humanité a de tous temps été structurée est éminemment politique et comment notre vision du passé conditionne l’idée que nous nous faisons de la civilisation et de la société.

Comme point de départ de cette relecture de l’histoire, il y a une critique des théories récentes de l’évolution de l’homme (de Jared Diamond à Yuval Noah Hariri) et leur illusion de progrès linéaire vers la civilisation (c’est-à-dire « notre » civilisation). Mais les deux chercheurs montrent également à quel point la recherche d’un état premier, d’un état « sauvage » de l’homme s’est toujours cantonnée à deux seules voies possibles : l’optimisme bucolique de Jean-Jacques Rousseau, voyant l’homme chuter de sa nature de « bon sauvage » par la faute d’un contrat social instaurant inégalités et perte des libertés individuelles, et la vision de Thomas Hobbes insistant lui sur la nécessité de cadrer la violence et la brutalité naturelle de l’humanité par des lois et une hiérarchie stricte des personnes.

Ces deux visions du « sauvage », même si elles ont été avant tout élaborées pour examiner le cas de la civilisation occidentale, la seule voie généralement envisagée par les auteurs, avaient à l’époque de leur écriture un contrepoint dans la rencontre tragique des populations amérindiennes avec les européens. La conquête et le pillage des deux Amériques ont été justifiés a postériori par la négation du statut de civilisé de ces habitants. Mais ils ont également souvent été utilisés de manière littéraire pour offrir un miroir critique aux mœurs occidentales. Ces deux visions rivales ont construit à la fois des images du « primitif », de l’ « autre » mais aussi de celui qui lui faisait face. Cette confrontation historique a longtemps été la base des règles qui distinguaient un peuple « civilisé » d’une « bande de sauvages ». Parmi les différents critères déterminants se trouvent des marqueurs qui sont aujourd’hui encore utilisés pour perpétuer une vision occidentalo-centriste, souvent pro-capitaliste, de la société « idéale » : le nomadisme est considéré comme un élément négatif, l’agriculture est vue comme un élément fondateur (même si parfois dommageable) de la survie économique, et partant, de la propriété, et l’organisation sociale doit comporter une forme structurée de hiérarchie.

Les deux auteurs contestent cette vue unique de l’humanité, et l’idée qu’elle représente une évolution linéaire qu’il est impossible de renverser, ils démontrent que des civilisations ont vécu sans villes, que des populations d’agriculteurs ont fait le choix un jour de « revenir » au mode de vie des chasseurs/cueilleurs, que l’anarchie (ou plutôt l’anarchisme) n’a pas empêché le maintien d’une société stable. Partant de cette critique de l’origine des inégalités, ils remettent en question la manière dont l’histoire est trop souvent instrumentalisée pour justifier un ordre établi, une domination sur base du genre, de la « race », de l’âge, de la richesse, etc. Ils dépassent la simple dichotomie classique pour refuser les visions d’un ordre inéluctable, d’un « destin de l’homme » qui refuserait tout pas de côté, toute dissidence, et toute forme de changement, qu’il prenne une forme révolutionnaire ou choisisse une forme de rupture en douceur. [BD]


Neil Young, Johnny Cash, Billy Childish & co. chantent Pocahontas

Avant de devenir une histoire à la portée mondiale, touchant de nouveaux publics et de nouvelles générations, via le film d’animation des studios Disney en 1995, la légende de Pocahontas était déjà, même très peu de temps après les faits qu’elle raconte, à l’aube du XVIIe siècle, un mythe fondateur de la colonisation de l’Amérique du Nord. La rencontre entre la (très) jeune fille indienne de la confédération des tribus Powathan – un des trente enfants du chef Wahunsunacock – et les colons britanniques John Smith puis John Rolfe (son futur mari, qui la ramènera en Angleterre, en partie comme publicité vivante pour promouvoir les investissements dans le Nouveau Monde) a été présenté, particulièrement au XIXe siècle, à l’époque romantique, comme le parangon d’un couple qui représenterait la rencontre entre deux mondes, entre la civilisation (occidentale) et la vie sauvage.

Neil Young : 'Pocahontas'

Aurora borealis
The icy sky at night
Paddles cut the water
In a long and hurried flight
From the white man to the fields of green
And the homeland we've never seen.

They killed us in our tepee
And they cut our women down
They might have left some babies
Cryin' on the ground
But the firesticks and the wagons come
And the night falls on the setting sun.

They massacred the buffalo
Kitty corner from the bank
The taxis run across my feet
And my eyes have turned to blanks
In my little box at the top of the stairs
With my Indian rug and a pipe to share.

I wish I was a trapper
I would give thousand pelts
To sleep with Pocahontas
And find out how she felt
In the mornin' on the fields of green
In the homeland we've never seen.

