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Playlist

BAFF - Édition 2021 - Une ciné-liste

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Du 10 au 14 novembre, le BAFF présente les meilleurs documentaires sur l'art produits récemment en Belgique, ainsi qu'un choix de films inédits venus du monde entier. Parmi les 27 films qui seront projetés durant cette édition 2021, PointCulture propose une petite sélection sous la forme d'une ciné-liste.

Sommaire

Peinture, musique, danse, sculpture, performance, architecture, photographie, littérature, théâtre, mode, cinéma…
Pendant cinq jours, tous les arts se retrouvent sur grand écran au Brussels Art Film Festival qui propose un condensé de toute la richesse du documentaire sur la création artistique.
Cette année, 16 films belges sont en compétition officielle pour remporter trois prix.
En parallèle, le BAFF propose le Panorama, une section hors compétition comprenant 11 documentaires internationaux, la plupart en avant-premières.

Plus d'informations (événements, présence des cinéastes aux projections et infos pratiques) sur le site du festival : baffestival.be


The Painter and the Thief (NO, 2020, 102') de Benjamin Ree

Le portrait d’une artiste et d’un voleur et de leur relation improbable et électrique. Un documentaire aux allures d’un film de fiction.

Oslo, 2015. La jeune artiste tchèque Barbora Kysilkova expose à la galerie Nobel ses peintures photoréalistes. Peu après le vernissage, deux de ses plus grandes toiles (« Chloe and Emma » et « Swan Song »), exposées en vitrine, sont volées. La police retrouve et arrête les coupables mais les œuvres ont disparu de la surface de la terre, laissant l'artiste orpheline de deux œuvres qui lui tenaient à cœur.

Après avoir lu diverses coupures de presse, le réalisateur Benjamin Ree contacte l’artiste et lui propose de tourner un documentaire à propos du cambriolage. Elle accepte, elle aimerait apprendre à connaître le voleur ; celui-ci, Karl-Bertil Nordland, consent également quelques semaines plus tard à ce projet... [ASDS] Lire la suite de l'article

Projection du film en ouverture du festival : le mercredi 10 novembre 2021 (19h00) au Palace


Juste un mouvement (BE, 2021, 110') de Vincent Meessen

Un film gigogne, aux tiroirs multiples, avec pour fil conducteur la personnalité d’Omar Blondin Diop, philosophe et militant sénégalais, évoquée à travers ses différentes incarnations. Universitaire à Paris-Nanterre dans les années 1960, il côtoie les milieux révolutionnaires qui feront Mai 68. En 1967, il joue son propre rôle d’étudiant maoïste dans « la Chinoise » de Jean-Luc Godard, sur une suggestion d’Anne Wiazemsky. Plus tard, expulsé de France, il retourne à Dakar où il continue à s’intéresser au situationnisme et se lance dans la critique du régime de Léopold Sédar Senghor. Il meurt en 1973 dans des circonstances douteuses, en prison, à l’âge de 26 ans.

Partant de ce point de départ déjà complexe, le cinéaste amplifie son sujet par des mises en abîme complexe, des ramifications abordant des thèmes foisonnants : la jeunesse, l’histoire, l’art et le cinéma, le jeu d’acteur, mais aussi la décolonisation, la révolution, la violence. Il mélange les témoignages de ses proches et des images d’archives, mais aussi des extraits du film de Godard qui répondent à des plans du Sénégal contemporain. Il parle de l’Europe et de l’Afrique, de la France et du Sénégal, mais aussi de la Chine, à cause du film de Godard bien sûr mais aussi à propos de la présence chinoise grandissante dans l’économie et la culture africaine. Le film est porté par une bande-son interprétée par un quatuor symboliquement hybride: une kora sénégalaise, un violon et violoncelle européen, un pipa, un guzheng et un Gugin chinois. [BD]


L.A. Tea Time (CA, 2019, 82') de Sophie Bédard Marcotte

À Montréal, la neige a envahi la ville. Sophie Bédard Marcotte y présente une exposition de ses œuvres photographiques et filmées, dans un espace discret au coin d’une rue. Ce n’est qu’un prologue, mais déjà germe l’idée de rencontrer Miranda July, une artiste américaine – l’idole de Sophie – qui vit à Los Angeles. Elle embarque alors son amie vidéaste Isabelle pour un road-trip en « char » (en voiture, donc, les jeunes femmes parlent québécois) traversant les États-Unis. Le climat devient clément dans une image scindée en deux, montrant la voiture passant d’un paysage blanc à des contrées où le vert domine ; les bourgeons, puis plus tard les feuilles apparaissent sur les arbres. Au début, les deux jeunes femmes filment les paysages mais elles se rendent compte que le documentaire serait plus vivant si elles rencontraient des gens. Au détour de leurs arrêts, elles parlent à des Américains très divers, parfois un peu excentriques. C’est un road-trip qui suit des chemins de traverses, mais qui montre des éléments reconnaissables de l’imaginaire américain : les signes des motels, les routes sans fin, les paysages désertiques… C’est dans un de ces paysages arides que le voyage prend un tournant un peu surréaliste : Sophie commence une conversation avec Chantal Akerman, la documentariste ultime pour elle.

