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Playlist

Dîtes 33

Dîtes 33

Belgium Underground

publié le par Igor Karagozian

33 morceaux sélectionnés par David Mennessier

 

 

Marc Moulin "Mes chers compatriotes" (LP/Noises Compilation/Kamikaze/1977)

Exercice de style façon Steve Reich sur un discours du Roi Baudouin par un des passeurs les plus influents de la scène indépendante belge.

 

 

Aksak Maboul : « (Mit 1) Saure Gurke (Aus 1 Urwald Gelockt) »

(album Onze danses pour combattre la migraine – Kamikaze, 1977) – XA257X

Le premier album du groupe mené par les futures chevilles ouvrières du label Crammed Discs, Marc Hollander et Vincent Kenis, reste à tous points de vue un ovni musical fascinant et énigmatique.

 

Les Tueurs de la lune de miel : « Blankenberghe »

(album Spécial manubre ! – Kamikaze, 1977) – UT8760

Ce morceau de légende fait le lien entre Marc Moulin (sur son label Kamikaze) et Aksak Maboul (Hollander, Kenis et la chanteuse Véronique Vincent rejoignirent les Tueurs menés par le regretté charismatique chanteur Yvon Vromman pour devenir quelques années plus tard The Honeymoon Killers). Un titre à l'humour surréaliste et je-m'en-foutiste. Plus belge que ça tu meurs.

 

Telex : « Le Fond de l'air est rouge »

(Face B du 45 tours « Twist à Saint-Tropez" – RKM, 1978) – XT224L

Marc Moulin avec ses deux acolytes Dan Lacksman et Michel Moers dans un de leurs morceaux les plus audacieux, sur le plan musical, mais aussi et surtout par rapport à un texte préfigurant sans le vouloir les années post-Tchernobyl.


Allez Allez‎ : « African Queen »

(album African Queen – Scalp, 1981) – XA339E + XA339A

Né sur les cendres encore chaudes du groupe post-funk Marine, le premier album du groupe Allez Allez s’aventure sur des terres peu arpentées par la concurrence belge à savoir des sons à la fois funk, disco, afro et new wave. Le pendant idéal au « I’ve Seen That Face Before (Libertango) » produit par Chris Blackwell pour Grace Jones et sorti également en 1981.

 

Odieu et le Feu : « Le salon lavoir »

(45 tours Odieu et le Feu – Slap Slim, 1981) – NO1334

Incontrôlable, insoumis et sans concessions, Didier Odieu n'en a jamais fait qu'à sa tête. Certains auront essayé d'en faire un chanteur de variétés comme les autres. Ils se sont cassé les dents, lui court toujours.

 

Pseudocode : « Fight Back (The Angels) »

(1981 – réédit. Slaughter in a Tiny Place – Sub Rosa, 2010) – XP908C

Projet actif entre 1980 et 1982, Pseudocode dont les membres Xavier Ess (Thrills), Guy-Marc Hinant (Sub Rosa) et Alain Neffe (Insane Music, Bene Geserit) se mettent au même niveau que Cabaret Voltaire et Throbbing Gristle et plombent sacrément l'ambiance sur les dancefloors.

 

Autumn : « A Night in June »

(1981)

Twilight Ritual, Linear Movement et ici Autumn, les différents projets du producteur Peter Bonne restent encore à ce jour un des secrets les mieux gardés du Royaume. Toutefois pour le plus grand bonheur de tous, le label américain Minimal Wave réédite depuis quelques années la plupart de ces joyaux Synthpop sortis initialement de façon ultra confidentielle et qui dans un monde normal auraient mérité bien plus que l'anonymat et le statut de simples groupes cultes.

 

Digital Dance : « Treatment »

(45 tours – Dirty Dance, 1981) – XD552A

Groupe formé autour de la personnalité hors-norme qu'était Jerry WX (Chainsaw,The Revenge, Two Tracks) et du guitariste Stephan Barbery (Marine, Snowy Red, Instead Of, Ink.), les Digital Dance se plaçaient quelque part entre les Talking Heads, A Certain Ratio et Gang Of Four. Trop bien pour l'époque !

 

Carol : « Breakdown »

(45 tours – Dirty Dance, 1981) – X 821U

Énorme hit préfigurant à lui seul toute la scène new beat à venir. Un 45 tours produit par Micky Mike (Chainsaw, Snowy Red) et sorti chez Antler Records, label fondé par Roland Beelen et Maurice Engelen (Praga Khan).

 

Snowy Red : « Opium »

(album The Right to Die – Dirty Dance, 1982) – XS551F

Micky Mike, ancien guitariste du mythique premier groupe punk belge Chainsaw, marqua les esprits avec son projet electro-wave Snowy Red. L’album The Right to Die est parsemé de sons et de rythmiques qui influencèrent les différentes scènes EBM et New Beat européennes. Ce disque reste à tous points de vue un classique absolu.