And maybe Marlon Brando
Will be there by the fire
We'll sit and talk of Hollywood
And the good things there for hire
And the Astrodome and the first tepee
Marlon Brando, Pocahontas and me
Marlon Brando, Pocahontas and me
Pocahontas.

En 1979, sur son album Rust Never Sleeps, Neil Young lui consacre un hommage (qui sera reprise par Johnny Cash à la fin de sa vie, lors de ses années de collaboration avec le producteur Rick Rubin pour le label American). C’est une chanson d’inspiration folk / country au texte assez complexe, qui n’élude pas le massacre des Amérindiens par les colons européens et passe brutalement des « bisons » aux « taxis » et des « vertes pâtures » à « Hollywood » et à l’ « Astrodome », court-circuitant les époques et la géographie. Le passage où le chanteur rêve d’acheter Pocahontas (pour « mille peaux de bêtes ») et de passer la nuit avec elle… pour mieux la comprendre aurait sans doute plus de mal à ne pas faire froncer quelques sourcils réprobateurs aujourd’hui. Et le texte finit par mentionner Marlon Brando (activiste des droits amérindiens à l’époque qui en 1973 refusa l’oscar pour Le Parrain et envoya l’actrice Sacheen Littlefeather à la cérémonie pour lire sur scène un texte remettant en cause l’image caricaturale des Indiens dans le cinéma hollywoodien).

Environ à mi-chemin entre la chanson de Neil Young et sa reprise par Johnny Cash, à l’articulation entre les années 1980 et 1990, le musicien garage, peintre, dessinateur et graveur anglais Billy Childish conscre lui-aussi une chanson à Pocahontas, qu’il chantera lui-même avec les Singing Loins et qu’il jouera avec son groupe Thee Headcoats en laissant le chant à Kyra des Headcoatees. Repris sur la compilation The Billy Childish Native American Sampler - A History 1983-1993 (dix-huit plages sur ce thème de « Wounded Knee » à « Lakota Woman » en passant par « Black Elk Speaks » et le poème « Playing Pool With A Salish Indian Drug Dealer In The Dodson Bar Down-Town Vancouver ») le morceau qui reprend le « vrai » nom (secret) de Pocahontas (Matoaka), est moins métaphorique et étrange, plus factuel, plus proche d’une chronique d’histoire orale que celui de Neil Young. [PD]

Billy Childish / Thee Headcoats : 'Pocahontas Was Her Name'

From graves and shores lie the bones of an Indian squaw
The headstone of a girl who stopped an Indian war
Matoaka
Matoaka

In 1595, at the dawn of the white invasion
That girl child was born in the heart of the Powhatan nation
Pocahontas was her name, daughter of the chief Powhatan
Pocahontas was her name, daughter of the chief Powhatan

When the head of Captain Smith lay upon the choppin' stone
Pocahontas begged her father, "Leave that white man alone"
So his life was spared and the peace, the peace was repaired
Pocahontas was her name, daughter of the chief Powhatan
Pocahontas was her name, daughter of the chief Powhatan

Now in the black of the night, the white man did kidnap her
And with the ghoul of their race, they renamed her Lady Rebecca
But Pocahontas was her name, daughter of the chief Powhatan
Pocahontas was her name, daughter of the chief Powhatan

In a contract of peace, the marriage was agreed
She sailed with her husband from the bay of Chesapeake
And with tears in her eyes, she couldn't bring herself to speak
Pocahontas was her name, daughter of the chief Powhatan
Pocahontas was her name, daughter of the chief Powhatan

Now on graves and shores lie the bones of an Indian squaw
The headstone of a girl who stopped an Indian war
Pocahontas was her name, daughter of the chief Powhatan
Pocahontas was her name, daughter of the chief Powhatan

Matoaka
Pocahontas
Matoaka
Pocahontas
Pocahontas


Michael Mann : Le Dernier des Mohicans (1992)

Inspiré du roman de James Fenimore Cooper, publié en 1826, Le Dernier des Mohicans apparaît rétrospectivement comme le premier long métrage majeur du cinéaste Michael Mann. Très peu dénaturant malgré une adaptation libre de l’ouvrage, le film s’emploie à retranscrire la démarche intellectuelle de l’écrivain, lequel fut l’un des premiers à octroyer à des amérindiens le statut de personnages à part entière, enfin dotés d’une véritable épaisseur psychologique. A une époque où le génocide mené contre les peuples autochtones du continent est déjà presque accompli, l’œuvre de James Fenimore Cooper résonne aujourd’hui comme l’une des voix de la mauvaise conscience américaine, embarrassée qu’elle se trouve par le péché originel de toute une nation.

