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Playlist

#MeToo, avant et après ?

Kontakthof - Pina Bausch.jpg
L’année 2017 restera certainement une date clé dans l’histoire de la lutte contre les violences faites aux femmes. La médiatisation des plaintes pour agressions sexuelles visant le producteur Harvey Weinstein entraîne un déferlement de témoignages similaires à travers le monde. Ce qui n’avait pas pu être exprimé jusque-là, ou pas entendu, éclate au grand jour avec pour signe de ralliement ce laconique #MeToo. Des millions de Moi aussi témoignant de l’ampleur du problème et ouvrant le débat sur des questions cruciales dans les rapports hommes-femmes. La musique et le cinéma peuvent nourrir le débat, questionner ou apporter des réponses, en voici une sélection.

Sommaire

Image de bannière : Nazareth Panadero dans Kontakthof de Pina Bausch
© Julieta Cevantes (2014)

Kontakthof, Pina Bausch (1978)

En 1978, la célèbre chorégraphe fondatrice du Tanztheater basé à Wuppertal monte un spectacle sur le thème de la rencontre. Les rapports entre les sexes s'y déclinent en une série de tableaux qui, entre danse et théâtre, font dialoguer les corps avec les notions d'attirance, de rejet, de violence et de manque. [CDP]

Quand c'est non c'est non, Jeanne Cherhal (2014)

Sur le 4ème titre de son 5ème album aux contreforts très intimistes, la chanteuse française narre, le temps d’une mélodie pianotée survolée de discrets échos vocaux (signés Les Françoises), et de façon très directe, la ou les tentatives par la parole mais parfois aussi par les gestes d’Un homme comme toi, un homme tranquille de la contraindre à des rapports consentants. Et Cherhal de poursuivre et de battre en brèche cette pernicieuse injonction encore faite aux femmes au niveau de l’inconscient collectif - et qui dédouane les hommes de toute responsabilité morale - qui veut que si elle se débat, c'est pour mieux dire oui ! Comme elle le rappelle calmement mais fermement à une douzaine de reprises sur ce morceau, Quand c'est non, c'est non ! [YH]

Balance ton quoi, Angèle (2018)

En quelques punch line inspirées de sa vie de star, Angèle fait le procès du sexisme tel qu’elle le connaît. Le clip réalisé par Charlotte Abramow ouvre le propos pour offrir à une colère exprimée à la première personne l’issue d’un humour complice embrassant des expériences diverses. On y voit la chanteuse passer du rôle d’objet sexuel à celui de juge puis de coach animant une discussion sur le consentement, concept clé dans la lutte contre les violences sexuelles. Bijou de hype et de malice, Balance ton quoi est aussi un modèle de pédagogie, faisant du morceau un hymne féministe volontiers repris lors des marches #NousToutes. [CDP]

T’as quitté la planète, Alice on the Roof (2018)

En 2018, tandis qu’Angèle décline le désormais célèbre hashtag en « Balance ton quoi », Alice on the Roof n’est pas en reste et décrète aussi que « quand je dis non c’est non ». C’est l’homme qui pense avoir tous les droits qui est ici pointé du doigt : mots déplacés, regards insistants, drague de mauvais goût, … Il est temps d’atterrir Monsieur ! Ces comportements ne sont plus tolérés et la chanteuse en appelle à une certaine forme de sororité pour appeler les harceleurs à la raison : « Toutes celles qui sont les sœurs, sont les filles, sont les mères. Et toi, t'es qui? ». [GB]

SLT, Suzane (2020)

Suzane a écrit SLT à ses débuts, alors qu’elle était encore serveuse. Le mouvement #MeToo prenait de l’ampleur en France et elle entendait beaucoup de débats sur le sujet autour d’elle. Elle décide de compiler ces témoignages, parfois violents, dans son texte. Le ton est plutôt cash, elle endosse le rôle des agresseurs qui s’expriment à la première personne par sa bouche et ces monologues sont frappants de réalisme. Dans la rue, au travail et même sur les réseaux sociaux, si aucun domaine ne semble échapper à la problématique, le ton énergique de Suzane invite à ne pas baisser les bras. [GB]

Le choix, Lisza (2020)

Si le point de départ de la chanson est bien l’avortement, le texte évoque le droit des femmes de manière plus globale et plus spécifiquement le droit de disposer de son corps : « Quoi qu’on en dise mon corps est à moi. Je donne et reprends car c’est mon droit ». Le ton est mélancolique et Lisza aborde le sujet avec beaucoup de finesse et de poésie. Qu’il s’agisse de maternité, de relations amoureuses ou sexuelles, avoir Le choix finalement c’est toujours bien de ça qu’il est question. [GB]

Crop Top, Aloïse Sauvage (2022)