Cet essai filmé est très rêveur, plein d’espoir d’une future rencontre dans une Los Angeles qui n’échappe pas aux clichés (mais des clichés qui cadrent tout à fait dans l’histoire). Il y a des moments drôles aussi, comme ces conversations dans la voiture avec le son coupé parce que les deux jeunes femmes ne pourront pas se payer les droits de la musique qu’elles écoutent. C’est un road-trip tout en légèreté mais il interpelle en même temps sur le métier d’artiste et la difficulté de percer dans un monde très fermé. [ASDS]


Cézanne (BE, 2021, 61') de Sophie Bruneau

Sophie Bruneau et sa complice l’artiste photographe Marie-Françoise Plissart (cinéaste elle aussi), se sont installées dans le dernier atelier occupé par le peintre Paul Cézanne, dans une modeste maison de campagne à Aix-en-Provence. Dans ce huis-clos, la lumière est douce. Les murs gris clair ont été repeints par l’artiste qui avait veillé à ce que l’œil ne soit pas « excité » par des couleurs trop vives ou une lumière trop réfléchissante. Les seules « escapades » concédées à l’extérieur sont des vues de la montagne Sainte-Victoire, chère à l’artiste, qui apparaît dans toute sa monumentalité comme une source d’inspiration irréfragable.

Ce ne sont pas d’énormes choses qui sont exposées dans cet atelier : des esquisses, des dessins aboutis ou préparatoires, des objets d’inspiration (crânes, sculptures, poteries), des tubes de peinture ou des supports (chevalets, châssis, cadres), quelques meubles, des chapeaux ou un tablier de travail... et des pommes, posées çà et là avec soin par des mains contemporaines, celles des trois gardiennes du lieu.

Les trois guides sont dévouées à ces quelques dizaines de mètres carrés où jadis la création s’exerçait quotidiennement ; elles sont là, attentives aux visiteuses et aux visiteurs, et aux objets (on dépoussière, on nettoie mais pas trop, histoire de ne pas enlever les taches de peinture originelles). Elles veillent, accompagnent et dialoguent. Leur disponibilité est totale.

Le grand paradoxe du film tient à la fois dans sa matérialité – l’œil de la photographe ausculte ce lieu dans ses moindres détails, par fragments, et reste attentif aux va-et-vient des personnes – et l’invisible qui s’en dégage, la pensée d’un corps créateur dans son dernier lieu de travail ; entre la matérialité picturale chère à Cézanne et l’atmosphère de cet atelier baigné d’une douce lumière. On ne sait si certains visiteurs ont trouvé « l’esprit » de l’artiste qui arpentait ce lieu – et peut-être le hante aujourd’hui – mais dans ce film superbe et intelligent, ce qui est sûr, c’est qu’il y a de l’humain qui s’émeut, qui pense, qui contemple et qui échange. [MR]


Bakolo Music International (BE, 2020, 86') de Tom Vantorre et Benjamin Viré

Le groupe Bakolo Music International est depuis plus de septante ans un ensemble mythique de la musique congolaise. Ses musiciens ont accompagné Antoine Wendo Kolosoy – dit Papa Wendo - le pionnier de la rumba congolaise, depuis la fin des années 1940 jusqu’à sa mort en 2008. Ils ont connu les débuts du genre, son âge d’or, puis son remplacement progressif par de nouveaux styles musicaux, mais ils n’ont jamais cessé de lui rester fidèles. Dans leurs heures de gloire, ils ont fait le tour du monde et ont défendu la rumba sur toutes les scènes. Leur musique, si populaire et si efficace qu’on la disait capable de réveiller les morts, leur a valu d’être chassés de Kinshasa par l’église catholique.

Aujourd’hui, âgés de 80 ans pour certains, ils veulent vérifier la prédiction de Papa Wendo qui leur avait prophétisé une nouvelle tournée mondiale. Leur leader, Papa Bikunda, héritier du maître, les embarque donc dans de nouvelles aventures, en studio puis sur les planches à travers l’Europe. Leur musique n’a pas bougé d’un pouce, et ils semblent pouvoir la jouer dans leur sommeil, tant leur talent est intact. Sorte de Buena Vista Social Club à la congolaise, ce film est un road movie musical qui célèbre l’entêtement, la foi, l’art et le courage de ces musiciens que rien n’arrête. [BD]