A l’instar du livre, la version cinématographique de Michael Mann relève d'une dialectique intéressante entre sauvagerie et civilisation : les amérindiens ainsi dépeints font autant figures de bêtes sanguinaires – on pense à cette scène extrêmement littérale lors de laquelle Magua arrache le cœur de son ennemi tout juste vaincu – que de véhéments critiques des mœurs européennes. En ce sens, le film fait écho au récent essai de feu David Graeber et David Wengrow, Au commencement était..., somme de travaux anthropologiques et archéologiques à travers laquelle ceux-ci esquissent une nouvelle préhistoire de l’espèce humaine et, par extension, nuancent ainsi le cliché qui colle à la peau des peuples soi-disant primitifs. Déjà présente avant l’heure dans Le Dernier des Mohicans, cette conception non ethnocentrée permet de battre en brèche les approches tant hégémoniques qu’antagonistes que sont le mythe rousseauiste du bon sauvage, ainsi que la théorie hobbesienne qui voudrait que l’humain, mauvais par essence, doit uniquement son salut à la civilisation (occidentale, cela va sans dire).

Contrairement au livre de J. F. Cooper, dont le héros est bien le fils biologique du chef Mohican Chingachgook, l’adaptation de Michael Mann resserre davantage son propos autour de Nathanael Poe, l’homme blanc jadis recueilli et élevé par ce dernier. Dès lors, la pensée du romancier se voit prolongée, voire amplifiée, par ce parti pris scénaristique qui place au centre de l’intrigue la figure ambivalente de cet amérindien adopté, à la fois humain et animal – on le surnomme « Œil de faucon », aussi proche des fermiers anglais, milice coloniale au service de l’armée britanniques, que des Hurons, pourtant alliés stratégiques de l’empire Français. Une telle hétérogénéité présente en un seul personnage contribue à mettre à mal le simplisme idéologique du racialisme propre à l’époque. [SD]


Kelly Reichardt : La Dernière piste [Meek’s Cutoff] (2010)

Ils sont moins d’une dizaine, trois couples, un enfant et leur guide. Ils marchent, lentement, leurs bagages s’entassent dans des chariots tirés par des bœufs et ils ont faim, soif, presque plus d’eau : ils ne savent pas où ils vont. Quelques semaines plus tôt, sur les conseils de Meek, leur guide qui prétendait leur faire prendre un raccourci, ils ont changé de cap. Depuis, ils ont pour seul horizon le désert. Leur désespoir est tel que les voilà prêts à remettre leur sort aux mains d’un Indien capturé en chemin et sauvé de la fièvre assassine de Meek. L’histoire a lieu en 1845, dans l’Oregon. En racontant ce bout du parcours accompli par des pionniers qui ont bel et bien existé, la cinéaste Kelly Reichardt en vient à poser rétrospectivement cette question : entre la voie du conquérant figurée par Meek et celle du natif, cet Indien dont on ne comprend ni la langue ni les gestes et qui fait peur, n’eût-il pas mieux valu préférer la seconde ?

L’Amérique au temps des pionniers, c’est un territoire qui s’entrouvre, et un peuple qu’on élimine sans égard pour ses langues et ses valeurs. L’épisode de La Dernière Piste met en relief ce point de basculement où la nature et ses habitants se voient durablement relégués au statut de décor, de simple espace d’approvisionnement. Kelly Reichardt prend la liberté d’imaginer le renversement de ce modèle en filmant son récit du point de vue des femmes, elles qui, établies à l’arrière du convoi, se tiennent à l’écart des instances décisionnelles. Par l’entremise de l’une d’entre elles se pose alors l’éventualité d’une trajectoire alternative. La suite pourrait être le sujet d’une uchronie : que se serait-il passé si les colonisateurs avaient suivi la voie de l’Indien ?

La Dernière Piste met en scène une intelligence de la durée. Les actions prennent du temps. Se déplacer à pied, charger et décharger un chariot, allumer un feu, préparer un repas : activités pesantes. Au milieu de ces grands espaces, c’est un format carré qui s’impose. Ce champ de vision rétréci, c’est celui des femmes coiffées de bonnets qui leur font comme des œillères en retombant de part et d’autre du visage. Ces détails donnent à sentir ce qu’éprouvent les personnages ; et encore, ils concernent la façon dont on négocie avec un territoire, le manque de ressources, l’inconfort, les tensions du groupe… Les images portent à bout de bras une intense curiosité à l’égard d’un monde perçu dans sa plénitude. Sur le plan de l’action concrète, ces chemins du sensible, incertains et béants, vont, par leur engagement physique et affectif, bien au-delà de l’empathie. Il se peut que là se trouve le socle d’une culture salvatrice, renouvelée par le dehors, poreuse, riche de ses relations avec tous ceux qui, pendant trop longtemps, ont été exclus du champ de l’attention politique. [CDP]

La voie de L’Indien : extrait des « Nouveaux chemins du sensible - un autre regard sur le vivant avec Kelly Reichardt, Vinciane Despret et Baptiste Morizot », Le Magazine n°5, septembre – février 2021.