 

Polyphonic Size : « Je t'ai toujours aimée »

(album Live For Each Moment Vivre Pour Chaque Instant – Sandwich Records, 1982) – XP642F

Produit et chanté sur ce morceau par le bassiste des Stranglers, Jean-Jacques Burnel, le très salace « Je t’ai toujours aimée » fut repris avec beaucoup de classe par le chanteur français Dominique A (lui aussi biberonné à la minimal wave Made in Belgium).

 

Isolation Ward : « Lamina Christus »

(45 tours – Radical Records, 1982) – XI867B

Loin des hymnes new wave conventionnels, « Lamina Christus » est surtout une chanson aussi tarabiscotée que hantée, dont la production fut confiée à Peter Principle de Tuxedomoon. Imparable.

 

Véronique Vincent & Aksak Maboul : « Chez les aborigènes »

(1982 – réédit. Ex-futur album Crammed Disc, 2014) – XV604O

Ce disque aurait dû les emmener vers un public plus large, au lieu de ça, il resta près de 30 ans dans les limbes, faute de majors éclairées. Crammed réécrit une fois de plus l’histoire et le sortit dans les formes en 2014. Salvateur.

Bernthøler : « My Suitor »

(45 tours – Blue Feather, 1983) – XB351D

La plus belle de toutes, difficile de faire plus hanté que cette petite merveille chantée par la voix habitée de la chanteuse Drita Kotaji. Un des seuls titres belges ayant réussi à atteindre en 1983 le très sélect classement Festive Fifty (classement annuel des morceaux préférés du mythique présentateur de la BBC, le regretté John Peel).

 

Deus : « Fell Off The Floor, Man »

(album In a Bar, Under the Sea – Bang ! Music, 1996) – XD443I

In a Bar, Under the Sea, le second album de Deus, reste à coup sûr le plus abouti de la période durant laquelle Tom Barman et Stef Kamil Carlens unissaient leurs talents respectifs. Un disque dont la folie créatrice se résume dans ce morceau aux accents beefheartiens, produit d'ailleurs par Eric Drew Feldman (Magic Band, Pere Ubu, PJ Harvey).

 

Scratch Pet Land : « Oiseaux d'appartement »

(album Scratch Pet Land – Source, 1997)

« Les petits oiseaux, les petits oiseaux, les petits oiseaux... » Les frères Baudoux sont dans la place, branchés vers l'Allemagne (Mouse on Mars) et le Japon (Nobukazu Takemura) bien avant tout le monde et bien après.

 

Les Brochettes : « Les Avions »

(album Disco Novo – Brute / Ubik, 1998) – NB7727

Sur deux albums irréprochables, Les Brochettes, groupe formé par Nicolas Deschuyteneer, Zoé Jadoul et Frédérique Franke rendirent la pop aussi malsaine et acidulée que sucrée et entêtante.

 

Olivier Andu : « Oh, pleine lune du Kentucky »

Le Bénin, Nick Drake, Mississippi John Hurt, « Oh, pleine lune du Kentucky, emmène-nous là-bas, fais-nous voir l'autre monde... »

 

Melon Galia : « Jamais je ne mens »

(album Les Embarras du quotidien – Les disques Mange-Tout, 2000) – NM2885

Il aura donc fallu attendre l'an 2000 pour qu'un groupe belge réussisse l'exploit de produire un album de pop en français, influencé par les Pale Fountains, Belle & Sebastian et Calexico. Disque produit par Mike Mogis (Bright Eyes), sorti sur un label du nord de la France (Les disques Mange-Tout) et dont la pochette fut réalisée par deux grands noms de la bande dessinée, les Français Dupuy & Berberian.

 

Ignatz : « Silver Moon... Shine Sun ! Sun ! Sun ! »

(album II – [K-RAA-K]³, 2007) – NM2885

Depuis 2005 et la sortie de son premier album, Bram Devens ne fait que monter en puissance et en nuances, tout simplement l'artiste belge le plus important de ces dix dernières années.

 

Peter Van Hoesen : « Hyperion »

(album Life Performance – Tresor, 2013) – XV121I

Enregistré par Peter Van Hoesen lors d’une soirée au Tresor, mythique club techno de Berlin, Hyperion fait une introduction idéale à ce live tendu et addictif à souhait.

 

Les deux fils de pute : « Fais pas l'con »

(maxi Cirque royal – Taha Records, 2013)

La boucle est bouclée, Smimooz et Pee Gonzalez de De Puta Madre échantillonnent « Tout petit la planète » de Plastic Bertrand et y posent leurs lyrics irrévérencieux sur un flow on ne peut plus dévastateur. La scène hip-hop française essaie encore de comprendre et préfère toujours s'égarer du côté de cette imposture nommée Booba !

 

David Mennessier

 

Playlist complète (« Dites 33 ! ») :
> http://www.thewordmagazine.com/music/favourite-belgian-releases-david-mennessier/