La nouvelle génération de chanteuses est bien décidée à faire passer le message et peu importe la manière. Aloïse Sauvage avec son style urbain qui claque ne dit pas autre chose. Dès les premiers mots de Crop Top, le ton est donné : « Hémoglobine de toutes mes copines. Qu'ont pas dit "oui" un jour à un débile ». Elle invite donc les copines à « se serrer les coudes, mettre le crop top ». Le vêtement brandi comme un étendard : il n’y a pas de tenues inappropriées mais bien des comportements qui le sont. Et au-delà des apparences un appel au respect et à des rapports pacifiés. [GB]

Misère sexuelle, Ingrid Heiderscheidt / Monique Sonique (2023)

Dans le titre Misère sexuelle le duo électro-pop bruxellois Monique Sonique s’empare du concept de misère sexuelle pour dénoncer le sexisme ordinaire et le harcèlement de rue. Pour leur clip, il s’inspire du visuel des bd « Les crocodiles » de Thomas Mathieu et Juliette Boutant. Les harceleurs sont représentés sous les traits de crocodiles : « un reptile à sang froid et visqueux, un prédateur qui fait froid dans le dos ». Un visuel décalé et percutant qui colle parfaitement au ton ironique et énergique de la chanson. Les victimes renvoient sèchement la balle dans le camp de l’agresseur : « C’est ta misère, c’est pas la mienne, pauvre minable, faut qu’tu l’apprennes ». [GB]

Corps à Cœur - Paul Vecchiali (France, 1979)

- Lui : Je ne peux pas rester près de vous sans vous toucher. J’ai besoin d’un contact physique.

- Elle : Me prendre dans vos bras, mettre votre langue dans ma glotte et souffler comme un phoque ?

De Mizoguchi à Sirk et Fassbinder, le mélodrame a souvent donné de poignants portraits de femmes. En 1979, le trop méconnu Paul Vecchiali (1930-2023) met en scène, en hommage au cinéma français des années 1930, la rencontre lors d’un concert de musique classique entre un garagiste de banlieue et une pharmacienne plus âgée que lui. Dans un tout autre contexte que notre ère #MeToo, à la fin de ces années 1970 marquées à la fois par la libération sexuelle, le féminisme et la survivance d’une masculinité décomplexée, le film comporte une très belle scène où Jeanne-Michèle, tenant absolument à ce que « l’amour soit une fête », se refuse à Pierre – même si elle n’est pas insensible à son charme. Ce qui nous rappelle que l’amour (comme la musique et le cinéma) est aussi affaire de juste timing et que le consentement n’est pas que la ligne de démarcation entre le « Oui » et le « Non » mais aussi entre le « Pas maintenant » et le « Peut-être plus tard ». [PD]

Les Choses humaines, Yvan Attal (France, 2021)

Dans les hautes sphères des médias, les Farrel sont comme chez eux. Figure incontournable du débat public, Claire écrit des essais féministes tandis que Jean, de vingt-sept ans son aîné, anime une émission politique à la télévision. Récemment séparés, ils n’ont pas beaucoup de temps à consacrer à leur fils Alexandre, étudiant à Standford, revenu à Paris assister à la cérémonie au cours de laquelle son père se verra décerner la légion d’honneur. Après un dîner en compagnie de sa mère et de son nouveau compagnon, le jeune homme rejoint une fête organisée par ses camarades de promotion. Il s’y rend accompagné de Mila, la fille de son beau-père, qu’il vient également de rencontrer. Le lendemain, la police débarque pour l’arrêter et le placer en garde à vue. Mila a déposé plainte : elle accuse Alexandre de viol.

Que faire, tant au niveau moral que politique, des rapports sexuels traumatisants initiés sans véritable intention de nuire ? À cette question, le film répond, non sans délicatesse, par un aveu d’impuissance. En interrogeant les rôles de victime et de coupable, le procès reste à hauteur de jeunes gens qui n’ont pas encore saisi dans quel régime de violence leurs comportements étaient inscrits. [CDP]

She Said – Maria Schrader (USA, 2022)

En 2017 éclate l’affaire Harvey Weinstein et le mouvement #MeToo déferle sur le monde. Deux journalistes du New York Times, Jodi Kantor et Megan Twohey, ont mené l’enquête durant des mois et ont tenté de convaincre des victimes du magnat du cinéma de témoigner malgré l’omerta qui régnait alors sur les agressions sexuelles à Hollywood. Le film de Maria Schrader relate minutieusement les recherches des deux femmes au sein d’une rédaction bienveillante et motivante, montrant les moments de tension extrême mais aussi de découragement quand l’enquête stagne. [ASDS]

Sans frapper, Alexe Poukine (Belgique, 2019)

