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Playlist

Coups de cœur croisés : films et disques récents pour le 8 mars 2020

"Gloria Bell" Sebastian Lelio (2019)
Ces deux dernières années, aux quatre coins du monde (de l'Afrique à l'Amérique du Sud, de la Grèce à Londres, Paris ou New York), des femmes (et des hommes) ont rendu publics des disques et des films – qui viennent de rejoindre les collections de PointCulture – qui, de manière frontale ou plus poétique, plaident pour plus de liberté et d'espaces d'émancipation pour les femmes.

Sommaire

Her Job (Nikos Labôt, 2018)

Au plus fort de la crise financière et sociale qui touche durement la Grèce, une femme, mère au foyer depuis longtemps, va découvrir le monde du travail et le microcosme qui gravite autour. Nikos Labôt signe un film empreint de réalisme, grave sans jamais tomber dans les effets racoleurs ou la facilité. Si la toile de fond est évidemment politique et sociale, le réalisateur opte pour une approche très humaine pour révéler à travers cette histoire des réalités sociétales où, paradoxalement, la femme s’épanouit et trouve sa liberté par le travail. [MA]

Moor Mother : Analog Fluids of Sonic Black Hole (2019)

Tout le long de son deuxième disque, Camae Ayewa, aka Moor Mother, martèle une musique hybride, afro-futuriste, expérimentale et sous tension. Objet musical étrange et incarné, Analog Fluids of Sonic Black Holes enchaîne des titres sombres et industriels, presque dérangeants par moments, servant à mettre en valeur le spoken word habité et engagé de la poétesse de Philadelphie. Côté collaboration, on retrouve le membre fondateur de Godflesh Justin K. Broadrick, le poète iconoclaste Saul Williams, ou encore le rappeur underground Reef the Lost Cauze. Analog Fluids of Sonic Black Holes est, à n’en pas douter, un des grands disques de l’année écoulée et Moor Mother une artiste majeure à suivre de très près et, surtout, à écouter en concert. [IK]

Moor Mother sera en concert avec son groupe Irreversible Entanglements au Beursschouwburg ce jeudi 19 mars 2020.

Suzane : « SLT »

2019 a révélé le talent de la chanteuse Suzane qui nous a charmé avec sa chanson coup de poing « SLT » dont le titre fait référence au mot « salut » mais aussi à « slut » en anglais, qu’on peut traduire par « salope ».

Au travers d’un rap électro raffiné, Suzane met en scène trois histoires glauques qui arrivent à des femmes d’aujourd’hui. La première demoiselle se fait salement aborder en rue par un homme qui finit par l’injurier. Dans le second couplet, une employée se fait oppresser par son patron qui use de sa position de force pour la pousser à accepter ses faveurs. Le dernier tableau montre une femme qui reçoit sur son ordi, à la maison, sans avoir provoqué quoi que ce soit, un message salace et une photo explicite d’un type qui n’hésite pas à la dénigrer. Une chanson importante dénonçant ces genres de harcèlement qui sont encore le lot quotidien de nombreuses filles. [GD]

Retenons le message de lutte du refrain :

« Souffle, serre les dents / Comme d’hab tu te tais / Souffle, sois prudente / Marche dans le couloir d’à côté / Tu es une pouffe, c’est devenu courant / De l’entendre trois fois par journée / Un gentil peut devenir méchant / Faut pas croire aux Disney / Bats-toi fillette / Bats-toi, bats-toi, bats-toi » — Suzane

Holly Herndon : Proto (2019)

Le troisième album de la musicienne américaine Holly Herndon se nomme Proto et il est le résultat d’une collaboration avec Mat Dryhurst, un chœur et une intelligence artificielle baptisée Spawn, que l’artiste a entraînée pendant plusieurs années. Une équipe de l'émission Tracks sur Arte l’a rencontrée en Autriche au Donaufestival, lors de la première présentation scénique de ce disque conceptuel. [DM]

Mitten (Olivia Rochette et Gerard-Jan Claes, 2019)

Le film suit les dernières semaines de répétition de Mitten wir im Leben sind, un spectacle élaboré par la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker, sa compagnie Rosas et le violoncelliste Jean-Guihen Queyras, sur les six suites pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach.

