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Focus

TRAKK, hub créatif et fablab

TRAKK
Incubateur de startups et fablab, le TRAKK à Namur démontre qu’un hub créatif est avant tout un espace citoyen ouvert à tous.
« — Le hub créatif namurois, appelé TRAKK, est un espace de co-création multidisciplinaire dont le but est de favoriser l’émergence de projets créatifs sur l’ensemble du territoire namurois. Le TRAKK provoque la rencontre et l’échange entre personnes et organisations issues des mondes de l’art, de l’entrepreneuriat, de la science et des nouvelles technologies. — »

Répondant à la nécessité d’inventer des lieux en phase avec les nouveaux modes de travail et de communication liés au numérique, les fablabs et les hubs créatifs sont apparus aux États-Unis dans le courant des années 1990.

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L’étymologie du mot hub renvoie à l’anglais et désigne le centre d’une roue. En informatique, le sens dérive pour qualifier un outil d’interconnexion, lequel peut être aussi un commutateur ou un routeur. Transposé sur le paysage urbain et qualifié de « créatif », le terme tient presque de l’utopie réalisée désignant très précisément un lieu de co-création multidisciplinaire. Des entrepreneurs peuvent y côtoyer des designers et des artistes, des particuliers, des développeurs, des étudiants, des chercheurs, des architectes, des ingénieurs, des codeurs créatifs ou encore des makers et des hackers. L’environnement joue donc un rôle clé dans l’idée que la créativité bénéficie du décloisonnement des disciplines.

Élément central des hubs, les fablabs, contraction de « fabrication laboratory », sont des ateliers de fabrication numérique où des outils technologiques tels que graveurs laser et imprimantes 3D, dont l’usage est habituellement réservé aux professionnels, sont mis à la disposition du public dans un but de prototypage rapide ou de production à petite échelle. Théorisé dans les années 1990 par Neil Gershenfeld, chercheur au MIT, le concept de fablab s’est agrégé autour d’une question naïve et infiniment audacieuse : Comment créer n’importe quoi / How to make anything ? Sans la promesse d’un miracle, le fablab (dans le sillage des hackerspaces, makerspaces, techshops, etc) affirment le haut potentiel de structures communautaires bien gérées. Ces espaces spécifiques relèvent de ce que Ray Oldenburg a théorisé sous le nom de tiers-lieu (third place). En tant que troisième élément d’un environnement social comprenant l’espace domestique et celui du travail, le fablab désigne donc un espace physique autant qu’un état d’esprit.

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Dans ce projet, l'accessibilité est donc primordiale. L’accompagnement et les formations étant dispensés sur place, les bricoleurs, les étudiants ou les makers y sont accueillis quel que soit leur niveau de connaissances et de compétences. Il s’agit d’encourager les initiatives personnelles en permettant aux personnes douées d’imagination de faire un pas supplémentaire et de mettre leurs idées à l’épreuve du réel. À l’opposé du networking, modèle au sein duquel le travailleur se trouve pris dans une solitude que son inscription dans divers réseaux sociaux professionnels ne dissipe pas entièrement, les fablabs provoquent des rencontres entre différentes populations d’âge et d’aptitudes variées. Ce travail collaboratif bénéficie à la société. Des initiatives issues de la mise en commun des idées et des capacités vont de la réparation et du recyclage d’objets de la vie courante à l’élaboration d’œuvres artistiques ou de prototypes utilitaires. Rappelons ici que le dernier point de la Charte des Fablabs édictée par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) à laquelle les ateliers référencés doivent souscrire stipule que des activités commerciales peuvent être incubées et prototypées dans le Fablab, mais elles ne doivent pas faire obstacle à l’accès ouvert. Elles doivent se développer au-delà du lab plutôt qu’en son sein et bénéficier à leur tour aux inventeurs, aux labs et aux réseaux qui ont contribué à leur succès.