Jean-Philippe Rameau : Les Indes galantes (1735-1736)

Les Indes galantes (1735-1736 – Louis Fuzelier au livret, Jean-Philippe Rameau à la musique) est un opéra-ballet baroque structuré en quatre entrées (quatre actes mais plutôt conçus comme des tableaux indépendants autour d’un thème commun que comme les étapes d’une intrigue continue qui s’y déploierait) se passant respectivement en Turquie, chez les Incas du Pérou, dans un jardin en Perse et dans une forêt d’Amérique du Nord.

La scène de la cérémonie du grand calumet de la paix (au sein de la quatrième partie) a été inspirée à Rameau par un spectacle de danse d’Indiens de Louisiane qui s’est déroulé à Paris, à la Comédie italienne en 1725. Rameau ne cherche pas à imiter ou à rendre exactement a musique qu’il y a entendu mais à exprimer l’impression que lui a laissé cette représentation.

Le Guerrier va d’abord à la découverte de l’ennemi, armé d’un arc et d’un carquois garni de flèches, pendant que l’autre assis par terre bat du tambour ou espèce de timbale pas plus gros que la forme d’un chapeau. — compte-rendu dans un journal de l’époque (1725)

Pour le cinéaste et metteur en scène Clément Cogitore qui en filme une danse (justement celle du calumet de la paix, évoquée ci-dessus) puis met en scène l’œuvre complète à l’opéra Bastille en compagnie de différents crews de danses urbaines, Les Indes galantes est symptomatique du siècle des Lumières et de ce moment dans la pensée de l’homme occidental qui cesse de voir l’autre comme un sauvage sanguinaire mais passe à un autre cliché, celui du « bon sauvage » ; ajoutant immédiatement que « cette bienveillance est aussi teintée de condescendance » et qu’elle n’empêchera en rien le colonialisme – elle le facilitera même. Toujours pour le metteur en scène, le livret de l’opéra-ballet « ne raconte que des stéréotypes », « Et un stéréotype, c’est juste un personnage avec lequel on n’a pas passé assez de temps, qui ne nous a pas raconté assez son histoire. » [PD]


Wolfgang Amadeus Mozart : L'Enlèvement au sérail [Die Entführung aus dem Serail]

L’intérêt pour la Turquie est particulièrement prégnant dans l’art européen du XVIIIe. Outre l’édition des Lettres persanes de Montesquieu (1721), cette curiosité découle sans doute aussi de la proximité de l’Europe avec l’Empire Ottoman et de leurs échanges politiques et commerciaux. Il tient peut-être aussi d’une certaine attraction-répulsion face à un peuple longtemps considéré comme particulièrement sauvage et brutal. Si, au temps de Molière, le terme « turquerie » s’employait pour désigner un acte barbare, son sens s’est adouci au fil du temps et s’est transformé en véritable mode. En témoignent les nombreux « sujets turcs » présents dans les peintures, romans et œuvres musicales de l’époque. Die Entführung aus dem Serail, commandé par Joseph II à Mozart en 1781, est un Singspiel – genre opératique plutôt léger, mêlant chants et parties parlées. L’intrigue répercute l’attirance pour les histoires d’enlèvements par de sauvages pirates et pour les harems. Musicalement, de nombreux passages rassemblent les principaux ingrédients liés à cette fascination pour la culture orientale : utilisation d’instruments simulant la musique turque (cymbales, tambourin, triangle, petites flûtes, cuivres…), rythmes martiaux ou sautillants, gammes orientales, ornementations modales, chromatismes ou intervalles augmentés, etc. Si le livret est considéré comme assez faible, il n’est pour autant pas simpliste. Tandis qu’il use ouvertement de la caricature pour le rôle d’Osmin, le gardien du harem, la figure du Pacha Selim est dépeinte comme tolérante et noble, achevant d’entamer la légende du Turc cruel et sauvage qui s’était répandue au cours des siècles précédents. [NR]


Abdelatif Kechiche : La Vénus noire (2009)