Cette réalisation donne un aperçu de la minutie avec laquelle De Keersmaeker déploie un univers chorégraphique à partir de l'étude de l'écriture musicale, en dialogue constant avec le violoncelliste. Ce processus de création intensif, le remaniement et le cisèlement incessants, caractérisés par un inépuisable désir de précision et de détail, se trouve reflété dans le regard patient que les cinéastes jettent sur le travail de la chorégraphe, du musicien et des danseurs. [MR]

Gloria Bell (Sebastián Lelio, 2019)

Avec Gloria Bell, le cinéaste chilien Sebastián Lelio réalise le remake de son propre long métrage (Gloria, 2013). Il choisit ici la magnifique Julianne Moore pour incarner cette quinquagénaire émancipée. Cinq années séparent ces deux versions qui, loin d’être des copies conformes, sont chacune ancrées dans leur époque et proposent dès lors un regard neuf sur l’émancipation féminine. [MA]

À lire sur un autre film de Sebastián Lelio :

Dieu existe, son nom est Petrunya (Teona Strugar Mitevska, 2019)

Traditionnellement, pour l’Épiphanie, les communautés orthodoxes de l’Europe de l’Est organisent des lancers de croix. Réservée aux seuls hommes, cette tradition s’est vue bouleversée en 2014 lorsqu’une femme, en Macédoine, a attrapé la croix et a refusé de la rendre. C’est sur base de ce fait divers que Labina Mitevska réalise son film qui, sans excès de pathos, clame haut et fort son féminisme. Dieu existe… remet donc en cause ces sociétés patriarcales sclérosées où ce sont les hommes (et les institutions religieuses) qui dictent leurs lois. [MA]

Ouaga Girls (Theresa Traore Dahlberg, 2017)

À Ouagadougou (Burkina Faso), des jeunes filles suivent une formation de mécanicienne automobile dans une école réservée aux femmes. Trois d’entre elles sont particulièrement suivies par la cinéaste Theresa Traore Dahlberg qui parvient, par une mise en scène inventive, à insuffler une dimension fictionnelle à ses personnages, dans un documentaire qui casse les stéréotypes. Un portrait vivant et nuancé des femmes d’aujourd’hui en Afrique. [MR]

Les Amazones d'Afrique : Amazones Power (2019)

Groupe créé par Mamani Keita, Oumou Sangare et Mariam Doumbia, avec le soutien de Valérie Malot, Les Amazones d’Afrique rassemble des chanteuses de plusieurs pays africains pour un projet musical engagé dans la cause des femmes, en Afrique comme dans le reste du monde. Le morceau « Love », par exemple, dénonce les mutilations des femmes et demande le respect envers elles, le tout sur des rythmes alliant traditions maliennes et sonorités ultramodernes. [ASDS & BD]

Kefaya + Elaha Soroor : Songs of Our Mothers (2019)

Collectif londonien formé autour du duo Al MacSween & Giuliano Modarelli, Kefaya s’est associé à la chanteuse et musicienne Elaha Soroor pour aborder la condition des femmes en Afghanistan, qu’elle a dû fuir il y a plusieurs années. Sur ce disque, intitulé Songs of Our Mothers, elle revisite une série de chansons traditionnelles afghanes, généralement écrites dans une perspective féminine et aborde la place des femmes dans une société patriarcale oppressive maintenue par le régime au pouvoir, placé là par l’Occident en remplacement des talibans. [ASDS & BD]

Une playlist de PointCulture
coordonnée par Marc Roesems et Philippe Delvosalle
et réalisée par Anne-Sophie De Sutter, Michaël Avenia, Benoit Deuxant, Guillaume Duthoit, Igor Karagozian, David Mennessier et Marc Roesems

photo de bannière :
Julianne Moore dans Gloria Bell de Sebastián Lelio