Hubs et fablabs offrent les bases pour de nombreux modèles économiques. Née en 2015, le TRAKK namurois est une asbl qui regroupe quatre opérateurs : le bep (Bureau Economique de la Province de Namur), le kikk (association de promotion des cultures numériques et créatives au carrefour de l’art, des sciences et des technologies), l’Université de Namur et la Ressourcerie namuroise (entreprise de collecte et recyclage des déchets). Une complémentarité soutenue par des fonds européens à la faveur desquels le TRAKK s’engage à œuvrer pour le développement de projets-pilotes contribuant à moderniser la ville de Namur, capitale régionale, sur le modèle de la ville intelligente. Prévu pour le courant de l’année 2019, un déménagement dans l’ancien hall sportif de l’Université de Namur, actuellement en voie de rénovation, permettra à l’association de répondre au mieux à cette mission.

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Outre les visiteurs réguliers que mobilisent les machines de haute technologie (imprimantes 3D, découpeuse vinyle, fraiseuse numérique, découpeuse laser, thermoformeuse, etc) disposées dans les trois pièces occupées par le fablab, les locaux du TRAKK hébergent quatre startups. Actuellement il s’agit de Kingsize (agence créative), Level studio (un bureau d’architecture), Superbe (technologie & communication) et Superstrong (marketing numérique). Pour ces entreprises, le TRAKK propose des baux renouvelables d’un an. Un système d’abonnements rend l’accès au fablab extraordinairement démocratique. Tout au long de l’année, une série de workshops et de conférences, mais aussi un conseil et du coaching personnalisé viennent enrichir l’espace d’une information de qualité : initiation ou de perfectionnement à différentes techniques : électronique, programmation, dessin 3D, utilisation des machines, logiciels de pointe tels qu’Open Frameworks ou Processing. L’apprentissage en atelier s’organise autour de projets concrets : élaborer des machines fonctionnelles (robot, ampli, horloge) permet de conjuguer pédagogie et créativité. L’Université de Namur joue un rôle majeur dans cette dynamique de partage en ouvrant un de ses cours à un public d’élèves libres. L’intitulé « Principes et Méthodes de la Créativité » parle de « développer, de façon parallèle à ce que Resnick propose au MIT, ce que la littérature appelle en général le « little c » c’est-à-dire une aptitude à penser au quotidien, sans tenir pour acquises les solutions existantes, les façons de faire traditionnelles, les présuppositions communément admises. »

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Ce programme dont la visée dépasse de loin les seuls enjeux de la technologie, et cela, conformément au principe humaniste qui caractérise le hub créatif, rencontre un écho avec King Kong,  autre projet développé par le kikk. La forme autant que le fond de ce magazine dont le lancement est prévu pour le mois de mai s’annoncent plus que prometteurs : «  s’intéresser à toutes les histoires sur les arts, sciences, humains, technologies, l’innovation et le cosmos, ouvrir une fenêtre sur un monde post-contemporain en pleine mutation… embrasser ce qui bâtit à la fois notre sens commun et nos particularités sensibles. »  Gratuit, ce semestriel bilingue (français-anglais) dont le « numéro zéro » s’articule, premier jalon de réflexion, autour de la notion de territoires, se distingue déjà des autres publications de même inspiration par l’amplitude des sujets abordés et un traitement faisant le pari – chose rare – de travailler l’ultra-contemporain par l'intime en intégrant des récits de vie. Ici encore, c'est une manière de décloisonner les genres et les disciplines, un séjour en terrain poétique, mise en avant du sensible lequel n'est pas sans effet mobilisateur sur la pensée. Notons que la rédactrice en chef de King Kong, Flora Six (kikk), compte parmi ces femmes qui, à l’instar de Kat Closon, Véronique Dethier, Marine Delhaye,Nathalie Van Goey au TRAKK ou encore Marie du Chastel pour le kikk investissent en nombre croissant le champ de l’informatique et des nouvelles technologies. Dans ce début de féminisation qui touche aujourd’hui les métiers du numérique, on constate le rôle essentiel que jouent des tiers-lieux tels que les fablabs  qui, pour être toujours aussi inspirants et attractifs, intègrent la diversité et la coopération dans leur mode de fonctionnement.

Catherine De Poortere



TRAKK
118 Avenue Reine Astrid
5000 Namur

Site Internet

Crédit photos Kat Closon / TRAKK

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