Tout ce qui peut déranger dans le cinéma d’Abdellatif Kechiche se trouve exposé ici de manière frontale pour y être livré au jugement. Situé à l’aube du XIXème siècle, le film relate les cinq années durant lesquelles Saartjie Baartman, jeune paysanne sud-africaine, fut transportée en Europe pour y être exhibée nue sur les scènes de France et d’Angleterre. Contrainte d’interpréter le rôle du monstre sauvage qu’il faut mater à coup de chaîne et fouet, celle qu’on surnomma la Vénus Hottentote en raison de sa physionomie hors norme aiguisa la curiosité d’un grand nombre d’individus hommes, femmes, enfants, artistes et scientifiques. Selon ces derniers, il fallait absolument que la « créature » venue d’Afrique tienne du singe ou d’une race inférieure. En niant autant que possible le cousinage, il s’agissait de trouver une explication aux aberrations physiques sans que celle-ci n’offense leur conception par là absconse de l’humanité. On continua à traiter la jeune femme comme un objet jusqu’après sa mort, à l’âge de 26 ans, permettant que la dépouille fût disséquée, reproduite par moulage et que certains de ses organes fussent conservés dans des bocaux destinés à intégrer les collections d’un musée.

Sous le regard d’un cinéaste capable de pousser à l’extrême les postures qu’il dénonce, les sujets tels que les rapports de domination au sein d’une société raciste et misogyne sont prompts à être traités sous un angle qui maximise leur potentiel de cruauté. Sur ce dernier point, on peut se demander dans quelle mesure Kechiche ne se remet pas lui-même en question. Filmant la chair avec une insistance que le scénario justifie rarement, le corps féminin est pour lui un lieu d’appropriation où la volupté appelle presque nécessairement à la brutalité. Tant et si bien que tissée à la question coloniale, il y a dans La Vénus noire un constant renvoi de regards voué à mettre le spectateur dans une position très inconfortable, position analogue à celle du public venu en masse se repaitre du spectacle de l’esclave humiliée. Habile, le réalisateur parvient ainsi à faire le procès de tous : des spectateurs d’aujourd’hui et d’hier ainsi que, peut-être, de lui-même. Visage fermé et regard absent, Saartjie Baartman quant à elle demeure le point aveugle de sa propre histoire. [CDP]


Francis Dujardin : Boma-Tervuren, le voyage (1999)

En mai 1897, des femmes et des hommes congolais provenant de Boma, du Haut-Congo et du Kasaï partent pour l’Europe avec un contingent (congolais lui aussi) emmenés par des médecins blancs. Ces personnes sont attendues à l’Exposition Universelle de Bruxelles qui rassemble plus de 50 pays pour une durée de trois mois. À toutes et tous, on a promis des cadeaux et le privilège de s’habiller comme des Blancs.

Les organisateurs ont pris le soin de constituer un échantillonnage de différents types de populations : Mongos, Batetela, Bakongos, Balubas et même deux pygmées. Plus de 250 individus dont 100 hommes (congolais) de la force publique (pour les surveiller). Une section consacrée au Congo doit mettre en valeur les produits de la colonie et convaincre les investisseurs et l'opinion publique du bien-fondé du projet colonial… Un projet démesuré mais nécessaire aux yeux des premiers colonisateurs qui prétendaient domestiquer les lointains sauvages d’un pays réputé impénétrable. Toutes ces personnes seront exhibées au même titre que des objets ethnographiques, un aquarium de poissons exotiques ou un entrepôt en vitrine des produits du Congo.

Un programme est imposé : il consiste à présenter des scènes de la vie quotidienne, à chanter, à exécuter des danses ancestrales, à fabriquer des objets d’usage courant et, parfois, à amuser les visiteurs avec des démonstrations de courses en pirogue.

Les Belges qui découvrent ces Congolais ont évidemment des idées préconçues (par ignorance et en partie alimentées par une propagande qui a longtemps perduré ; on en trouve encore des traces aujourd’hui) : alors qu’ils étaient acclamés lors de leur arrivée en Belgique, ces hommes et ces femmes désormais « parqués » sont considérés comme des « sauvages », mais des sauvages nobles et heureux dans leur environnement (trois villages clôturés, installés dans le parc de Tervuren) ; certains se montrent généreux à l’égard des Congolais ; on leur jette des bonbons, des oranges, des bananes… Mais l’ironie des idées préconçues qui circulaient à l’époque, c’est que le regard que portait le bas peuple (et pas seulement les « classes » inférieures) sur ce zoo humain, ces femmes et ces hommes, était le même regard que les classes dominantes de la société belge (la bourgeoisie, en particulier) portaient sur les travailleurs, les ouvriers et les pauvres… considérés comme sans éducation, sales et de culture inférieure. [MR]


Alibert : « Nénufar » (1931)

Alibert : « Nénufar » (1931)

Quittant son pays
Un p'tit négro
Vint jusqu'à Paris
Voir l'exposition coloniale
C'était Nénufar
Un joyeux lascar
Pour être élégant
C'est aux pieds qu'il mettait ses gants

Nénufar
T'as du r'tard
Mais t'es un p'tit rigolard
T'es nu comme un ver
Tu as le nez en l'air
Et les ch'veux en paille de fer


Nénufar T'as du r’tard
Mais t’es quand même débrouillard
T'as fait la conquête des Parisiennes
T'es leur fétiche
Et tu leur portes veine !