Eden (FR, 2020, 40') de Jeroen Broeckx

Eden, c’est ce quartier de Wilrijk, près d’Anvers, qui a été construit pour abriter les visiteurs de l’Expo 58. Plus de cent-vingt maisons préfabriquées ont été bâties en une centaine de jours. Elles existent toujours aujourd’hui, et c’est autour d’elles que Jeroen Broeckx a installé sa caméra le temps d’un été et d’un Noël. Les demeures, toutes identiques à l’origine, ont pris vie avec le temps, se modifiant avec l’ajout d’un garage ou en ouvrant des murs et fenêtres. Certaines ont été rénovées récemment et n’ont rien à envier à des constructions hypermodernes tandis que d’autres montrent les traces du passé, les papiers peints à grandes fleurs, les lambris sombres, les cuisines minuscules d’antan. Broeckx a interrogé les habitants actuels ; il leur a demandé ce qu’était le paradis, l’Éden pour eux. Les réponses varient selon les gens, une femme raconte ce qu’elle a appris à l’école, l’histoire d’Adam et Ève chassés du paradis, une autre décrit des choses plus personnelles comme le plaisir de vivre là sans ressentir le besoin de partir en vacances. Certains s’attachent à des choses matérielles (une nouvelle moto), d’autres à leur mariage et leur amour depuis plus de 60 ans. C’est une plongée dans le quotidien des habitants, dans leurs émotions aussi. C’est poétique et touchant. [ASDS]

Projection des films Eden et Opus : le samedi 13 novembre 2021 (15h00) - Cinematek Ledoux


Opus (FR, 2020, 17') de Pauline Pastry

Dans ce court métrage aussi politique que poétique, Pauline Pastry développe un dispositif imparable. Elle expose la critique du capitalisme technologique à travers son impact sur les corps. Elle filme la manière dont le système ne distingue l’humain et la machine qu’à travers un calcul de leurs avantages et inconvénients respectifs.

Après avoir cherché à transformer l’ouvrier en node d’une chaîne de production, lui assignant des tâches de plus en plus répétitives et de plus en plus aliénantes, il prétend aujourd’hui l’aider en le remplaçant par son équivalent mécanique. Déplacement du discours de l’exploitation, sous couvert de compassion ou simple rationalisation des coûts, il avalise l’équivalence des options homme/machine en ignorant les questions de fond. Pauline Pastry illustre cette hypocrisie en comparant la danse des ouvriers et celle des robots industriels, chacun imitant l’autre dans un test de Turing parodique, cruellement ironique. [BD]

Projection des films Eden et Opus : le samedi 13 novembre 2021 (15h00) - Cinematek Ledoux

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Opus © Pauline Pastry

Don't Rush (BE, 2020, 53') de Élise Florenty et Marcel Türkowsky

Plusieurs défis à la fois : filmer l’écoute de la musique, filmer la parole autour des chansons. Et au travers de tout ça, parler du rebetiko et de la pertinence aujourd’hui de cette musique des années 1920. Trois personnes dans une pièce faiblement éclairée, une nuit en Grèce. Giannis Chatzicharalampous, son frère et son cousin sont réunis sur l’île de Lemnos. Ils partagent un même amour pour le rebetiko, la musique des manghes, les mauvais garçons et mauvaises filles des années 1920. Giannis en fait une émission de radio, où il raconte les chansons, traduit leur argot disparu, explique leur contexte. Les morceaux viennent d’Asie Mineure, d’Anatolie, de Turquie et ont été ramenées en Grèce par les réfugiés de la Grande Catastrophe, comme on l’appelle là-bas, durant laquelle la Turquie a chassé de son territoire un million et demi de Grecs qui y vivaient depuis des siècles. [BD]

Lire également l'article du même auteur : « Don't Rush » | Nostalgique radio

Projection des films Don't Rush + Over the Top + Murmur : le samedi 13 novembre 2021 (14h00) à l'ISELP


Murmur (BE, 2019, 10') de Jan Locus et Stijn Demeulenaere

Le « chœur de l’aube » est ce moment presque magique où les oiseaux se réveillent et entament leur chant. Selon les régions, il peut être anecdotique ou magistral, selon la taille de la population animale et surtout selon l’importance de la pollution lumineuse qui la perturbe dans son rythme naturel. Chaque espèce est tirée à tour de rôle de sa torpeur nocturne par le lever du soleil, selon sa morphologie, l’emplacement de son nid, la qualité de sa vue. Les lieux où profiter de ce moment sont rares en nos contrées, et encore bien plus rares en ville.

Le cinéaste Jan Locus a suivi le musicien Stijn Demeulenaere, à la découverte d’un de ces endroits, dans une portion perdue de territoire, en marge de Bruxelles, un marécage sauvé de la spéculation immobilière par sa localisation entre deux voies de chemin de fer. Le musicien est venu enregistrer le moment et le cinéaste le filme au travail, captant à la fois le réveil de la faune et celui de la ville aux alentours. [BD]

Projection des films Don't Rush + Over the Top + Murmur : le samedi 13 novembre 2021 (14h00) à l'ISELP

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Murmur © Jan Locus & Stijn Demeulenaere

Une sélection de : Benoit Deuxant, Anne-Sophie De Sutter et Marc Roesems

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