Ce n’était pas un inconnu, pas un ami non plus ; elle a accepté un rendez-vous, l’a embrassé. Après un premier assaut d’une indéfendable brutalité, elle est revenue vers lui, à deux reprises. Affronter le viol sur le terrain de la zone grise est une tâche malaisée. Le parti-pris d’Alexe Poukine consiste à convoquer devant la caméra une quinzaine de comédien·nes dont chacun·e est appelé·e à interpréter un bout du texte rédigé par Ada Leiris, 19 ans au moment des faits. Cru mais sans complaisance, tâtonnant mais lucide, le texte se donne dans l'émotion difficile d'une révélation qui coûte. La forme que lui offre le film sous-tend l’idée d’un maillage, d’une communauté de la parole. Cette lueur d’espoir qui, discrètement, filtre du documentaire ainsi que, ces temps-ci, d’une façon nettement moins discrète, des mouvements de libération de la parole (#MeToo), a sans aucun doute une valeur politique. Mais, dans ce qui se présente comme un chœur harmonieux, peut-on vraiment déceler autre chose que des solitudes qui, en s’additionnant, ne formeront jamais une unité consolatrice? [CDP]

Tea Consent, Emmeline May and Blue Seat Studios (2015)

En se basant sur une métaphore aussi décalée qu’efficace (accepter une tasse de thé), cet outil pédagogique explique ce qu’est le consentement aux relations sexuelles et les différentes alternatives auxquelles on peut se trouver confronté. Même si la réalité demeure complexe et délicate, cette vidéo assez simple, mais au message percutant, permet de mieux appréhender la réalité et d’agir en conséquence. Publics ciblés : 15-25 ans (la métaphore offrir du thé/initier un rapport sexuel demande une certaine maturité). [MB]

Culbute – Nos sexualités sous influence, Léo Favier (France, 2019)

Commentée par des expert.es, cette websérie documentaire d’Arte démontre, à partir d'extraits de films, séries, ou jeux vidéo, comment les mythes sexuels s’enracinent dans l’inconscient collectif et ce, depuis l’enfance. Qui ne se souvient de la Belle au Bois dormant ? L’épisode consacré au consentement s’intéresse plus précisément à la façon dont l’homme et la femme communiquent leur désir. Il s’adresse à un public très large (ados et adultes) car son propos est universel et l’approche choisie est légère et humoristique. Idéal pour interroger les normes et s’en affranchir afin que le consentement devienne un langage amoureux à part entière. [MB]

Une série à regarder sur Arte TV (lien)


Une médiagraphie réalisée en février 2023 par Manu Bollen, Geoffrey Briquet, Philippe Delvosalle, Catherine De Poortere, Anne-Sophie De Sutter et Yannick Hustache pour la Bibliothèque de Rouvroy dans le cadre du festival « Du roman à l’écran ».


Bibliographie

« La petite menteuse » de Pascale Robert-Diard - 2022

A 15 ans, Lisa inquiète ses proches en raison de son humeur sombre. Elle avoue avoir été abusée plusieurs fois. Les soupçons se portent sur Marco, un ouvrier instable. Il est condamné à dix ans de prison. Devenue majeure, Lisa contacte Alice, une avocate, pour le procès en appel. Cette dernière accepte de la défendre en dépit de ses mensonges.

« Le consentement » de Vanessa Springora - 2020

A 13 ans, l'auteure rencontre G., un écrivain âgé de 50 ans. Ils entament une relation un an plus tard. La romance tourne au cauchemar lorsqu'elle comprend qu'il collectionne les jeunes filles et pratique le tourisme sexuel. Trente ans plus tard, elle revient sur l'emprise que cet homme a exercée sur elle, dénonçant la complaisance d'un milieu littéraire aveuglé par la notoriété.

« La conversation des sexes : philosophie du consentement » de Manon Garcia - 2021

Une analyse du consentement dans le domaine amoureux et sexuel au croisement de questionnements moraux, juridiques et philosophiques. L'auteure esquisse une philosophie joyeuse et émancipatrice des relations amoureuses d'un point de vue féministe qui souligne la dimension politique du sexe. ©Electre 2021

« Le consentement, on en parle ? » de Justin Hancock et Fuchsia MacAree – 2022

Un guide sur le consentement pour apprendre à faire des choix au quotidien sans nuire à autrui. Fort de son expérience en tant qu'intervenant en éducation à la sexualité et aux relations auprès des adolescents, l'auteur donne des conseils concrets afin de réfléchir sur soi, ses envies et son rapport aux autres. ©Electre 2022

« Du contrat sexuel » de Cédric Lagandré – 2019

Une réflexion sur le statut culturel de la sexualité en Occident. L'auteur analyse le schéma normatif et contractuel appliqué par la société à la sexualité et son impuissance à en restreindre l'étendue. Le caractère insaisissable, symbolique et intime du fait sexuel échappe aux formes juridiques imposées par le pouvoir.

Bibliographie réalisée par la Bibliothèque-Ludothèque-EPN de Rouvroy

https://bibliotheque.rouvroy.be/

Toutes ces références se retrouvent sur le site du réseau des bibliothèques et ludothèques de la Province de Luxembourg : http://www.bibliotheques.province.luxembourg.be/

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