Faut pas croire toujours
Tout c'que Nénufar raconte
Ainsi l'autre jour
Il m'a dit
Quand je fais mes comptes
A la craie j'écris
Sur l'dos d'ma chérie
Et d'un coup d'torchon
Après j'efface les additions

Un jour Nénufar
Entra dans une grande parfumerie
Il voulait des fards pour les lèvres
De sa p'tite amie
Donnez-moi qu'il dit
Du rouge en étui
J'en veux trente kilos
Car c'est une négresse à plateaux

De mai à novembre 1931, se tenait l’exposition coloniale de Paris, ayant pour but d’exalter la puissance civilisatrice de l’Occident. Véritable ville dans la ville, d’une longueur de six kilomètres, ce spectacle populaire permettait aux gens de découvrir les colonies, leur culture et leurs habitants. Des villages reconstitués exhibaient des hommes et des femmes des colonies présentant leur artisanat, vendant des souvenirs ou animant le lieu par des danses de leur lieu géographique. Il s’agissait également d’affirmer le pouvoir de la France sur ces êtres humains et promouvoir l’action bienfaisante de la civilisation qui aide les peuples à sortir de la sauvagerie et à entrer dans l’histoire… Une propagande qui cachait les violences, les crimes et les situations de domination et d’exploitation au quotidien dans les colonies.

Plantation du Mount Vernon aux USA, temple d’Angkor, basilique italienne, palais marocain, … côtoyaient également les huttes congolaises. Pour les visiteurs, c’était parfois le premier contact avec d’autres civilisations et d’autres cultures. Ou l’occasion de « voir des sauvages ».

Alibert, librettiste et chanteur provençal, connu pour sa participation à de nombreuses opérettes ainsi que pour les chansons « Le plus beau tango du monde » et « Adieu, Venise provençale », fut choisi pour interpréter deux chansons.

La première, « Viens à l’exposition », énoncait les attractions de ce spectacle à la manière d’un guide touristique ségrégationniste. La deuxième par contre, « Nénufar » était très violente par son racisme et débile dans son exotisme faussement comique. Elle donnait l’image d’un Africain stupide et primitif, dénigrant également le personnage dans son aspect physique " le nez en l’air, nu comme un ver et les ch’veux en paille de fer ». Elle l’infantilisait, à la manière d’Hergé dans Tintin au Congo et évoquait son degré moindre d’évolution : « Nénufar, t’as du r’tard »… par rapport aux Occidentaux, forcément « civilisés ».

Ce regard mêlant fascination et répulsion, cette image datée et avilissante font malheureusement partie de notre histoire. Peut-être bien après cette chanson, comprendrons-nous que les sauvages n'étaient pas ces étrangers que nous venions de découvrir… [DM]


Bourvil : « Salade de fruit » (1959) ou le gentil sauvage des îles du pacifique (1)

Bourvil : « Salade de fruit »

Ta mère t'a donné comme prénom
Salade de fruits, ah! quel joli nom
Au nom de tes ancêtres hawaïens
Il faut reconnaître que tu le portes bien

Salade de fruits, jolie, jolie, jolie
Tu plais à mon père, tu plais à ma mère
Salade de fruits, jolie, jolie, jolie
Un jour ou l'autre il faudra bien
Qu'on nous marie

Pendus dans la paillote au bord de l'eau
Y a des ananas, y a des noix de cocos
J'en ai déjà goûté je n'en veux plus
Le fruit de ta bouche serait le bienvenu

Je plongerai tout nu dans l'océan
Pour te ramener des poissons d'argent
Avec des coquillages lumineux
Oui mais en échange tu sais ce que je veux

On a donné chacun de tout son cœur
Ce qu'il y avait en nous de meilleur
Au fond de ma paillote au bord de l'eau
Ce panier qui bouge c'est un petit berceau

Salade de fruits, jolie, jolie, jolie
Tu plais à ton père, tu plais à ta mère
Salade fruits, jolie, jolie, jolie
C'est toi le fruit de nos amours ! Bonjour petit !

Lorsque les occidentaux entrent en contact avec les indigènes sud-américains ou avec les natifs des îles du Pacifique, les relations sont amicales : proches de la nature, ils sont naturellement bons. Les récits du XVIe siècle ont lancé ce mythe du « bon sauvage », étayé ultérieurement par Montaigne, Rousseau, Huxley et tant d’autres.

Aux écrits ont suivi les chansons du début du XXe siècle. Avec des paroles faussement naïves, on décrit le sauvage comme un gentil, un innocent, un niais parfois et presque toujours sans malice. Dans les années 1950, il est à la mode d’afficher un exotisme gentil, attentionné, mignon même !

Bourvil possède cette image d’homme simple et naïf qu’il s’est créée depuis ses débuts dans la chanson et au cinéma. Et cet être sincère et bienveillant va être mis à contribution pour interpréter des chansons qui décrivent le bon sauvage des terres lointaines.

« Salade de fruits » débordent d’images exotiques mielleuses, de clichés sur le monde des îliens du Pacifique. Des cartes postales suaves et inexactes : il y avait bien des paillotes à Hawaï (des hales) et l’ananas y est entré en 1813, mais il serait fort étonnant qu’on y donne un prénom français ridicule alors qu’on y parle hawaïen ou anglais. Mais il faut voir surtout dans cette chanson, une forme de suprématie de l’homme blanc par rapport à la femme indigène, intéressante par sa beauté (« jolie jolie jolie ») et la promesse d’une relation sexuelle (« Oui mais en échange, tu sais ce que je veux »).

Cette rencontre du gentil homme blanc et de la gentille sauvage donnera tout de même une jolie ritournelle au charme doux. [DM]


Bourvil : « Les Papous » (1960) ou le gentil sauvage des îles du Pacifique (2)

Bourvil : « Les Papous » (1960)

Monsieur Blanc, jamais de repos,
Sept heures du matin, déjà au boulot,
Fatigué avec tout ce bruit,
N'a pas fermé l'œil de toute la nuit.
Et là-bas, là-bas, tout là-bas,
Dans une île grosse comme un petit pois.


Papous, Papous, deux Papous
Deux Papous gentils comme tout,
Dans un coquillage d'argent,
Écoutent chanter l'océan.
Papous, Papous, deux Papous
Deux Papous gentils comme tout,
Ont cueilli pour s'habiller
Des guirlandes d'orchidées.

Monsieur Blanc courir pour manger,
Courir pour travail, courir pour aimer,
Monsieur Blanc regarder cent fois
Si la p'tite aiguille, elle est toujours là.
Et là-bas, là-bas, tout là-bas,
Dans une île grosse comme un petit pois.

Papous, Papous, deux Papous
Deux Papous gentils comme tout,
Pour se donner du mouvement,
Dansent, dansent dans le vent.


Papous, Papous, deux Papous
Deux Papous gentils comme tout,
Ont cueilli pour déjeuner,
Un panier de fruits dorés.

Monsieur Blanc pilule pour le cœur,
Pilule pour le foie, pilule pour sa sœur,
Tout l'argent donné au docteur,
Donné avocat, donné précepteur.
Et là-bas, là-bas, tout là-bas,
Dans une île grosse comme un petit pois.

Papous, Papous, deux Papous
Deux Papous gentils comme tout,
Passent le temps à s'embrasser
En se frottant le bout du nez,
Papous, Papous, deux Papous
Deux Papous gentils comme tout,
S'endorment sur un lit de fleurs
Sans connaître leur bonheur.
Papous, Papous, deux Papous …

La perception du sauvage se fait principalement en comparaison avec notre mode de vie et nos coutumes. Les premiers explorateurs furent étonnés de se trouver face à des indigènes « gentils et indéniablement humains » (C. Colomb) et surtout proche de la nature. Ces « gentils sauvages » sont dépeints comme innocents, purs, bon et « comme des enfants » (Cartier).

Un an après « Salade de fruits « , Noël Roux déplie à nouveau ses cartes postales détachables pour décrire à sa manière « Les Papous ». Les erreurs sont grosses comme la Nouvelle Guinée (troisième plus grande île au monde et non « une île grosse comme un p'tit pois ») : les Papous ne sont pas tous « gentils comme tout » et certaines ethnies sont encore réputées pour leur farouche résistance à toute incursion étrangère. Ils ne s’habillent pas de guirlandes d’orchidées, les couronnes de fleurs étant une tradition hawaïenne. Ils ne se frottent pas le bout du nez comme aux Tuvalu : le baiser des Papous (Mitataku) consiste plutôt à couper les cils de son partenaire avec les dents.

Cette méconnaissance, compréhensible il y a plus de soixante ans, peut engendrer l’étonnement mais aussi la peur ou le racisme. La chanson idéalise le Papou en lui prêtant des coutumes et des attitudes candides convenant à la personnalité de Bourvil, voulant réitérer le succès de « Salade de fruits ».

Cette idéalisation du gentil sauvage passe par la critique du mode de vie de l’homme blanc qui mène une vie trépidante, prisonnier de l’argent et en mauvaise santé tandis que là-bas, tout là-bas les Papous « s’endorment sur un lit de fleurs sans connaître leur bonheur. » Musicalement, la mélodie ressemble à « Salade de Fruits », les cuivres doux, le xylophone et les percussions discrètes apporte l’exotisme. Quant à Bourvil, il peine à donner le ton à une chanson fadasse, essayant de l’égayer avec de brefs rires crispés et déplaisants.

Est-ce que l’homme sauvage est naturellement bon ? Est-ce notre société qui le corrompt ?

Et le Papou dans tout ça : papa, pas papa, à poux ou pas à poux ? [DM]


Nicolas Roeg : Walkabout [La Randonnée] (1971)

Dans ce film librement inspiré du livre The Children de James Vance Marshall, une jeune adolescence et son petit frère se retrouvent abandonnés, quelque part dans une zone désertique du bush australien après que leur père se soit donné la mort dans l’incendie de son véhicule. Ils devront leur salut à leur rencontre fortuite avec un aborigène, lui-même éloigné des siens. Commence alors pour la petite troupe, un long périple de survie aux accents initiatiques et érotiques.

Roeg confronte mais sans les opposer pour autant, deux occidentaux, éjectés violemment du confort de leur société « moderne » et livrés à eux-mêmes dans un environnement hostile, et un indigène accomplissant le rite en solitaire qui fera de lui un guerrier adulte en harmonie avec son milieu. Le réalisateur anglais dresse le portrait à distance d’une société britannique conquérante (celle qui a pris possession du continent australien) prompte à corrompre ses propres enfants et hostiles à ceux qui ne lui ressemblent pas (ici les aborigènes). Fait rare dans le cinéma d’alors, le personnage d’aborigène du film était campé par un natif de l’endroit. Mais le film ne s’illusionne guère sur le devenir d’un peuple indigène qu’il estime perdant dans sa confrontation à la modernité. Un film rude et désenchanté, mais d’une beauté sensuelle et indocile. [YH]


Jamie Uys : Les Dieux sont tombés sur la tête (1980)

Dans une tribu bochimane du Kalahari vierge de tout contact avec le reste de l’humanité, la chute d’une bouteille de coca (lâchée depuis un avion) crée désordre et dispute au sein d’une société qui ne connait ni la propriété individuelle ni la possession d’objets personnels. Le conseil des sages décide de confier l’objet – un présent des dieux – à Xi pour qu’il aille le jeter sur les bords du monde. Sur sa route, il croise un drôle de couple formé par une enseignante qui tente de rejoindre sa nouvelle affectation loin de tout et un scientifique aussi maladroit que timide dans une région où rode le terroriste Sam Boga et ses hommes qui vient d’échouer dans leur tentative de coup d’état…

Gros succès surprise en salle, cette co-production d’Afrique du Sud et du Botswana et sa voix off, arrivait sur les écrans alors que le régime d’apartheid était toujours d’application. Avec le recul, cette comédie aux gags un peu patauds et à l’interprétation plus que cabotine, a été au centre de bien des commentaires & interprétations. Mais ce film d’apparence « rousseauiste » avec ce bon sauvage par essence que la civilisation « et ses bienfaits » corrompt, et derrière cette facture de faux documentaire commenté, part du postulat erroné qu’il existait encore dans les années 1980 des bushmen du Kalahari qui n’aient eu aucun contact avec la civilisation, et que ceux-ci ne connaissaient pas non plus le pastoralisme.

De la même façon, les bantous du film (assez peu présents à l’image) n’occupent que des fonctions subalternes et agissent dès qu’ils sont livrés à eux-mêmes, tels des empotés ou comme de grands enfants malhabiles et paniqués. Si on y retrouve certains poncifs hérités de l’imagerie coloniale, cette comédie potache ridiculise d’un même tenant civilisés et sauvages dans une avalanche de gags parfois drôles mais toujours autant inoffensifs. [YH]


Une médiagraphie de l'équipe rédactionnelle de PointCulture : Catherine De Poortere, Nathalie Ronvaux, Philippe Delvosalle, Simon Delwart, Benoit Deuxant, Yannick Hustache, Daniel Mousquet et Marc Roesems

Illustration de bannière : (c) Delphine Jacquot / Le Seuil Jeunesse

Actualité

Le jeudi 16 juin à 18.30, dans le cadre des Après-midi sauvages du Quartier Nord à Liège, présentation du livre à la librairie La grande ourse. L'auteur y répondra aux questions de Damien Darcis, chercheur à l'université de Mons et auteur du livre "Pour une écologie libertaire. Penser sans la nature, réinventer des mondes" (Eterotopia, 2022).

« Sauvage ? » d'Alexandre Galand et Delphine Jacquot, Seuil Jeunesse 2022. Lien vers l'éditeur.

Par-delà : blog d'Alexandre Galand

Delphine Jacquot dans les collections de PointCulture

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